La première prise de contact...faire les présentations...faire connaissance....expliciter les règles de vie...Le premier oral...et comme professeur principal...Le 2 septembre 2013, sur le site des Cahiers pédagogiques, plusieurs auteurs avaient témoigné du point fort de leur rentrée.

Voici leurs témoignages:

• 1. Que faire la première heure ? , 4 septembre 2013, 11:45, par chantal dulibine, lycée claude monet , Paris 13e
(je suis professeur de français mais jamais PP)
voilà mon schéma en gros (et à variantes)
la Première séance en classe (en lycée) je poursuis 3 ou 4 objectifs :

  • instituer les personnes / et le groupe : j’ai demandé à la séance d’accueil via le prof principal) à chacun de préparer deux phrases consécutives tirées d’un texte littéraire qui lui a plu jadis, et au choix de le lire à la classe ou de le faire lire par autrui (un camarade ou moi) ; puis je collecte et range ces premières salves dans un classeur de la classe qui sera stocké au cdi et qui engrangera d’autres productions dans l’année (ex : l’an dernier des recherches de tous ordres sur la MAIN (tableaux, sculptures, textes +photos personnelles commentées) ; puis je fais remplir une fiche (pr "scolariser" le cadre, mais avec des questions personnelles, et aussi pr recenser les oeuvres déjà connues et pouvoir choisir du neuf pour eux)
  • faire des promesses : -je ne m’ennuierai pas une minute / le français est une matière géniale par son éclectisme et sa créativité / la notion de "don" est absurde, etc
  • expliciter les attentes de l’institution : le programme et les types de travaux ; l’organisation du classeur
  •  mettre en place un des grandes gymnastiques intellectuelles de cette discipline : OBSERVER / INTERPRETER ; on s’y colle illico avec des dessins de Cardon, Gourmelin ou Plantu (pour montrer aussi le rôle de la culture et de l’instruction dans le décryptage de tout document)

ET JE DONNE UN EXERCICE ECRIT A FAIRE POUR LA SÉANCE SUIVANTE (ex : comparer des textes ou des images sur le même thème, pour montrer des variations langagières) / et je termine par un petit poème à trous d’Apollinaire que j’écris au tableau intitulé "Adieu" .. J’ai cueilli ce brin de bruyère / L’automne est morte, souviens t’en / Odeur du temps brin de bruyère / Et souviens toi que je t’attends)

NB-parfois ça peut être d’emblée une séance interdisciplinaire sur la prise de notes : à partir de l’oral (historique du mot et du concept de "travail" !!) et de l’écrit

• 2. Que faire la première heure ? , 4 septembre 2013, 16:33, par Florence Castincaud

Bonjour,
un exercice pour la rentrée (collège ZEP, 6e) ou les premiers jours, inspiré par l’exemple de bien d’autres.
Pour prendre le taureau par les cornes et que le travail en groupes soit commode malgré le découpage de l’emploi du temps en salles et en heures, j’ai lancé mardi en 6e, après quelques mots d’accueil, le déplacement des tables. J’ai demandé d’abord à deux tables (disposées classiquement) de se réunir pour se mettre en groupe de 4 avec pour défi de faire le moins de bruit possible en bougeant les tables (ccrrrrrr) et les chaises ( cling cling) ; puis je leur demande leur avis sur ce qu’ils viennent de faire, et l’avis de la classe. C’était pas mal, en 50 secondes. Deuxième groupe, invité à faire mieux encore : moins de bruit, et 45 secondes. On essaie ensuite avec plusieurs groupes le faisant en même temps. Autour de 50 secondes et avec peu de bruit, ça marche. Fin de matinée, remise des tables en position classique, mêmes consignes. Je leur demande : une "heure" de cours, au collège, ça dure combien de temps à votre avis ? On regarde les horaires, on envisage les déplacements entre deux salles...Il reste, euh... 50 minutes ? Bref, on doit pouvoir entrer et se mettre en situation "groupes" le plus rapidement possible.
Je retrouve la classe encore l’après-midi en ce jour de rentrée, on refait l’exercice, ça marche.
Il faut juste durer comme ça jusqu’en juin.
Et, bien sûr, que la mise en groupe serve à mieux apprendre.

