Document du Lundi 15 Septembre 2014 - 10:18
Poser des questions, proposer des débats
Le temps d'accompagnement périscolaire

Le temps d'accompagnement périscolaire constitue un nouveau moment d'apprentissage qui reste totalement à découvrir et à mettre en place.

De nombreuses discussions ont eu lieu au sein de l'association. il nous a semblé intéressant d'en soumettre quelques unes. 

Yann Forestier: Je n'avais pas suivi la préparation de cette affaire dans ma communeDans le débat (passablement surfait pour raisons politiques, on le sait)

sur les rythmes scolaires, on ne parle guère de ce que font les enfants
en fin de journée, sinon pour déplorer la difficulté des mairies à
recruter des animateurs.

l'année dernière, mais, ayant pris la responsabilité d'une association
locale pour dépanner, il est grand temps que je me documente.

Les enfants, trois heures par semaine, pratiquent donc des "temps
d'activités périscolaires", ou TAP, différentes chaque jour et changeant
après chaque période de vacances. On y trouve de tout : éveil musical,
multisport, découverte du milieu... J'ai l'impression que cela
fonctionne un peu comme cela dans la majorité des communes.

Je me pose toutefois la question : ne sommes-nous pas en train de passer
à côté de quelque chose qui était en fait peut-être l'enjeu principal de
la réforme ? Ne sachant pas quoi faire de cette nouvelle heure, on a
inventé un dispositif qui, soit dit en passant, va décharger les
enseignants de choses que beaucoup pratiquaient déjà dans leur classe et
leur permettre de se recentrer sur le bon vieux lire-écrire-compter.

Or nos communes ont déjà quantité d'activités qui pourraient remplir ces
créneaux : il y a des clubs de foot, des troupes de théâtre, des
fanfares, du scoutisme... Ne fallait-il pas parier sur le développement
des ces activités qui existent déjà au lieu d'inventer une usine à gaz ?
On en est au point où, dans ma commune, l'atelier théâtre, qui a
maintenu ses activités sans rien y changer, s'inquiète de la concurrence
que les TAP lui font.

Qu'on mette en place des activités d'initiation, de découverte, qui
varient souvent, pour amener progressivement les enfants à s'intéresser
à des activités variées, pourquoi pas, mais pourquoi serait-il
impossible de placer l'entraînement de foot, pour ceux qui veulent en
faire plus, tous les jours de 15h30 à 16h, et les répétitions de théâtre
au même rythme, histoire que les activités extra-scolaires soient enfin
reconnues comme des occasions d'exceller et non comme des occasions
ponctuelles de défoulement qui polluent les week-ends des familles en
imposant qui un match le samedi matin, qui une répétition le samedi
après-midi ?

Au lieu de payer des animateurs à inventer des activités nouvelles, qui
peuvent certes avoir leur intérêt, ne pourrait-on accroître les moyens
des associations et clubs locaux pour qu'ils embauchent des animateurs
pour faire plus fréquemment ce qu'ils casent péniblement, aujourd'hui,
dans les interstices des mercredis après-midi et des soirées...?

Vous en pensez quoi ?

Christine Vallin: J'en pense deux choses : d'abord que tu as raison pour le travail avec les associations, que travailler avec elles, certains le font, comme certains ont proposé à des parents, des locaux, ce qui a en effet des retombées sur le tissu social, culturel, associatif et coute peu cher. Je ne sais pas si certains ici en connaissent. Ca se fait particulièrement en milieu rural où l'on a déjà peut-être plus ce genre d'habitude de travailler ensemble. Nous en avions parlé dans le dossier actus rythmes scolaires (en téléchargement libre). Par contre, si on ne met pas d'obligation de participation aux activités d'après l'école (faire de la musique, de la danse, du basket en club, écoles de musique), là on connait très bien le phénomène, auquel les activités périscolaires comptaient remédier : seules les CSP favorisées y vont. On peut regarder l'origine des élèves qui vont en élèves de musique, même pas chères, municipales, subventionnées, c'est éloquent. (Et c'est pour cela que je tenais tant à l'heure de musique au collège.)

Evelyne Clavier: Un petit point à mon tour, sur les TAP.

Dans la commune de Champigneulles (54) où je réside et je travaille,  une récréation de 15h45 à 16h30  est organisée avant la mise en place des activités périscolaires payantes.Résultat: seule la moitié des élèves y participe.L'organisation  s'avère donc discriminante et ne respecte pas l'esprit du décret initial.

A Nancy , dans certaines écoles , les TAP seront mis en place seulement après les vacances de la Toussaint. L'école y finit à 16H.

Dans une commune voisine , Frouard , les TAP ont été mis en place dès la rentrée 2013 et ça fonctionne malgré la lourdeur financière et organisationnelle.  Le principe de la gratuité y est respecté.

Ces trois exemples lorrains tendent à prouver que chaque commune interprète à sa manière le décret ..

Patricia Gérot: Dans ma commune les associations ne risquent aucune concurrence puisque les TAP se réduisent à être dans la cour, par tous les temps sans même un ballon pour jouer !

Je me permets toutefois quelques remarques :

- finalement,les enfants qui ont des activités en association ne sont pas si nombreux. Dans ma classe, issue d'un quartier sans particularité très marquée, seule une moitié fait quelque chose en dehors

- notre programme scolaire n'a pas changé et nos horaires non plus : nous avons toujours le sport, la chorale, les arts visuels ... au programme. Les objectifs d'un enseignant et ceux d'un club de sport ne sont pas forcément les mêmes. Il me semble important que nous continuions à pratiquer toutes ces activités, ne serait-ce que pour ne par réduire l'école à des matières" très exigentes" (je ne sais pas comment formuler ma pensée) et nous laisser la joie de l'interdisciplinarité.

- les deux problèmes auxquels sont confrontées les villes, en dehors de recruter des animateurs compétents sont : les locaux (à la campagne, il n'y a pas de gymnase, de piscine, de salle de collectivité ... partout) et les trajets et déplacements. Comment emmener les enfants au stade de foot quand il se trouve à 20 min de marche et qu'on a 45 min de TAP ?

Certaines communes ont à faire face à des contraintes logistiques qui rendent la mise en oeuvre de TAP intéressants compliquée. D'autres, comme la mienne, font clairement preuve d'obstruction. Ce qui fait que d'un projet généreux, on aboutit à une mise en place parfois complétement opposée aux objectifs de la loi. Car, en effet, au forum des associations cette année, on a constaté une très grande dimunition des enfants inscrits. Par forcément que pour des raisons économiques ou à cause du fait qu'on compte sur les TAP pour faire à la place, mais aussi parce que le choix du mercredi matin travaillé prive bon nombre d'associations de leur temps de "travail", tout le monde se rabat sur le même créneau, donc on ne peut plus faire autant d'activités qu'avant.

Gwenael Le Guevel nous illustre tout ça par un petit dessin humoristique:

Le cahier à consulter: 1

 

  • Roseline Ndiaye (Présidente du CRAP-CahiersPédagogiques, Enseignante, SVT, Paris)
  • 1 http://www.cahiers-pedagogiques.com/Rythmes-scolaires-a-la-recherche-du-tempo-perdu