Classes translatées, inversées, renversées, îlots bonifiés adulés , décriés , groupes tutorés, P.D.T. , …, autant de pratiques plus ou moins avancées dans le processus d’innovation  qui ont vocation – ou pas – à accéder à sa phase finale : l’institutionnalisation. Tel est désormais le cas des tâches complexes  qui après avoir fait doucement leur entrée dans le socle commun de 2006 sont définitivement actées dans le socle commun de connaissances de compétences et de culture  de 2015.

Si la formation continue intègre de plus en plus les activités émergentes, leur diffusion se fait encore souvent par les réseaux sociaux. Pour essaimer davantage les démarches qui vous semblent apporter une réelle plus value à l’apprentissage des élèves, donner du grain à moudre aux enseignants qui vont devoir préparer la réforme du collège 2016, les Cercles des Cahiers vous proposent de partager dans ce nouveau fil vos expériences sur les pratiques énoncées et d’autres encore : lesquelles avez-vous déjà testé ou ne tenterez-vous pas ? Lesquelles vous ont convaincus ou pas du tout ? Pour quelles raisons ? Quels retours pouvez-vous en faire ?

 

Rebond 1
Une expérimentation : la relaxation en classe.

En fév 2006 Le Monde de l’Education titrait «  la relaxation en classe ou l’école plus cool ».

http://www.ecole-et-relaxation.com/pdf/LME2006.pdf

Cet article faisait le constat (classique) que  les élèves sont de plus en plus stressés, agités et qu’ils ont du mal à se concentrer. Pour remédier à cette situation, il suggérait d’utiliser la relaxation comme une aide pour  les élèves. Avant de m’y mettre, mes principales craintes furent les réactions des élèves, des parents, de mes collègues ainsi que les critiques (légitimes) d’ésotérisme. Les dépasser ne fut pas pour moi un élément simple.

Le collège Anne Frank de Saint-Dizier où j’enseigne depuis plusieurs années est classé REP +.L’innovation est une de nos préoccupations. J’ai donc essayé de mettre  en place une entrée de cours ritualisée autour de la relaxation.

Concrètement, après avoir accueilli les élèves sur un fond musical, je leur propose de mettre la tête sur la table et de fermer les yeux. Afin de mieux prendre conscience de leur corps, leurs pieds sont posés bien à plat par terre. Je leur demande d’appréhender leur respiration en sentant l’air entrer et sortir par le nez.Cette relaxation est guidée par ma voix afin que leur esprit ne divague pas.Elle est aussi ancrée sur les savoirs en particulier sur l’histoire des arts ; le fond musical est toujours une musique classique (Debussy, Satie, Grieg…) et ma situation relaxante est la visualisation d’une œuvre d’art. La critique possible d’ésotérisme ne tient pas face aux situations pédagogiques enseignées.

Le CDDP de Chalons en Champagne me prête des moulages de sculptures que je fais visualiser aux élèves (tailles, couleurs, matériau…).

http://www.cndp.fr/crdp-reims/index.php?id=1260

Lorsque la visualisation est terminée, je propose aux élèves d’évacuer leurs tensions en serrant trois fois leurs poings ou en faisant des grimaces ou encore un automassage du visage.La relaxation terminée, le plaisir est toujours d’ouvrir la boite (une sorte de coffre aux trésors) et de découvrir la statue.

Cette entrée en classe sous forme de relaxation ne dépasse jamais quatre ou cinq minutes ; c’est parfois le temps que des professeurs mettent à calmer leur classe. Je dis souvent en plaisantant que je ne perds pas du temps, j’en gagne sur le reste de la leçon.

Quel impact peut-on en tirer ? J’ai remarqué une concentration réelle des élèves (qualité d’écoute, d’attention,  de disponibilité, efficacité et rapidité de mise au travail)Le professeur n’a pas besoin d’élever la voix pour commencer son cours ; une entrée en classe détendue favorise un travail détendu et concentré.

Pour conclure, je dirai qu’au collège Anne Frank, la relaxation fait partie du paysage pédagogique ; les professeurs acceptent cette pratique mais ne la mettent que très peu en œuvre… Ils me demandent plutôt d’intervenir dans leur classe pour la réaliser (même à la SEGPA et en ULIS, ou encore avant une séance d’escalade). Depuis trois ans un professeur de relaxation vient aussi apprendre aux enseignants les techniques de détente pour les élèves et relaxer les professeurs volontaires…

 

 

 

 

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