Et pour vous, c'est comment la première heure avec vos collègues, avec les élèves? Une fois franchi ce cap rituel et fondateur de l'année à venir, la deuxième et la troisième heure qui initient le voyage au long cours: racontez-nous...

Rebonds 8

C'est parfois difficile, en fonction du temps disponible pendant ce premier contact, et du statut qu'on a pour la classe (prof principal ou pas, prof qu'on verra beaucoup ou pas), de choisir si on va insister sur les aspects "administratifs" ou si on peut les évacuer très vite. Pour ma part, après avoir fouillé un peu le web et y avoir trouvé des pépites, j'aime bien commencer par des jeux de présentation. Par exemple ce jeu répétitif : un premier élève annonce son prénom et un renseignement quelconque le concernant. Le deuxième fait de même et répète ce qu'a dit le premier, et ainsi de suite. Un peu stressant pour ceux qui s'aperçoivent qu'ils sont en fin de parcours mais assez amusant à faire (je ne suis pas sadique, je remets le compteur à zéro de temps en temps). A la fin, j'en profite pour leur faire prendre conscience des différentes stratégies de mémorisation qu'ils ont utilisées. Moi qui ai beaucoup de mal à retenir les prénoms, ça m'aide bien aussi !

Il y a toujours cette incohérence entre notre désir de ne pas démarrer trop brutalement les apprentissages, le temps de faire un peu connaissance, et le rejet de la sempiternelle fiche. Et puis faire connaissance en leur demandant quoi ? 

Comme beaucoup j'ai fait remplir cette fiche. Dont je ne faisais rien. Intrusive (A quoi me sert de connaitre son adresse et la profession des parents, sinon pour lui coller une étiquette "fils d'ouvrier" / "peu cultivé") 

Depuis, les rares fois où je leur donne une fiche à remplir, elle est vierge. Ne subsiste que le nom et un appel du type "y a t'il quelque chose que tu juges utile que je sache ? Qu'aurais tu envie de dire ?" Les élèves peuvent ne pas répondre. Certains parlent de leur rapport avec ma matière, ou de leur soucis de santé, ou du divorce de leurs parents..  

Je suis en langues vivantes. J'aime aussi leur parler de moi, en fait ! Je leur raconte ma vie, mon métier, en ne faisant volontairement aucun effort de prononciation ou de rythme. Puis je vois ce qu'ils ont compris. Et si un d'entre eux veut ensuite faire comme moi, libre à lui.

J'ai ainsi testé un peu leur compétence de compréhension orale, et on a fait connaissance...

En maternelle, il s'agit surtout de laisser aux élèves le temps de découvrir la classe. Naturellement, il s'orientent vers les différents coins jeux qu'ils affectionnent. (Garage, cuisine, etc.)

Ensuite il faut aider les parents à partir en finissant de consoler leurs enfants à leur place, ce qui n'est pas du tout facile mais peut être facilité par le jeu: il faut les distraire.

Vous semble-t-il possible dans le secondaire de préparer de la même façon divers petits jeux/diverses petites occupations très simples pour prendre le temps d'observer vos élèves / prendre un temps individuel avec certains d'entre eux? (C'est peut-être une question idiote, j'imaginais des élèves jouer au Qui suis-je en anglais, par 2, ou bien un jeu de l'oie SVT avec questions mitose/méïose...)

Quelque chose que j'ai fait il y a très longtemps, à l'époque où on travaillait en équipe. On était donc plusieurs profs pour faire cette séance, longue (3h je pense), où on faisait à la fois l'accueil administratif, et l'explication de la façon de travailler de l'équipe. (Mais à mon avis cela peut se faire à un seul prof, il faut juste un peu de temps.

Pour ne pas être toujours, nous, en train de parler, on faisait ceci : les élèves par groupes de 3 ou 4  ; chaque groupe devait réaliser, sous une forme assez libre, une affiche qui présentait les membres du groupe ( obligatoire : nom-prénom, facultatif, tout le reste : loisirs, gouts, qualités et défauts, infos sur leur famille, etc... ce qu'ils trouvaient important de faire savoir à ceux avec qui ils allaient travailler un an) (on fournissait du papier de paperboard) . On mettait les affiches au mur et on laissait un moment pour qu'ils se déplacent pour les voir. On les laissait ensuite quelque temps au mur ( on avait une salle pour cette classe).

