Document du Lundi 28 Décembre 2015 - 17:16
L'accompagnement des élèves : au cœur du métier d'enseignant ?
Place des disciplines dans l'accompagnement personnalisé

"Redisciplinarisation" de l'AP ? par Yves Lecocq

Cela fait bien longtemps que je ne suis pas intervenu, mais suis toujours très attentif aux échanges, et tiens en particulier à remercier ceux d’entre vous qui ont alimenté réflexion et documents sur la réforme du collège.
Justement, sur ce point, je voudrais vous soumettre ce qui représente pour moi un problème, concernant les contours pris par l’AP dans cette réforme... en tout cas, tels qu’ils sont présentés sur Paris.
Lors de l’Université d’automne, il nous a été précisé par quelqu’un de la DGESCO, et cela a été repris lors d’autres réunions et formations par différents inspecteurs, que l’AP devait être “un cours comme un autre”, et que finalement, ce qui changeait par rapport à un cours ordinaire, c’était simplement la posture de l’enseignant, davantage tournée vers un accompagnement des élèves, et la mise en oeuvre d’un pédagogie différenciée...
Evidemment, cela mène à s’interroger sur ce qui est sous-entendu dans ce discours concernant les pratiques pédagogiques mises en oeuvre lors des cours ordinaires... mais revenons à l’AP. Avec le fait que cet AP sera prélevé sur les horaires des différentes disciplines, et avec une approche de l’AP qui semble exclusivement mettre en oeuvre l’approche par compétences, certes en recherchant des compétences transversales, mais en partant d’abord du disciplinaire... je me pose quelques questions :
- Quelle place pour les compétences les plus basiques de l’”apprendre à apprendre” (organiser son travail, se concentrer, etc.) ?
- Quelle place pour la réflexion sur l’apprentissage des cours (différents styles d’apprentissage, techniques de mémorisation, stratégies et projets mentaux) ?
- Et au-delà, quelle place pour les approches qui partent du vécu des élèves en situation d’apprentissage (techniques d’explicitation, gestion mentale, etc.) ?
Je ne cache pas une réelle inquiétude, car l’exploration de ce vécu, cette explicitation de ce qui est mis en oeuvre tout au long du processus d’apprentissage, me semblent des clés fondamentales pour accompagner vers la réussite les élèves les plus en difficulté (et je rejoins ici complètement les analyses de Bonnery, peut-être plus que celles de Rochex).
Et d’ailleurs, quid des élèves en difficulté : j’avais cru comprendre qu’ils seraient au coeur de cette réforme, et c’était la raison majeure de mon soutien à celle-ci... Or, que ce soit dans le cadre de l’Université d’automne ou dans celui de la formation des formateurs, il semble bien qu’ils ne soient plus prioritaires, et d’ailleurs on en a au total bien peu parlé...
Alors, quel est votre sentiment sur ce que je ressens comme une forte tendance à la “redisciplinarisation” de l’AP ?
Bien à vous.

Yves Lecocq
Formateur sur Paris

  • Yves Lecocq (Enseignant (histoire-géographie) et formateur (formation transversale) à Paris)