Rebond 1

Jeudi, en EMC :"Madame, on peut vraiment avoir nos arguments ou bien il faut écrire ce que vous voulez qu'on pense?"

 

Qu'en 2nde, un élève ne puisse pas imaginer qu'il peut dire ce qu'il veut, que l'argumentation et sa qualité seules peuvent être évaluer, qu'on ne va pas juger ce qu'il croit cela fait des années que je l'entends, le vois dans leurs attitudes et ça me désole !!! Et on s'étonne que les enfants français manquent de confiance en eux ? Ils nous voient comme des juges implacables, qui n'évaluons pas mais pesons leurs idées comme Anubis !  gros besoin de reboot de nos méthodes, positivons, explicitons nos critères d'évaluation, rendons confiance aux enfants !

C'est en effet terrible. Aujourd'hui enseignante, je suis passée par là quand j'étais élève. En effet, les mentalités doivent changer pour que les enfants aient confiance en eux, en leur parole, et aussi en la mise en jeu, en questionnement de leur parole. Si "je pense donc je suis" il faut aussi apprécier que ce" je" soit en évolution, et être convaincu qu'être contredit n'est pas être détruit. Pour que les élèves aient confiance en leur parole et en leur flexibilité il est indispensable que les enseignants aient eux aussi confiance en leur propre parole, aient des convictions et acceptent d'être contredits. Qu'ils osent ! Nous sommes cadres de la fonction publique, nous n'avons pas sorti notre certification d'un chapeau ; osons, essayons-nous sur des sentiers méconnus ! J'ai le souvenir d'un exercice terriblement exaltant pratiqué en philo il y a bien longtemps quand j'étais alors en terminale. Le prof avait eu l'idée de nous faire discuter autour d'un sujet qui n'engage pas d'opinion réaliste : "Pour ou contre les mains". Et bien ce fut un réel succès. C'est une façon d'apprendre à ce décentrer, à argumenter sans véritablement mettre en jeu son "je", simplement sa voix et c'est déjà beaucoup pour les timides ou les oubliés du dernier rang. C'est un premier pas dans la prise de position, dans la formulation d'une idée, aussi saugrenue soit-elle. Oui, nos élèves, ces citoyens qui feront le monde demain, doivent prendre confiance en leur propre parole si l'on eut qu'enfin ce monde change. Et ce n'est pas peut dire en ce 18 novembre 2015. Oui, il doivent avoir confiance en notre respect de leur parole mais aussi confiance en notre contradiction. Une contradiction intelligente, qui s'efforce d'être constructive et non castratrice, ce peut être répondre par une question à un argument par exemple. 

Dans ma classe, dès l'âge de 4 ans nous pratiquons des conversations philosophiques. Et je ne cherche jamais à fournir de réponse mais bien à rebondir par d'autres questions qui permettront à chacun de construire sa réponse. 

Le monde peut changer, aidons-le. 

https://permaeducation.wordpress.com/2015/03/29/le-pourquoi/

Morgane Frébault Directrice d'école et Fondatrice du mouvement PERMAéducation, le 18 Novembre 2015 à 16:13

Merci Morgane,

 

oui, surtout en ce moment, la confiance, la liberté de parole doivent être rappelées comme des objectifs essentiels dans nos classes

Emilie Kochert professeur dans l'académie de Versailles, le 18 Novembre 2015 à 21:04
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