Petite histoire de l’intervention du Cape de Bordeaux à l’ESPE de Gironde, le 17 octobre dernier

Le Cape de Bordeaux se réunit à peu près tous les mois de l’année scolaire depuis avril 2011. La plupart des associations partenaires y figurent même si tous ne sont pas présents à chaque fois. Le secrétariat est assuré très sérieusement avec rappel des dates de réunions, comptes-rendus rédigés et précis et informations supplémentaires si nécessaires par courriel. J’y vais toujours avec plaisir parce que j’apprécie l’ambiance, les discussions, les questionnements qui portent essentiellement sur ce que nous pouvons faire face aux réalités présentes et à leurs évolutions possibles, pour faire mieux connaitre nos différentes associations et le gisement d’expériences que notre travail en commun constitue.

Le 26 juin dernier, 2 représentants du Cape ont participé à la mise en place du Conseil d’Orientation Scientifique et Pédagogique de l’ESPE, ce qui nous permet d’intervenir dans 2 des 3 commissions de travail (formation initiale et formation continue).

Le 8 septembre, nous avons eu notre réunion de rentrée où nous avons beaucoup réfléchi à notre situation actuelle par rapport à la direction de l'ESPE, au Rectorat et aux différents contacts que certains d'entre nous avaient eu avec les stagiaires entrant à l'ESPE, lors des journées d’accueil et que d'autres avaient eu avec les maires de Gironde.
Rien, à priori, ne nous laissait espérer rapidement la reconnaissance de notre capacité à intervenir dans la formation initiale et/ou continue des personnels d’éducation.
Nous en concluions néanmoins qu’il était prioritaire d’orienter l'action de notre collectif vers la relation à l'ESPE et qu’il nous fallait rester attentifs, vigilants, soudés et patients.

Marie-France Ravier, coordonnatrice de l'académie de Bordeaux

Le 22 septembre, nos délégués au COSP de l'ESPE nous préviennent par courriel que le directeur de l'ESPE propose que nous prenions en charge le contenu d'un des 7 regroupements pédagogiques des fonctionnaires Master 2, les 2ème année stagiaires. Un des 7 regroupements est en effet à la disposition du Directeur de l'ESPE.
Ces regroupements pédagogiques constituent les 50 heures de Tronc commun, le module justement intitulé « Culture commune des personnels de l'EN" et dispensé à tous les M2.
Ils sont 450 à l’ESPE de Gironde, en comptant le 1er degré, le 2nd degré et les CPE.
Le contenu à traiter  est "La connaissance de l'élève".
La journée d’intervention est le vendredi 17 octobre, veille des vacances de Toussaint.

Nous apprécions cette demande. Elle nous donne l’occasion de nous inscrire concrètement comme partenaire de la formation des personnels de l'éducation nationale au sein de l'ESPE et de nouer des relations avec cette catégorie de personnels.
Y répondre positivement va cependant nous demander une forte et rapide mobilisation et nous posons tellement de questions, par mel que le directeur de l’ESPE propose de venir nous voir lors de notre réunion de préparation pour y répondre.

Le 29 septembre, venue de Jacques Mikulovic, nouveau directeur de l’ESPE d’Aquitaine qui nous resitue les interventions que nous pourrions faire le vendredi 17 octobre.

Ces journées de tronc commun ont lieu en même temps sur les 5 sites : Agen, Bordeaux, Mont de Marsan, Pau et Périgueux.
Le programme de tronc commun a déjà été établi par les enseignants ainsi que l’évaluation qui suivra.
La première journée a déjà eu lieu et portait sur l’autorité.

Mais pour cette 2ème journée, il nous faut apporter des éléments sur la connaissance de l’élève. En M1, les stagiaires ont déjà vu la connaissance de l’enfant mais beaucoup attendent des choses immédiatement transférables dans leurs classes car la plupart ont déjà commencé à se confronter aux élèves. Pour certains, les débuts ne sont pas faciles.

La journée se déroulerait ainsi
• 9h-11h - Cours magistral fait par J. Mikulovic, en amphi.
• 11h-12 h - Présentation du Cape, des associations partenaires et des valeurs que nous partageons. l’organisation de l'après-midi, les ateliers proposés et répartition des stagiaires dans les groupes. Fait par quelques uns d’entre nous.
• 13h30-16h30 - Ateliers pris en charge par les membres du CAPE

Il y a 450 M2. Plus nous pourrons proposer d’ateliers, moins le nombre de participants sera important par atelier. Avoir 20 à 30 stagiaires par groupe serait agréable.