J'ai aussi quelque part (mais où?) un joli texte de Yannick Mevel où il explique que lors de cette première séance, ce n'est pas lui qui pose des questions aux élèves, c'est eux qui préparent des questions (sur tout ce qu'ils veulent savoir..) et lui qui répond. Ils posent une question chacun son tour, il répond (sans en dire trop à chaque fois) puis on recommence, etc. Ca s'épuise...Le dernier qui a encore une question à poser  a gagné (quoi , je ne sais plus). En tout cas, Yannick dit qu'ainsi il entend ses élèves s'exprimer, il voit leurs inquiétudes et il a dit tout ce qu'il avait l'intention de leur faire passer...Et c'est pas compliqué à préparer ! Yannick, tu ne sais pas le retrouver, ton texte ?

Françoise Colsaet enseignante, le 5 Septembre 2014 à 15:52

C'est souvent ce que l'on fait, mais pas toujours à la première séance. Depuis quelques années, je fais prévaloir à la première séance l'organisation du travail: organisation du classeur, organisation de la classe. Mais c'est vrai que j'aimerai oser faire un jeu ou ils se découvrent les uns les autres et où je les regarde faire, comme une petite souris.

Roseline Ndiaye Présidente du CRAP-CahiersPédagogiques, Enseignante, SVT, Paris, le 5 Septembre 2014 à 18:23

Merci pour vos réponses. Effectivement l'organisation est importante, mais c'est vrai que c'est intéressant d'avoir quelques variantes pour changer un peu de l'éternel orga classeur/fiche de présentation. Je garde dans un coin l'idée des affiches et des questions!

Julien Paitel Professeur à Nantes, le 5 Septembre 2014 à 21:02

On pourrait aussi énoncer les dix choses " qu'il ne faut surtout pas faire" la première heure (ni le premier jour)

- faire une lecture plus ou moins monocorde du règlement intérieur

- abreuver les élèves de recommandations, pire de mises en garde

- faire remplir des fiches techniques (avec la profession des parents, etc.)

- faire beaucoup copier (je pense qu'aujourd'hui, on distribue davantage des emplois du temps tout prêts, mais quand même!)

- établir un plan de classe, d'emblée

-faire du frontal toute la journée, sans travail de groupes

- annoncer que cette année, c'est important (attention, on est en sixième, chez les grands, en cinquième, on n'est plus en sixième, en quatrième, eh oui, il faut déjà penser au brevet, et la troisième, n'en parlons pas!)

- énoncer un régime pur et dur de sanctions et déclarer qu'on "ne laissera rien passer"

faire des remarques à tel élève que l'on connait déjà (pire, faire allusion à ses frères et soeurs qu'on a déjà eu)

- trop parler en général

Et au contraire:

- évoquer les objectifs de l'année,  dire au fond pourquoi on est là,  transmettre un peu de confiance, de dynamisme, de plaisir à commencer l'année...

La première heure, je vais accueillir les élèves sur les chaises disposées en cercle. je vais démarrer un conseil pour en expliquer le principe. L'ordre du jour de ce premier conseil sera :

1) Le fonctionnement du conseil.

2) Ce qui me gêne à l'école. Mes inquiétudes d'écolier. Comment faire ensemble pour réduire ces angoisses. En découlera surement une discussion sur la moquerie car par expérience, je remarque que c'est ce qui gène les plus les élèves. Je propose à ce moment-là une affiche "ON NE SE MOQUE PAS " que chacun signe comme une marque d'engagement et qui reste affichée en classe (c'est la loi).

3) Mes besoins à l'école. Ce qui m'empêche de devenir élève, qu'est-ce qui va me permettre d'y remédier : des propositions. Définir la place de chacun, y compris la mienne. En découlera les premiers métiers.

