Ce fil est en édition sur Plume depuis le lun, 02/03/2015 - 07:30

La densité de population : une notion autant géographique que mathématique

Guillaume Caron est professeur de mathématiques au collège Vadez de Calais. En classe de 6ème, il profite avec des collègues d'autres disciplines d'un module de deux heures pour effectuer différentes sortes de travaux. Lors de ce créneau, deux classes sont alignées avec quatre enseignants, deux professeurs de mathématiques, un professeur de français et un professeur d'histoire-géographie éducation civique pour encadrer les élèves. Des conditions idéales pour croiser les disciplines.

Certaines notions se prêtent parfaitement à des activités interdisciplinaires. La densité de population est un bon exemple. Les mathématiques au service de la géographie ou la géographie au service des mathématiques.

Pour préparer le travail réalisé durant ces séances, un dialogue s'installe entre enseignants de différentes matières. La co-intervention le favorise davantage que les heures cloisonnées habituelles. C'est ainsi que nous avons trouvé le point de convergence que représente la notion de densité de population.

Tout commence par une question ouverte

Le travail a débuté par une réflexion « ouverte » autour d'une question : « Qu'est ce qu'un pays fortement peuplé ? ».

Les élèves ont ensuite planché sur sept pays aux caractéristiques diverses. Il s'agissait de calculer la densité, la superficie ou le nombre d'habitants selon les données proposées. Sur le plan mathématique, la notion de proportionnalité est au cœur de ce travail.

Le professeur d'histoire-géographie nous ayant indiqué lors de la préparation que la notion de densité a parfois du mal à être perçue par les élèves, nous leur avons alors proposé d'associer systématiquement un pictogramme représentant un kilomètre carré contenant des silhouettes représentant les habitants.

Une fois ce premier travail terminé, nous avons proposé aux élèves de travailler en groupe sur des documents. L'objectif étant de rédiger un petit paragraphe permettant d'expliquer pourquoi dans tel ou tel pays la densité de population était plus ou moins importante.
A partir de photos ou de textes, les élèves ont du repérer les informations et les mettre en relation pour argumenter.
Deux documents permettaient également d'observer qu'une densité de population pouvait également cacher de grandes disparités sur le territoire. Une nouvelle fois, la géographie et les mathématiques s'imbriquent. Dans ce cas précis, la densité apparaît comme une « moyenne » avec toutes les limites mises en lumière par les documents.

Au service l'un de l'autre 

Cet exemple de travail interdisciplinaire montre qu'il existe des ponts presque naturels entre les disciplines. Nous nous sommes aperçu en menant cette activité que des points de blocage pouvaient exister chez les élèves soit par rapport à l'approche « mathématique », soit par rapport à l'approche « géographique ». Réunir les deux donne du sens et multiplie les chances de toucher un maximum d'élèves.
Travailler en interdisciplinarité ne fait pas perdre de l'importance ou de la noblesse aux disciplines. Bien au contraire, ça les nourrit. Dans notre exemple, des élèves ont mieux appréhender la notion de proportionnalité en mathématiques parce qu'ils arrivent à bien comprendre ce qu'était une densité de population. L'approche géographique permet à ces élèves de progresser vers la notion mathématique plus abstraite. A l'inverse, d'autres ont clairement mieux compris ce que représentait une densité de population parce qu'ils maîtrisaient la proportionnalité et ont fait le lien grâce aux pictogrammes.
On peut également supposer que certains ne maîtrisant aucune des deux approches aient progressé équitablement sur les deux.

La rédaction des paragraphes à partir des documents a, par ailleurs, permis au professeur de français  de réaliser un travail d'écriture en argumentant sur des phénomènes géographiques.

La co-intervention entre enseignants de différentes disciplines est riche. Cette richesse débute tout d'abord dans le travail en amont. Se mettre autour d'une table pour préparer concrètement une séquence de travail permet de mieux comprendre les attentes de chacun mais aussi de trouver des points de convergences entre les programmes.
Au delà de cette préparation, être ensemble dans la salle avec les élèves permet réellement de comprendre les enjeux propres aux disciplines et les moyens de le lier. En effet, c'est face aux blocages réels des élèves, à leurs questions que nous comprenons davantage les processus d'apprentissages.