Les compétences et leur évaluation en Provence

Lou Vignares, collège plutôt favorisé au milieu des vignes du Vaucluse, expérimente discrètement depuis la rentrée 2014. Vingt-quatre adultes, professeurs, AED, CPE, personnels de direction et quarante-huit élèves de deux classes de sixièmes vivent au rythme de la découverte au quotidien de la production de travaux, d'évaluations de compétences, de fiches de remédiation et d'entretiens d'auto-évaluation. Nous parlons encore peu de différenciation pédagogique. Par contre, nous partageons les termes d'acquis, non acquis, nous jonglons avec les ceintures et les couleurs. Nous nous engageons pour des tâches complexes sans encore trop savoir tout ce que cela recouvre. Nous nous débattons avec le logiciel Sacoche. Tout cela se met en place, sans bruit, sauf celui des quelques couacs inévitables, petit à petit, à pas feutrés. Les professeurs se réunissent régulièrement pour établir progressions communes articulées  aux compétences à maîtriser. Nous parlons objectifs, projets. La vie scolaire accompagne, présente, attentive, auprès des élèves les plus fragiles. L'équipe de direction structure les temps forts, propose de la formation et des outils. Nous découvrons que le changement de paradigme, la révolution, ne vient pas des compétences elle-mêmes, mais bien de l'évaluation qui est proposée. « Coller » un « non acquis » à un élève sans lui donner les moyens de progresser dans son apprentissage revient au même que de coller un « 2/20 » et de passer à un autre point du programme. Nous réalisons tous que l'essentiel est de proposer de la remédiation, de l'accompagnement. C'est ainsi que la libération de la plage horaire 15h-17h du jeudi après-midi, pour les élèves et leurs professeurs, prend tout son sens. Alors, nous établissons un planning commun de notre « temps mobilisable », que ce soit pour de la remédiation, de la concertation, ou nos futures tâches complexes. Notre temps déjà bien occupé se doit de l'être efficacement. Nous nous organisons. La concertation sur le nouveau socle permet à chacun d'exprimer ses craintes et ses doutes sur ce projet qui paraît encore ambitieux, voire irréaliste, en tous les cas difficile à mettre en œuvre. Et pourtant la critique constructive, l’auto analyse, les propositions, l'expression des besoins sont autant de preuves de l'avancée de la réflexion dans notre établissement. Et puis, ce qui nous intéresse, c'est ce que nous construisons en interne, notre ambition est à la mesure de nos moyens, ajustée aux besoins de nos élèves. Nous voulons mettre en exergue l'articulation connaissances / compétences au service de la construction des apprentissages et d'une culture fondamentale. Cela afin de faire de nos élèves des futurs adultes capables de l'autonomie et de la créativité nécessaire pour qu'ils puissent construire le monde de demain. Nous cherchons à faire de l'évaluation un outil pour apprendre. Nous expérimentons en équipe, à tâtons, en se trompant, en ouvrant des pistes . A plusieurs, c'est possible. Et nous découvrons que nous sommes 15 établissements de l'académie à expérimenter ! De la mutualisation  en perspective.

Rebonds 2

Merci pour ce témoignage plein d'entrain. Par ici, collègue ancien ECLAIR du 06, on expérimente depuis deux ans, sous couvert de l'article 34, différentes idées dont l'évaluation par compétences, sur deux classes qui partagent un certain nombre de choses (une SEGPA une non). On utilise sacoche. Intéressé pour partager les retours d'expérience. 

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