Ami lecteur de ce dossier, peux-tu me dire :

  • si ce dossier te parait opportun, alors que ce nouvel enseignement souhaité par l'ancien ministre est encore dans les cartons du Conseil supérieur des programmes ?
  • si le dossier te parait utile, selon ton propre contexte professionnel ? Oui ou non, pourquoi ? Les articles présentant des exemples de pratiques avec les élèves sont-ils trop précis, trop contextualisés, ou aux contraire trop généraux ? Lesquels, par exemple ? Nous ne sommes bien sûr pas en mesure de proposer des situations pour chaque niveau, chaque discipline, chaque cas particulier de établissement : est-il tout de même intéressant de voir ce que font les autres ?
  • Si tu as lu les articles mis en ligne sur le site ? Le choix est toujours délicat. Est-ce que ça ne fait pas trop à lire ? Est ce que ces articles sont intéressants à lire isolément du reste du dossier ? Est-ce que leur écriture est bien adaptée à une consultation en ligne ?

Merci de chaque réponse !

Rebonds 4

Je ne réponds pas tout à fait aux questions du rédacteur en chef. Mais il y avait longtemps que je n’avais pas lu un dossier des Cahiers en entier. J’ai dégusté ce numéro qui s’adresse aux profs et autres adultes de l’Éducation nationale, mais qui pourrait être lu par des parents ou des éducateurs avec beaucoup de profit aussi. J’ai eu envie de partager avec vous ce qui m’a laissé trace, sans expliciter toujours pourquoi, sans chercher à être exhaustive, sans réécriture très exigeante. Juste pour dire aux auteurs que je les ai lus et que j’ai apprécié de le faire. Et aux futurs lecteurs, pour leur donner envie s’ils se risquent ici.

Céline Walkowiak a très bien  déplié son Et chez toi en article : Aurélien et ses deux mères. Les mot-clés, vocabulaire, très utile. Les conceptions philosophiques de la morale : conséquentialistes, déontologiques et éthiques de la vertu. Éclairant. JP Obin, à la recherche du commun. Réflexion éthique et politique. Hauteur de vue. Une réflexion sur l’éthique chez les animateurs actuellement recrutés de l’éducation populaire. Le jugement moral, une affaire d’émotion : eh oui, les fameuses valeurs pour lesquelles on se battrait. Ce qui est vraiment important pour toi. Ce qui fonde le collectif quand on en discute et qui du coup fonde la confiance au-delà des différences de façons de faire. F. Lorcerie : une morale laïque, pourquoi pas ? Intéressant sur la laïcité, les droits : « pour les majoritaires, on ne parle pas de différence ».

La deuxième partie, plus axée sur l’école, les pratiques pédagogiques, le cadre (protecteur) selon Bruno Robbes, excellent aussi. J’ai regretté de n’avoir pas lu ça plus tôt, et si un tel numéro avait existé dans les années 70, ça m’aurait évité bien des errances. Nicole Bouin, joli témoignage. Et d’autres profs. E. Clavier sur la danse. Élisabeth Bussienne et Michel Tozzi sur la formation  à cette nouvelle « discipline ». Et grand coup de chapeau pour le dossier puisqu’ils en sont les coordonnateurs.

Dans la 3e partie — L’histoire de Gygès : si j’étais invisible, et la réflexion qu’elle engage. H Eveleigh : les questions morales en littérature. P Bride, la morale de l’histoire. Base, la photo de lynchage. Je pense au travail que j’ai fait en IDD avec une prof d’anglais sur le gospel. Billie Holliday, Strange Fruit. Et je me retrouve dans le « faites ce que je dis, pas ce que je fais », regret de n’avoir pas ainsi travaillé en classe. Car, quel que soit le travail qu’on ait fait, quand on prend du recul, des choses vous sautent aux yeux. D’où l’intérêt de ne pas toujours faire qu’enseigner. Vive les années sabbatiques, les détours par l’entreprise, les congés formation, les missions de tous poils, pour le plaisir de retrouver des classes avec un peu plus de culture sociale et d’expérience humaine. Malgré la difficulté de les retrouver, ces ados dérangeants.

Partie 4 – Organiser un débat entre élèves ne s’improvise pas plus que les autres séquences. (M Tonolo) Éviter toute dérive comportementaliste. Ne pas limiter l’apprentissage du jugement à un raisonnement logique, faire place à l’affect dans la formation du jugement moral. (C Roux-Lafay.) J’aime beaucoup la retranscription des paroles d’élèves dans un débat. Le déroulement donne ainsi à voir toute la différence avec le discours moralisateur auquel un tel sujet (les différences) donne trop souvent lieu. (M. Tozzi) Et S. Connac, qui nous montre les difficultés, l’absence de réaction parfois des élèves, les doutes de l’enseignant devant le peu de doutes des élèves. Comment les faire entrer davantage dans un réel questionnement ? Du témoignage de JC Mori sur l’instruction morale en Alsace-Moselle, je retiendrai le plaisir de l’enseignante à faire vivre la morale chez ses élèves plutôt qu’à en faire une matière. Et cet aphorisme d’enfant à propos de la mort : « on est sous la terre et plus dessus. » Une petite différence qui remet l’humain à sa place ? C Nayrolles nous fait partager les questions morales qui surgissent sans arrêt dans le quotidien de la classe. Comme F Vajas, qui utilise pour les travailler des dispositifs coopératifs. Richard Étienne relit l’ensemble pour le relier au slogan du CRAP : changer l’école pour changer la société, changer la société pour changer l’école. Morale et politique, sujet d’actualité ?

Et sur le site, encore plein de bonnes choses, comme partager le gâteau d’anniversaire. Un article à déguster avec gourmandise !

Si j’avais pu lire ce numéro quand j’étais jeune prof, j’aurais gagné bien du temps et de l’énergie. J’espère que ce sera le cas pour d’autres. Merci à vous tous ! Et bonne lecture aux autres.

Ce qu'écrit Sylvie Floc'hlay  montre bien la diversité des approches dans ce dossier. Or c'est cela qui sera important, je crois, quand cet enseignement se mettra en place : autour de quelques axes forts, se permettre une variété d'entrées, en fonction du vécu des classes et des établissements, des besoins des élèves, des acteurs concernés chez les enseignants / éducateurs. Etre assez outillé, aussi, pour avoir toute une palette d'entrées à sa disposition... (éventuellement en jouant sur les ressources de l'équipe, au moins dans le second degré.)

Mais je sens que je m'éloigne du fil tel que l'a créé le rédacteur en chef...

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