Il faut faire un bac blanc... sinon deux. On bouscule l’emploi du temps, le proviseur adjoint passe un temps fou à concocter tout cela, on fait des sujets (« communs »), les élèves passent les vacances de février à réviser, ils en tremblent (certains, beaucoup) pendant trois semaines, avant, et en pleurent (après). Pendant cinq jours, les secondes ne savent plus s’ils ont cours ou pas, les profs râlent, on n’arrive pas à assurer un minimum de calme dans les couloirs, les élèves sont trente par salle et n’ont pas les conditions du bac. Et puis ?

Ce matin, épreuve de philosophie : je surveille trente-deux ES et L (deux sujets, pour qu’ils ne copient pas, alors qu’ils ont le même programme et le même prof : où sont les sujets « communs » ?).  On les oblige à rester deux heures quarante, plus qu’au bac. Sur ces trente-deux élèves, une bonne douzaine sont partis après deux heures quarante ; à 11 h 15 il en restait six ou sept. Je me demande, une fois de plus, quelle est l’utilité de cette semaine de bac blanc qu’on fait chaque année, parce que, selon certains (une grosse partie des profs, beaucoup de parents et pas mal d’élèves), cela fait du bien de se mettre « dans les conditions » de l’examen. Faire une fois dans l’année une épreuve de quatre heures de philo, qu’ils quittent (satisfaits d’eux-mêmes) au bout de deux heures quarante, cela ne leur apprend rien... sinon à faire la même chose au « vrai » bac. Vous en pensez quoi, vous, du bac blanc ?

Rebonds 2

La même chose que toi ! Pas du bien. Je pense que si, vraiment, réellement, on veut montrer aux élèves ce que sont les conditions de passage de l'examen, alors on doit les recréer aussi exactement que possible (y compris dans la possibilité de sortir au bout d'une heure, je vois qu'on a les mêmes profils d'élèves…). Sinon, à quoi bon perturber autant le déroulement des cours ? Ce n'est pas comme si on avait trop de temps pour arriver à bout de ces maudits programmes. 

Quant à l'intérêt réel de passer une épreuve blanche, je reste sceptique, mais je reconnais que je n'appuie mes réticences que sur de l'observation empirique. Je me demande si on n'est pas dans une croyance collective qui s'auto-entretient. 

Personnellement, je trouve que cela peut être formateur.

Dans mon établissement, les élèves ne peuvent sortir avant la fin pendant le bac blanc, et c'est vrai que c'est assez pénible de surveiller 4 h de philo avec les STMG. Certains collègues permettent aux élèves de jouer avec leurs portables (interdits par le règlement intérieur) quand ils ont fini; moi je ne l'autorise pas, j'essaie de les inciter à réviser pour l'épreuve suivante. En général, je perds le contrôle dans la dernière demi-heure (voire la dernière heure). En même temps, si on laissait sortir les élèves à sortir au bout d'une heure comme le jour J, je suis persuadée que certains décideraient à l'avance de ne rester qu'une heure. Là, même s'ils ne cherchent pas forcément à en faire plus, ils font déjà au moins le minimum.

Et il vaut mieux s'apercevoir au mois de février que ce n'est ni simple, ni efficace de tout réviser en quelques jours, alors qu'on ne l'a pas fait régulièrement, que de le découvrir au mois de juin.

C'est vrai qu'il faut éviter que l'épreuve du bac blanc ne donne des résultats catastrophiques qui mèneraient à un renoncement fataliste, mais au contraire il faut montrer que de petites choses auraient pu mener à des améliorations significatives, et qu'il n'est pas trop tard pour les mettre en place. Ce qui me semble fondamental, c'est que le retour ne porte pas que sur l'épreuve, mais sur sa préparation. De plus, vivre une semaine intense permet aussi de mettre en lumière l'importance d'une hygiène de vie permettant de tenir le coup.

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