Document du Vendredi 5 Décembre 2014 - 21:06
évaluer les élèves
Comment l'évaluation peut-elle être au service des apprentissages des élèves et participer à leur progrès

L'évaluation peut être éducative, c'est-à-dire servir directement les apprentissages des élèves. Pour cela, les travaux que nous avons menés avec des enseignants du primaire et du secondaire ont permis de mettre en avant ces repères : - une évaluation initiale qui permet de déterminer ce que les élèves savent déjà, de manière à accompagner plus finement les élèves qui manifestent les besoins les plus grands - une distinction claire entre les moments d'entraînement (sans évaluation), où les erreurs sont les bienvenues, et les moments d'évaluation où il s'agit de montrer tout ce que l'on sait faire de bien - des évaluations en cours de séquence :
* si elles sont réussies, les élèves voient valider les compétences dans leur livret et ils changent de statut dans la classe : ils deviennent des ressources humaines potentielles pour leurs camarades
* si elles ne sont pas encore réussies, les élèves ont la possibilité de continuer à s'entraîner, pourquoi pas avec l'aide de camarade-experts, puis de demander à repasser une évaluation similaire plus tard

 

Comment rendre compte aux familles des progrès des élèves ?

Quel que soit l'outil d'évaluation utilisé (note, brevet, ceinture, smiley, ...), les parents méritent de savoir comment se passe la scolarisation de leur enfant. Pour cela, et sans vouloir reproduire des schémas élitistes, sélectifs et compétitifs qui réduisent les performances potentielles de nombreux élèves, le principe est de présenter aux parents des comptes-rendus d'évaluation très simples, rapides à lire et à comprendre.
Par exemple, avec des brevets : ce qui compte n'est pas un nombre moyen de brevets obtenus au regard des résultats généraux d'une classe (les moyennes sont toujours au détriment du suivi des apprentissages des élèves), mais plutôt de repérer les progrès effectués :
- un élève qui n'a pas progressé (c'est-à-dire qui n'a pas obtenu de nouveaux brevets) est à accompagner
- un élève qui en a obtenu plusieurs est à encourager dans ses efforts Ces dispositifs permettent de plus d'apporter aux parents des informations précises sur la nature des apprentissages en jeu, contrairement à des pratiques plus globalisantes où l'impression générale permet beaucoup moins d'aider.

Quelle place et quelle forme de la notation de l'évaluation dans les parcours des élèves ?

La notation n'est pas la seule pratique permettant d'accompagner les élèves dans leurs apprentissages. En même temps, il est possible de s'en satisfaire. Les principes d'avenir consistent à ne pas permettre à des élèves de se satisfaire de résultats insuffisants ou moyens, pour passer à autre chose. Pour le dire autrement, les smileys neutres ou avec des grimaces ne sont pas utiles, tout comme les notes basses, ou les couleurs rouge et orange. Une note, un smiley souriant, une validation de compétence, ... ne sont donnés qu'à condition que le minimum attendu par l'enseignant soit manifesté. Sinon, cela traduit simplement le besoin de poursuivre ses entraînements pour passer une évaluation similaire ultérieurement.

Quels doivent être les moments de l'évaluation dans les parcours des élèves ?

- Réduits, pour consacrer plus de place aux moments d'entraînement, pendant lesquels les élèves ont véritablement la possibilité d'essayer et de se tromper, sans risquer de quelconques effets sur leurs évaluations
- Collectifs dans un premier temps, pour faciliter le travail de gestion du groupe par l'enseignant
- A l'initiative des élèves ensuite, en fonction des items qu'ils n'ont pas pu valider du premier coup et qui ont nécessité des entraînements supplémentaires

Comment mobiliser les évaluations dans la détermination des parcours des élèves, leurs choix d'orientation et les procédures d'affectation?

Pour éviter que les élèves apprennent par les évaluations qu'ils sont incompétents et en déduisent alors que les efforts sont vains, l'école peut s'autoriser à diversifier les talents travaillés. Ainsi, entrent dans le champ scolaire des compétences nouvelles, qui vont pouvoir être investies par les élèves, notamment ceux pour qui les langages traditionnellement scolaires ne permettent pas un épanouissement. Dans un premier temps, l'important n'est pas de faire réussir tous les élèves, plutôt de faire en sorte qu'aucun ne se dévalorise par ce que l'école lui propose. Plusieurs enseignants observent alors des phénomènes riches où des élèves, jusque là réfractaires aux mathématiques ou au français, en viennent à s'y intéresser parce que convaincus de leur dignité.

  • Sylvain CONNAC (Enseignant-chercheur en Sciences de l'Education à l'Université Paul Valéry - Montpellier)