Un exemple de discussion après les événements de janvier (Michel Tozzi).
Il prend en compte à la fois le dispositif (exemple ici de la discussion à visée démocratique et philosophique – DVDP -, dispositif éduquant en lui-même à la laïcité, confrontation réglée entre des points de vue différents) et le sujet abordé.
Collège Georges Brassens, ZEP de Narbonne.
Atelier philo du jeudi 22 janvier sur le thème de la liberté d’expression suite aux attentats commis à Charlie hebdo  et dans l’hypermarché casher
Animation : M. Tozzi   -  Compte rendu : Gaëlle André-Acquier, documentaliste. 
Groupe composé  de 18 élèves de 11 à 14 ans de toutes origines socio-culturelles.
- A la demande de l’animateur, rappel précis des faits par différents élèves.
- Echanges :
Paradoxe posé : ceux qui ont tué sont des musulmans, mais dans l’Islam, on ne tue pas. Un terroriste n’a pas de religion. Les Djihadistes se disent musulmans mais ce n’est pas le cas. Devant les dessins le prophète aurait souri, il n’aurait rien dit.
« Même si l’autre n’est pas notre frère de religion, c’est notre frère d’humanité… »
Chacun s’accorde à dire qu’il est injuste de tuer quelqu’un parce qu’on n’est pas d’accord. Que faire alors quand on n’est pas d’accord ? Ne pas réagir, laisser passer, parler, dire pourquoi ça a blessé la personne… La vengeance ne débouche sur rien.
Le message commun de toutes les religions est de s’aimer les uns les autres. Certaines personnes s’en réclament, mais n’appliquent pas les préceptes. Certains font le parallèle entre les djihadistes et les croisades chrétiennes. Le pape aujourd’hui ne serait pas d’accord avec la croisade, et pourtant les croisades ont été faites malgré le message du Christ.
On a l’impression d’une guerre : c’est pas la religion, c’est la guerre. Les religions ne devraient pas entraîner la guerre.
En France est-on libre par rapport à la religion ? (Question posée par M.Tozzi)
Oui car la France est un pays libre. La laïcité c’est la liberté d’avoir une religion ou pas. Les Djihadistes  créent des divisions dans la société française et veulent mettre à bas le principe de   laïcité.
La question des limites à la liberté d’expression
On est libre de s’exprimer et de dessiner, mais il faut veiller à ne pas offenser quelqu’un. Les musulmans se sont sentis blessés. Je n’ai pas le droit de me moquer de la religion de quelqu’un. C’est aussi grave qu’insulter ton père ou ta mère.
D’autres élèves expliquent que les dessins de Charlie Hebdo ne s’attaquaient pas aux musulmans eux-mêmes, mais à ceux qui ont une mauvaise interprétation de l’Islam comme les terroristes. Ne pas oublier que le journal se dit « irresponsable » et use de l’humour et de la satire pour faire passer des idées anti-racistes.
Mais quand même, dit une élève, ils sont morts  pour un dessin, un dessin !
Interprétation du slogan « je suis Charlie » ? Comment le comprenez-vous ?
Message de compassion et de soutien aux victimes et aux proches.
Message pour défendre la liberté d’expression.
Message contre le djihadisme et contre le racisme (« Je suis Charlie, je suis musulman, je suis juif…) ».
La diversité des pancartes indiquait que nous sommes tous égaux.
Au fil de la discussion, apparaît le problème de la diffusion d’information par les médias qui manipulent l’info. La Palestine, la Syrie sont des pays qui meurent, les media ne les mettent pas en avant. Il faut garder son esprit critique. Attention aux montages d’images et aux fausses infos (Fox News, BFM 15 »).
Le problème est également posé de l’utilisation du Nous et du Vous dans la discussion, comme si deux groupes de culture différente s’affrontaient. Cela induit d’emblée un fossé, une séparation, une scission qu’il faut dépasser, sinon cela crée une communauté.
La séance se termine avec le sentiment que nous sommes tous pareils autour de la table, quelles que soient nos croyances et que nous avons été amenés à nous écouter donc à mieux nous connaître.
« Moi aujourd’hui j’ai appris que tous les français ne sont pas racistes ! ».