Corriger au lycée

Quitter la salle des profs trop bruyante, fuir ses bruissements, échapper à toutes ses sollicitations. Trouver le petit bureau, toujours le même, dans la salle vitrée, destiné aux corrections. M’asseoir sur le fauteuil, toujours le même, le noir. Régler la hauteur du fauteuil, penser ergonomie et confort pour cet exercice d’endurance. Ouvrir le cartable, en sortir le dossier, aujourd’hui c’est le rose, celui des secondes. Avant de l’ouvrir, trouver la trousse, la rouge, celle des stylos. Ouvrir, lentement, le dossier à soufflet. Comme toujours, utiliser le stylo violet, celui qui ne sert qu’à corriger. Prendre enfin le paquet, le soupeser, l’évaluer du regard en volume. Calculer comme toujours, le temps nécessaire à l’évaluation de ce paquet de copies, penser qu’il faudra donc terminer ce soir. Eteindre le portable, retirer la montre. Ritualiser chaque geste pour s’isoler loin des rumeurs du monde en dialogue silencieux avec les élèves.
Lire enfin, la première copie, annoter, corriger. Relire ce qui a été écrit plus haut, aller plus bas, gymnastique oculaire. Écrire la note au crayon de papier pour éventuellement la réviser, rédiger l’appréciation générale. La repenser pour mieux la positiver. Deuxième copie. Soupirer devant l’écriture difficilement lisible, relire, encore, relire en s’approchant de la copie pour mieux déchiffrer. Plisser les yeux le nez dessus. Ne pas se laisser tenter à aller plus vite face à cette souffrance visuelle et réflexive. Entourer des notions mal utilisées. Souligner les fautes d’orthographe. Pester à cause de l’encre qui s’épuise. Changer la cartouche du stylo. Annoter dans la marge à l’encre violette. Conseiller des méthodes pour progresser, encourager. Troisième copie, mécaniser les gestes toujours les mêmes. Quatrième copie, être dérangée par un collègue pour discuter de l’élève X. Se lever pour lui parler. Ne pas penser aux minutes supplémentaires volées au sommeil ce soir. Penser qu’il est important d’échanger. Balancer entre deux nécessités. Parvenir à s’extraire de nouveau du monde après son départ. Cinquième copie, souffrir déjà de la crampe de l’écrivain. Délier son poignet gauche, détendre son épaule, se lever pour s’étirer. Se rasseoir, rapprocher le fauteuil de la table.

Sonnerie. Ranger en vitesse tout dans le cartable. Grimper précipitamment quatre étages. Découvrir l’absence de montre au poignet.

Rebond 1

Je n'arrive pas à modifier la fin correctement, j'attends vos suggestions. Ainsi que pour tout le reste du texte, je n'en suis pas satisfaite.

que veux-tu faire? limiter les espaces de fin de ligne? mettre à différents niveaux?

Roseline Ndiaye Présidente du CRAP-CahiersPédagogiques, Enseignante, SVT, Paris, le 8 Mars 2015 à 21:54

ou veux-tu nos conseils pour remettre ton texte?

 

Roseline Ndiaye Présidente du CRAP-CahiersPédagogiques, Enseignante, SVT, Paris, le 8 Mars 2015 à 21:55

Non, Roselyne, la forme, ici ce n'est pas vraiment un problème, ce qui me gêne c'est que la chute a l'air complètement plate. Elle est plus courte, mais a l'air plaquée, artificielle...

Emilie Kochert professeur dans l'académie de Versailles, le 8 Mars 2015 à 22:27
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