Dès que le texte de la réforme est paru, nous nous sommes empressés de le décortiquer, afin de réfléchir au plus vite, avec notre chef d’établissement et le conseil pédagogique, aux réflexions qu’il fallait engager au plus vite afin d’être prêts pour la rentrée 2016…
Céine Walkowiak et Francis Blanquart

Ce que nous avons compris des EPI
Ce sont des dispositifs d’enseignements qui doivent parvenir à une production collective d’élèves, productions qui seront évaluées et participeront à l’obtention du DNB (Il nous semble avoir compris que l’évaluation se fera par compétences)
Il ne s’agit pas de faire des choses en plus, mais  que chacun détermine dans son programme disciplinaire, ce qu’il abordera dans les EPI auxquels il participera.  (Certains points de programmes disciplinaires seront donc abordés dans le cadre des EPI)
Ces dispositifs nécessitent de mettre en place de la pédagogie de projet, des travaux de groupe, et de développer les compétences d’argumentation et d’oral des élèves.
La mise en œuvre des EPI relève à la fois d'un objectif pédagogique et d'une planification globale des enseignements
La construction des EPI sur une année nécessite de la concertation et une planification à l’échelle de l’établissement.
Il faudra donc trouver des modalités de fonctionnement et des temps de travail collectif

Ce que nous n’avons pas encore très bien compris ou les questions que nous nous posons encore
Si tous les enseignants de l’établissement devaient forcément s’investir dans les EPI.
Si les élèves ont le choix entre les EPI, cela signifie que tous les élèves ne bénéficient pas de l'intégralité des programmes disciplinaires.
Le nombre exact d’heures d’EPI pour les élèves par semaine (On parle de 2 heures car dans les exemples donnés par le ministère, on dit que les élèves ont cours de 14h à 16h, mais nous n’avons trouvé aucune autre mention du volume horaires pour les élèves, et certains parlent de 4 ou 5 heures en tout, AP comprises)
Comment être sur que chaque enseignant dispense bien dans le cadre des EPI le volume exact des heures qu’il doit ?
Si les élèves qui choisissent l’EPI « Langues et cultures de l’antiquité » ont le droit de le poursuivre de la 5ème à la 3ème, cela signifie qu’ils ne peuvent s’inscrire que dans un autre EPI par an ?
Les élèves ont-ils le choix entre un nombre d’EPI mis à leur disposition sur un semestre par exemple, ou est-ce à l’équipe enseignante de planifier deux EPI par an (ou plus) par niveau ou par classe ?
L’enseignement de  l’histoire des arts, en tant qu’enseignement interdisciplinaire évalué au brevet,  disparait-elle ou va-t-elle s’intégrer naturellement dans un EPI (sachant que l’évaluation des EPI comptera pour l’obtention du DNB) ?
Les EPI seront-ils évalués par notes ou par compétences ?

Une idée de démarche pour entrer dans la construction des EPI
- Un outil pertinent : les progressions annuelles
Chaque enseignant indique les grands thèmes d’enseignements (Chapitres, séquences, centres d’intérêt) qu’il aborde par période (entre chaque période de vacances). Ces programmations annuelles sont regroupées dans un même document (par niveau, ou par classe), ce qui permet une lisibilité des enseignements dispensés aux élèves d’un même niveau de classe.

- Un temps de travail pour déterminer des thèmes d’EPI
Il existera sans aucun doute des ressources mises à disposition sr le site du ministère. On peut également s’inspirer de ce qui est dit dans la littérature pédagogique (Ex Cahiers Pédagogiques 521 a paraître au mois de Mai 2015 « Croiser les disciplines, partager les savoirs »). Il arrive aussi très souvent que les croisements disciplinaires parlent d’eux-mêmes. C’est alors à la créativité des enseignants de s’exprimer
Les enseignants pourront travailler ensemble dans le cadre du conseil pédagogique ou lors de conseils d’enseignement interdisciplinaires organisés en fin d’année ou lors de la journée de prérentrée.
Une réflexion à mener sur les spécificités de ce nouveau dispositif, en terme d'apprentissages pour les  élèves (Quels impacts de l'interdisciplinarité sur les apprentissages des élèves?)
Ex : Construire des savoirs interdisciplinaires, des compétences transversales, travailler la mobilisation des savoirs d'une discipline à l'autre, apprendre à appréhender un problème par sa globalité et sa complexité et non plus par le découpage disciplinaire, confronter les représentations du monde construites par les disciplines, donner du sens aux apprentissages, mettre les élèves dans une situation active d'apprentissage et de manipulation des savoirs, arriver à un regard multidimensionnel complexe sur les objets d'étude, reconstruire les connexions entre les différents objets de connaissances en les replaçant dans un contexte de production.