Pour ce premier conseil, je présiderai et proposerai tout de suite à un élève volontaire le secrétariat. (à côté de moi).

A la fin de ce conseil, on ouvrira le frigo.

Juste une petite histoire pour détendre ceux qui ont une boule au ventre et dans la gorge avant de commencer la première heure de cours.

 

C'était ma première heure de cours, de ma première année d'enseignement, dans une région (j'allais écrire un pays) qui n'était pas le mien : la Bretagne , à Fougères, dans un collège étranger pour moi.

Je fais entrer les élèves . Pas de dispositif : en ces temps anciens, je n'imaginais même pas que l'innovation pouvait exister. Je vais  reproduire exactement l'accueil des élèves tel que je l'avais vécu : pas d'audace, la tradition. Il faut que je m'impose.

Je monte sur l'estrade, j'essaye de mon regard que j'imagine plein d'autorité de faire s'installer le silence. Et dans ce silence général, un doigt se lève et une petite voix monte : "madame, j'ai laissé ma vache dans le couloir" . Certes, j'arrive dans un monde rural mais lui, ce petit collégien, je me demande s'il me cherche. " Je peux aller la chercher ?" C'est de la provocation ou je ne m'y connais pas! Comment réagir? Le temps que je me réveille de ma stupeur, le gamin sort et revient avec son cartable en lançant d'une air triomphant " j'ai retrouvé ma vache."

J'ai fini par comprendre qu'à Fougères, on appelait aussi "une vache" un cartable en cuir, une belle métonymie !

Michèle Amiel

Alors la première heure... Ça dépend des élèves.

Ils me connaissent? Alors une petite balade entre les brèves histoires de leurs vacances façon de faire tomber la pression de la première heure du premier jour d'école, pour eux mais aussi pour moi! 

Ils ne me connaissent pas? Alors c'est le bon moment pour se présenter... Photos des élèves avec noms prénoms sur mon Ipad (Trombinoscope perso).

Création d'un groupe Whatsapp, et surtout demande de création d'une adresse Gmail pour chaque élève, outil de travail de base.Ensuite un questionnement sur leur préparation pour la rentrée: Matériel scolaire acheté et autres...Citer les différentes parties du programme, en leur distribuant la programmation sur l'année!! 

Voilà, la pression de la première heure du premier jour tombée, bonjour une nouvelle année scolaire les élèves!!!!!

Avec les collègues, ce n'est pas toujours facile la première heure pour eux, alors je leur fais le... "clown"!!!

Mais ça ne marche pas pour tous, et pas tout le temps!! Mais bon la pression après une heure tombe malgré tout, et la nouvelle année commence...

Bonne rentrée.

 

 

Personnellement, la première heure, c'est l'occasion que tout le monde commence à se connaître. Généralement, j'apprécie une activité "brise-glace" de type "présentation croisée", quel que soit le contexte. Chaque élève va à la rencontre d'un autre élève qu'il ne connait pas encore, et entame une sorte de speed dating à durée limitée (je leur dis 2 minutes, mais en laisse généralement davantage). Je donne souvent une contrainte (une question particulière en fonction du contexte de cours...même si la question est futile, c'est parfois juste un prétexte).  C'est un moment plutôt bruyant où les apprenants se déplacent et papotent en simultané. Et ensuite chaque élève présente son camarade très succinctement (mais vraiment le plus rapidement possible, limité s'il le faut au prénom et une info unique, sinon c'est bien trop long). Je me présente aussi. Après cette ouverture, j'évoque les objectifs du cours, quelques thèmes... Je le faisais au collège, mais encore à la fac. Mais désolée, j'aime aussi la fameuse fiche : je demande le nom et je laisse la place pour des commentaires libres car l'apprenant peut écrire ce qu'il n'oserait pas me dire (notamment les étudiants et particulièrement ceux qui me signalent des soucis de santé). Cette année, j'ai ajouté la boîte à émotions : j'ai demandé de dessiner son ressenti vis à vis du cours qui les attendait et chacun a placé anonymement son dessin. Beaucoup de stress est apparu à travers TOUS les dessins... cela m'a donné la température. Je recommencerai à mi-parcours ! 

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