Mais il faut se presser. Il faut indiquer les noms des personnes qui viennent au plus tard jeudi 1er octobre pour que les enseignants en exercice aient des ordres de mission

Après le départ de J. Miculovic, nous réfléchissons rapidement à des thèmes d’ateliers pour avoir une idée des sujets à retenir et de leur nombre. Nous sommes rassurés : ils sont tous différents et traduisent la variété des champs d’action des nos associations. Et puis, on en compte déjà une quinzaine.
Nous nous reverrons le 15 octobre pour :
« - finaliser les ateliers du vendredi 17/10 après midi,
- définir le contenu de la "prise de parole du CAPE" (devant se dérouler le 17/10 matin en séance plénière et ayant pour objet de présenter le collectif, la notion "d'associations partenaires" et les ateliers de l'après midi),
- déterminer qui prendra la parole au nom du collectif.
- prendre une date de réunion pour "débriefer" et organiser la suite ».

Le 15 octobre, c’est l’avant-veille du grand jour et nous sommes dans les starter-bloks. Nous travaillons efficacement en discutant pas mal. Nous sommes contents. Il fait encore un temps magnifique sur Bordeaux.

Les titres des ateliers sont précisés pour montrer que les contenus développés sont centrés sur l’élève. Ils sont accompagnés d’une présentation succincte d’une ou deux lignes.
Une structure peut conduire le même atelier pour plusieurs groupes.
Une association peut proposer plusieurs ateliers.

Les trois personnes qui présenteront le Cape et les activités proposées l’après-midi se répartissent la parole pour faire le lien entre le cours du matin (L’école et ses partenaires) et nos interventions, expliquer ce qu’est notre collectif et son lien officiel avec l’ESPE par notre présence dans le COSP, notre histoire, les valeurs que nous défendons (l’éducation nouvelle, l’éducation populaire, la laïcité, les méthodes actives…). Et enfin, nous espérons que les stagiaires pourront les reconnaître, cet après-midi, au cours des différents ateliers que nous leur offrirons.

On réfléchit à une petite évaluation finale des ateliers par les stagiaires pour connaître leurs impressions et leurs suggestions pour une suite éventuelle. Si on arrivait aussi par quelques phrases ou expressions à évoquer les différents ateliers, on pourrait mettre le tout en ligne sur des sites consultables par les étudiants de l’ESPE.

Nous échangeons aussi sur certains points pour avoir tous une attitude cohérente, par exemple :
• Le public que nous allons avoir n’est pas celui qui s’inscrit aux stages ou aux sessions que nous organisons. Ces derniers sont déjà en recherche car s’inscrire est déjà un acte militant. Ils sont volontaires. Alors qu’après demain, nous aurons un public captif, des personnes qui n’ont souvent comme expérience de l’enseignement que quelques semaines en présence d’élèves et surtout leur propre et longue expérience d’anciens bons élèves, pour la plupart. Beaucoup ont réussi grâce ou avec presque exclusivement des cours magistraux. Nous allons leur montrer que l’on peut faire parfois ou souvent quelque chose de différent mais nous ne voulons surtout pas créer une opposition frontale entre le cours magistral et la mise des élèves en activité. D’autant plus que dans certains cas, le cours magistral est intéressant et pratique.
• C’est pourquoi, si nous déplaçons des tables pour les mettre en rond ou en U, nous les remettrons à leur place en partant !

Le vendredi 17 octobre est arrivé.
Pour trouver un amphi assez grand, il faut s’installer le matin à l’Institut Régional des Travailleurs Sociaux, au sud de Bordeaux, vers la sortie de Bayonne.
Quant aux 19 ateliers de l’après-midi, il fallait juste trouver 19 salles équipées de videoprojecteurs. Il y a donc 2 sites : ou l’ancienne Ecole Normale de Mérignac, desservie par une ligne de tram ou l’ESPE, elle-même, au bâtiment tout aussi ancien, à Cauderan. Si le quartier est un des plus chics de Bordeaux, il est très difficile de s’y garer et le tram est loin. Il reste des bus, le vélo et la marche à pied. Il doit y avoir une bonne heure de transport entre l’IRTS et l’ESPE. Certes, sous un soleil radieux, dans une atmosphère estivale et dans une excitation joyeuse de veille de vacances. Au point que nous craignons un instant que nos stagiaires s’évaporent. Mais il n’en est rien et nous travaillons tout l’après-midi.

