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Rebonds 2

• Un  point a été évoqué dans votre document de lancement, mais peut-être un peu vite évacué comme évident (et cela serait à mon avis un des pièges à éviter): le dossier devrait aider à distinguer les disciplines au sens universitaire ou même épistémologique du terme et ce que j’appelle les « matières scolaires » telles qu’elles sont nommées et définies par les textes officiels de l’école : programmes, cases de l’emploi du temps, épreuves d’examens. La  relativité de la définition des matières scolaires, selon les époques et les systèmes, la perméabilité des frontières ne sont pas assez prise en compte par les enseignants, qui croient que ce qui est, est de toute éternité.- Par exemple, que la géologie passe de la géographie aux SVT, ou inversement, selon les périodes (il n’y a pas si longtemps le cours de mathématiques comportait l’étude de notions astronomiques ou physiques).- Mais aussi que des ensembles qui constituent au niveau de la « science » des disciplines différentes sont rassemblés dans un seul intitulé scolaire (par exemple SES !).- Et en même temps que des disciplines universitaires ou scientifiques travaillent ensemble, souvent au niveau de la recherche ou de pratiques de haut niveau (médecine, industrie).- Et aussi, enfin, que ces délimitations scolaires sont très tôt (dès l’entrée à l’école) implantés dans les esprits des enfants, qui diront assez vite au prof de maths qui prétend leur faire formuler sous forme d’une phrase leur réponse : « on n’est pas en français »

Bien entendu, cela ne peut prendre beaucoup de place dans le dossier, mais il me semble important de le pointer, et aussi d’être à l’affut des implicites dans les articles à ce sujet : quand un enseignant parle d’une discipline, parle-t-il de celle de la formation universitaire qu’il a reçue, ou de la matière scolaire qu’il enseigne ?

Vous avez pensé à aller chercher du côté des enseignants qui seraient « interdisciplinaires » à eux tout seuls : les profs d’école, les profs bivalents de LP ont été cités.Je pense qu’il faut démêler l’implicite : ces enseignants (comme les profs d’histoire-et-géographie, comme les profs de sciences physiques-et-chimiques, comme les profs de sciences -et-vie de la terre, sans parler des enseignants qui assurent en lycée les cours de « sciences et techniques du management et de la gestion », et beaucoup d’autres...), ces profs donc, ont très souvent reçu une formation universitaire centrée sur un seul des domaines de savoirs universitaires sous-entendus dans la dénomination de leur titre d’enseignant, avec des compléments (pour le concours) ; même s’ils ont eu une vraie formation dans deux disciplines, ils ont aussi généralement une préférence personnelle. Nous savons tous que les enseignants d’HG sont souvent surtout historiens, et quelquefois surtout géographes, que ceux de SPC sont plus « physiciens » ou « plus chimistes » etc...

Je ne crois pas que la multivalence (pour les profs d’école) ou la bi ou tri valence de la matière scolaire qu’ils enseignent efface leur « tendance » de base orientée sur une discipline où ils se sentent plus à l’aise. Il me semble que ce que peuvent apporter leurs témoignages dans le dossier, plus que l’avis de « spécialistes de l’interdisciplinarité », ce serait plutôt un regard sur ce qui diffère, dans leur pratique, dans les effets sur les élèves, entre les cours où il sont dans leur domaine de préférence et ceux où ils se sentent peut-être moins savants, moins formés, moins compétents : cela peut peut-être éclairer la question : « comment, pour entrer en interdisciplinarité, peut-on dépasser la difficulté de ce sentiment d’incompétence, même relative, dans « l’autre » discipline ? Est-ce plus facile avec soi-même comme partenaire ? » (Mon idée est que non..)Mais il me paraît central aussi, dans le dossier, de trouver des textes d’enseignants qui sont vraiment de formations disciplinaires distinctes, qui sont affectés sur des matières, des « cases » de l’emploi du temps différentes, et qui, pour travailler en interdisciplinarité ne peuvent pas faire semblant, ils doivent franchir le pas, sans empiéter l’un sur l’autre, sans se contenter de juxtaposer leurs deux approches, ils doivent faire alliance en surmontant les obstacles. Cette difficulté existe aussi certes, quand un même enseignant de LP en lettres-histoire, ou un prof d’école, veut faire de l’interdisciplinarité avec lui-même, mais il peut alors se dissimuler les problèmes, et faire comme si sa seule double présence les résolvait. Je crois plus parlant, plus probant d’étudier les obstacles, les conditions favorables, etc., dans le cas de deux enseignants différents.

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