 

- Un cadre didactique pour construire les EPI
- Un thème général choisi parmi les 8 thèmes proposés
- Des objectifs d’apprentissages, définis en termes de connaissances, de compétences et de stratégies
- Une production attendue à évaluer à la fin de l’EPI (Avec des indicateurs définis et des niveaux de compétences attendus dans le cycle)
- Un dispositif de  classe à choisir (groupes, travaux collaboratifs)
- Des enseignements disciplinaires à  identifier dans les programmes
- Une période de travail à déterminer

Une stratégie de pilotage : Identifier ce qui peut être transformé en EPI
- L’histoire des arts en 3ème,
- Les projets menés dans l’établissement
- Y articuler le PEAC, le PIODMEP, l'EMC, les enjeux du nouveau socle commun
- Enclencher la réflexion à partie des équipes-classe ou de niveau (et donc procéder assez rapidement à la répartition des services entre enseignants, en fin d'année pour permettre aux enseignants de construire les EPI)

Des questions urgentes à se poser :
Quel travail mené en conseil pédagogique l’année prochaine pour préparer la rentrée 2016 ?
Quels besoins en formation?  (Ex : L’évaluation des projets, l’interdisciplinarité)

 

Bordeaux : le collège qui a inspiré la réforme par francetvinfo

Rebonds 5

Bonjour,

merci pour cette analyse objective qui ouvre plusieurs pistes de réflexion ; je l'ai transmise à l'ensemble des collègues de mon établissement car elle me parait pouvoir nous faire gagner du temps pour la période de consultation à venir.

Cordialement

Bonjour, 

Cela permet déjà d'y voir un peu plus clair et donc merci ! 

Il reste encore de multiples questions en attente pour voir comment cela peut se mettre en place concrètement dans un emploi du temps d'élève (et de profs) .

Dans ce qui peut être transformé en EPI, peut être,  certains concours comme celui de la Résistance et de la déportation ? 

A bientôt, 

Y

 

Je pense qu'il vaut mieux passer du temps en équipe à construire des projets interdisciplinaires, à interroger sur ce que la didactique de chacune des disciplines a à y gagner, à réfléchir aux besoins de nos élèves et à l'impact de ces dispositifs sur leurs apprentissages, plutôt que de compter les heures à faire ou à ne pas faire.

Les chefs d'établissement seront là pour organiser tout cela dans la structure.

Ce sont bien des projets pédagogiques qu'il faut construire.

Céline Walkowiak

 

Merci pour ce travail ! Je suis d'accord avec Cécile quand elle dit qu'il vaut mieux passer du temps sur les EPI. Au fond, la question des moyens sera celle des principaux, chacun son travail ! Il faut certes y comprendre quelque chose, comme pour la DHG ancienne mouture (combien de collègues n'y comprennent pas grand chose ?), mais ne pas perdre son énergie là dessus.

Demain, première réunion sur la réforme dans mon établissement, je vais passer une partie de la nuit à lire tout cela !

Jean-Charles Léon Professeur de musique, Saint-Germain sur Morin (77), le 4 Novembre 2015 à 17:35

Travail vraiment remarquable. Un grand merci.

Une dimension systémique est peut-être à ajouter au fil de la réflexion, dimension qui touche à la place, au rôle, au positionnement des acteurs - enseignants, éducateurs, cadres - à la professionnalité donc jusque dans ses retranchements intimes, en l'occurrence l'identité professionnelle vécue ou construite, l'habitus.

Une question me taraude : pourquoi tout le monde conçoit les EPI comme des options.

Dans l'esprit de la réforme il me semble qu'ils sont plutôt conçus comme une possibilité pour les établissements de mettre en place un enseignement différent.

Pour moi donc c'est le collège qui choisit dans la liste des huit thèmes les 6 ( 2 par niveau ) qu'il met en place et que tous les élèves suivent. Ce n'est ni un choix des élèves, ni même un choix de duos d'enseignants comme pour les IDD.

 

 

Remonter