La liste des ateliers

GROUPES
L’élève et son travail dans une activité numérique GFEN
L’élève et ses attentes GFEN
L’élève et les textes scolaires GFEN
L’élève et l’écrit à l’école GFEN
Comment préparer/retrouver l’élan naturel que porte l’enfant à vouloir apprendre
(L’élève et la coopération) ICEM 33
Comment préparer/retrouver l’élan naturel que porte l’enfant à vouloir apprendre
(L’élève et son besoin d’expression/communication) ICEM 33
Comment préparer/retrouver l’élan naturel que porte l’enfant à vouloir apprendre
(L’élève et son besoin de création) ICEM 33
L’élève dans ses apprentissages CRAP
Souffrances d’élèves : quelques outils pour les prévenir OCCE
Violences d’écoles : connaître et reconnaître la parole de l’élève OCCE
L’élève décrocheur : identification, prévention AROEVEN
L’élève entre l’école et la famille AROEVEN
Genres et construction de l’identité Planning Familial
La relation fille-garçon dans la classe et dans l’établissement CEMEA
L’élève et son rapport à la règle CEMEA
L’élève et son environnement éducatif FRANCAS
L’élève citoyen Ligue de l’Enseignement
Prendre en compte les rythmes biologiques et cognitifs des élèves Ligue de l’Enseignement
De la diversité à la culture commune : la citoyenneté en partage PEP

16h30 arrive. Si nos stagiaires ont l’air content, nous aussi, nous le sommes en nous retrouvant au bas des marches.
Nous en reparlerons, à la rentrée, le mercredi 4 novembre.

Le 4 novembre, nous sommes à même de faire le bilan de la journée du 17 et de préparer les conclusions que nous allons transmettre au directeur de l’ESPE.

A notre connaissance, il n’y a pas encore eu d’initiatives de ce type dans les autres ESPÉ.

Ce sont finalement 330 stagiaires qui se sont présentés sur les 2 sites pour les ateliers de l’après-midi.
C’est une participation importante, au vu de l’effectif du matin (en amphi) malgré les difficultés posées en début d’après midi par la tenue d’AG qui ont modifié le programme de certains des stagiaires.

La diversité des propositions a été appréciée, le désir de participer à plusieurs des ateliers proposés a été relevé.

Un sentiment général de satisfaction a été exprimé par les participants : contenus nouveaux, démarches participatives, espaces permettant une liberté de parole.

Les thèmes proposés ne se limitaient pas à la relation enseignant-élève-discipline et le public présent, notamment les professeurs stagiaires du 2e degré nous a paru ouvert à ces problématiques dépassant le strict cadre scolaire (élève citoyen environnement éducatif).

Le mélange des niveaux d’exercice a constitué un élément positif, même s’il existe des demandes de mise en œuvre d’ateliers spécifiques pour le 1e ou le 2e degré.

Les stagiaires ont apprécié ce temps de travail perçu comme différent des temps institutionnels constituant leur formation, notamment par les « mises en en situation actives », par le dialogue avec des intervenants n’entrant pas dans la hiérarchie de l’institution (« regards de terrain ») et par la possibilité d’échanges concernant leurs situations d’enseignants.

L’importance du décentrage par rapport au programme académique de formation a été souligné, ouvrant sur d’autres perspectives éducatives, sur la connaissance d’autres ressources.

Beaucoup cherchent des réponses sur le « comment faire » et sur la mise en cohérence entre engagements personnels et pratiques professionnelles; même si pour certains des participants, les notions abordées lors des ateliers paraissent éloignées des conditions d’exercice de première année.

Ainsi, la demande d’outillage pédagogique, de création d’espaces et de temps d’échanges des pratiques est exprimée, afin de renforcer les pratiques professionnelles, mais aussi pour aller au delà et travailler la « Culture de co éducation ».

En conclusion, les appréciations des stagiaires et de nous-mêmes, animateurs, traduisent une envie de poursuivre sur les thématiques ouvertes.

L’ensemble de l’offre faite par les associations recouvre un grand nombre de préoccupations évoquées, elle s’intègre tout naturellement dans le cadre de ce que doit proposer l’ESPÉ.

Cette démarche est à renouveler, à amplifier, en organisant par exemple plusieurs séquences d’ateliers dans l’année de formation M2, en organisant des premières interventions durant l’année de M1.

C’est ce que nous allons transmettre à nos partenaires de l’ESPE et du Rectorat.