Structurer l’apprentissage par l’évaluation
Présentation dans le cadre de la Journée académique « L’évaluation au coeur des apprentissages » le 8 janvier 2015.
Pourquoi et comment j’ai changé mes pratiques d’évaluations ?
1er constat : Systématiquement, après la correction de contrôle des élèves me disaient « A mais je n’avais pas compris que c’était ça qu’il fallait faire » ou « j’ai compris maintenant ». Mon unique réponse était alors « désolé c’est trop tard, il fallait mieux travailler avant ! ». Les élèves ont des difficultés à identifier, avant le contrôle ce qu’ils maitrisent ou pas de la leçon. Ce constat m’a amené à m’interroger : « comment se servir des contrôles afin qu’ils deviennent des aides pour apprendre et ne soient plus une succession de constats ? » Autrement dit : comment faire pour qu’un élève qui fait le constat qu’il a raté le contrôle sur la respiration, par exemple, puisse, avant la fin d’année, progresser et montrer qu’il maitrise maintenant le concept de respiration ? Comment permettre aux élèves d’identifier aussi les éléments qui expliquent leur réussite lors de tel ou tel contrôle ?
J’ai alors mis en place un dispositif après la réalisation de deux ou trois contrôles :
1. L’élève prend connaissance des résultats du contrôle.
2. L’élève complète sa grille de compétence. Il inscrit le code couleur pour garder en mémoire ce qu’il a réussi et ce qu’il ne maitrise pas (et ainsi peut mesurer ses progrès).
3. Entretien individuel de remédiation : recherche conjointe (élève/enseignant) d’explications sur les origines des réussites et des échecs lors du contrôle.
Travail en autonomie des autres élèves pendant 45 min.
Rappel des procédures pour corriger le contrôle et se préparer à les repasser :
Compétence : Maitriser les connaissances
a. Identifier la définition de la respiration dans le cahier
b. Vérifier l’exactitude de la définition de la respiration (dont l’orthographe des mots scientifiques)
c. Réciter dans sa tête plusieurs fois la définition
d. La réciter à un camarade
e. La réciter par écrit et vérifier qu’elle est correcte à l’aide du cahier
f. Réaliser de nouveau cette vérification plusieurs fois dans la semaine avant le contrôle de remédiation.
Compétence : exploiter les résultats d’une expérience
a. Identifier les activités en lien avec cette compétence dans le cahier, relire les critères de réussite
b. Identifier mes erreurs et les corriger / Demander à un camarade qui a réussi de m’aider
c. Faire l’exercice de remédiation à partir du livre
4. Corrections des activités de remédiations par groupe de 4 à 5 élèves. Chaque élève lit sa réponse et les 4 autres élèves indiquent s’ils sont d’accord ou pas avec la production et s’autocorrigent avec l’aide de l’enseignante.
Pendant ce temps, les autres élèves réalisent des exercices d’approfondissements.
5. Séance suivante :
* les élèves repassent un contrôle sur les compétences non maitrisées.

