Evaluer sans note, pour nous les professeurs documentalistes, c’est une vieille histoire. N’ayant ni discipline, ni programme, ni classe, nous avons dû trouver des moyens différents pour enseigner puis évaluer le travail des élèves (cf référentiel de compétences de la FADBEN 1997). Impliquée dans les dispositifs d’apprentissage successifs (parcours diversifiés, itinéraire de découverte, TPE…), j’ai pris l’habitude de prévoir des séquences courtes avec des objectifs précis et des compétences annoncées dès le début du travail.

Aujourd’hui, en poste au clg Lou Vignarès de Vedène, je participe à l’accompagnement personnalisé en 6° qui depuis la rentrée 2011 n’est pas noté et cette année à la classe sans note. Avant de m’engager dans cette expérimentation, j’ai pu élaborer quelques stratégies que voici.
Lors d’une séance d’une heure, je prends le temps d’annoncer et surtout d’expliquer les compétences à mobiliser pour réaliser le travail. Ces compétences du socle commun sont notées en bas de la fiche de travail et les élèves doivent s’auto-évaluer en se positionnant parmi les quatre propositions.
Pour des recherches plus longues, une fois le travail de recherche bien avancé, les contenus trouvés, nous nous arrêtons pour construire la grille d’évaluation qui sera utilisée. Nous commençons par énoncer les points positifs et les points négatifs autrement dit ce qu’il faudra faire pour réussir et ce qu’il ne faut pas faire. Les élèves font appel à leurs expériences passées. Puis nous transformons ces conseils en critères d’évaluations dans un tableau à double entrée. Les élèves s’auto-évaluent ou s’évaluent entre eux en cochant les cases. Le plus formateur à mon avis, c’est qu’ils doivent expliquer leur évaluation : justifier, argumenter et aussi donner un conseil pour progresser, en outre cela permet d’éviter les règlements de compte.
En toute fin de séquence, j’essaie de ménager un temps d’évaluation des compétences acquises ou mobilisées pendant la séquence : « qu’avez appris/retenu du travail effectué au cours des XX heures passées ensemble ? » D’abord surpris, les élèves ont dû mal à répondre. Ils parlent de la production finale, comme si cette production était le but ultime : « on a appris à faire une affiche ». Viennent ensuite des propositions de contenus et de connaissances apprises : « j’ai appris ce qu’est un aqueduc ». Et ce n’est qu’en toute fin que les compétences disciplinaires et documentaires sont énoncées bien que vue en début de séquence. Il me faudrait avoir plus de temps pour pouvoir revenir sur ces compétences, plus de temps pour proposer une nouvelle activité à ceux qui n’ont pas tout à fait acquis les compétences visées, plus de temps pour pouvoir enseigner les compétences documentaires proposées dans le parcours de formation documentaire en collège (http://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10308062/fr/progressions... )
Pour conclure, je regrette de n’intervenir qu’en 6° alors que la recherche d’informations requiert de très nombreuses compétences documentaires, informatiques et intellectuelles mais aussi de n’intervenir dans les classes que de façon ponctuelle car il me semble que les élèves se sont bien emparés de cette évaluation comme outil de progression. Malgré tout, j’ai bon espoir que l’évolution des CDI vers les 3C, le nouveau socle commun, l’enseignement et l’évaluation par compétences, permettent aux professeurs documentalistes de s’impliquer encore plus dans l’enseignement de l’information documentation.