* les autres élèves terminent les exercices d’approfondissements et s’autocorrigent à l’aide de fichiers de correction.
Le principe affiché au cours de l’année : je recommence jusqu’à ce que je réussisse.
Quelques résultats :
Côté élève :
- Les élèves prennent conscience de ce qu’ils maitrisent ou pas, ils identifient leurs points forts et leurs points faibles.
- Ils prennent en charge leurs apprentissages : ils m’interpellent pour vérifier qu’ils ont bien compris leurs erreurs.
- Ils s’auto-évaluent lors du contrôle et relisent plusieurs fois leurs réponses avant de rendre leur contrôle car ils souhaitent réussir du 1er coup.
- ils se mettent à apprendre car l’entretien de remédiation leur a permis de clarifier ce qu’il fallait apprendre et maitriser.
Côté enseignant : Prise de conscience de la diversité des difficultés d’apprentissage
Lié à la singularité de chaque élève
- Diversité des rythmes et efficacité des Méthodes de travail
- Rapport au savoir et à l’école
Lié à des difficultés d’enseignement
- Hiérarchisation des notions enseignées
- Clarification des objectifs d’apprentissages, partagés avec les élèves
Lié au savoir
- Difficultés intrinsèques à maitriser certaines compétences
2ème constat : une partie des élèves ne savent pas leurs leçons. Sur le bulletin du 1er trimestre, j’indiquais alors en conseil : mieux apprendre les leçons puis au 2ème trimestre : change tes méthodes d’apprentissages, et malgré mes conseils il n’y avait pas ou peu de progrès. Les élèves ont des difficultés à identifier ce qu’il faut apprendre, à vérifier leurs connaissances et leur degrés de maitrise d’une compétence et à avoir des méthodes de travail efficace …
« Comment inclure un moment d’apprentissage des leçons pendant le temps de la classe ? » Autrement dit, comment permettre aux élèves de ne pas rester seul face à leur difficulté, ce qui est souvent le cas lors de la réalisation du travail personnel à la maison ? Comment les accompagner dans l’apprentissage de ces fameuses leçons et les aider à identifier ce qui est à retenir, ce qui n’est pas important et les erreurs à éviter ? C’est ce 2ème constat qui m’a amené à mettre en place un 2ème dispositif : 10 minute avant la fin de chaque séance de SVT d’1h30, les élèves doivent sur une feuille, sans le cahier, faire un résumé sous la forme de leur choix de qui est à retenir du cours que cela soit sur les connaissances mais aussi sur les compétences et les méthodes de travail efficaces. En discutant avec des collègues de français, j’ai compris que d’imposer une reformulation de la leçon sous forme de questions et de réponses, comme je le faisais auparavant, ne prenait pas en compte les difficultés propres à la maitrise de la langue, je rajoutais donc une difficulté supplémentaire. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, les élèves peuvent restituer les idées essentielles du cours sous la forme de leur choix : questions-réponses, QCM, charades, devinettes, textes, listes de mots clés, schémas ou dessins.

Quelques résultats :
Coté élèves
- plusieurs élèves ont signifié que ce dispositif leur permettait d’utiliser leurs propres mots et de s’approprier la leçon.
- L’avantage de réaliser ce dispositif en classe et non en travail à la maison, c’est que tous les élèves produisent une réponse et qu’ils ne sont pas seuls face à leurs difficultés.
Coté enseignant :
- l’expression de la créativité de chaque élève
- L’identification d’erreurs récurrentes dans leurs productions me permet d’adapter ensuite le cours et de mesurer là où ils en sont réellement à chaque fin de cours et ainsi de ne pas constater trop tardivement cet écart entre ce que je pensais avoir enseigné et ce qu’ils ont réellement perçu et appris.
Pour conclure,
Derrière les difficultés d’apprentissage des élèves, il y a aussi des difficultés d’enseignement
- constat que parfois, les connaissances et compétences évaluées n’ont pas été explicitement enseignées.
- difficultés à partager avec les élèves les objectifs d’apprentissage et les progrès réalisés par chacun au cours de l’année
- permettre aux élèves d’identifier leurs erreurs et de les utiliser comme levier d’apprentissage
- transmettre des méthodes d’apprentissage efficace
Derrière des difficultés d’enseignement, il y a aussi des difficultés de programmes
- Certaines notions en mathématiques et en sciences physiques nécessaire en SVT en 5e sont seulement enseignées dans ces disciplines en 4e ce qui nécessite de les ajouter dans le temps d’enseignement en SVT en 5e.
- Au-delà des savoirs, la nécessité, en classe, de faire construire aux élèves des méthodes de travail efficace qui ont, une place, peu explicite, dans les programmes.
Derrières des difficultés de programmes, il y a également des difficultés intrinsèques aux savoirs.
Les élèves ont appris une faible partie de ce qui a été enseigné. Pour terminer, jusqu’où aller dans la remédiation ? Quelles modalitées de remédiations permettraient de combler cet écart ?
Derrière cette réflexion, des échanges avec de nombreux collectifs et professionnels ont permis l’ébauche de cette réflexion, merci à …

Claire FAIDIT, professeur au collège Georges Onslow, à Lezoux et Formatrice ESPE au Puy en Velay