- « L’institutrice
Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il était trop tard. Ce visage gonflé, je l’aurais reconnu même sans nom –ces yeux plissés, et ce sourire étrange- visage fatigué, qui essayait de dire que tout va bien, quand il allait de soi que tout n’allait pas très bien, visage me regardant sans animosité, mais sans espoir, retranché dans un lieu inaccessible, un regard qui disait,  Tu ne pourras rien, et ce jour-là j’ai su que je n’avais rien pu. »

Ainsi débute le livre d’Alexandre Seurat « la maladroite ». Ce livre à plusieurs voix nous plonge dans l’univers de cette petite fille jugée si souvent maladroite. Maladroite dans ses déplacements, maladroite dans ses rapports aux autres.
Diane, 8 ans, a disparu. Ceux qui l’ont connue se souviennent, institutrices, assistantes sociales, médecin, grand-mère… Ils nous parlent de cette enfant différente qu’ils ont tenté d’aider, chacun à leur manière.

Ce livre m’a émue. Etre institutrice et sentir intuitivement qu’un enfant est en danger, chercher du soutien auprès de sa direction, des services sociaux : voilà bien une situation connue des enseignants. Mais ce livre porte un regard juste sur l’entourage de la petite fille. Il dépeint les mécanismes de manipulation du père, les peurs des enfants, les blessures de chacun, les doutes.
Que faire face à un père cordial qui semble porter de l’intérêt à sa fille ? Que faire quand un enfant est dans un conflit de loyauté envers ses parents ? Que faire quand on pressent l’impuissance des acteurs sociaux ? Un livre juste, qui ne tombe pas dans le pathos et qui interroge sur les moyens d’aider les enfants en danger.

C’est le premier roman d’Alexandre Seurat, Ligérien qui enseigne à l’université
d’Angers.
Je vous le conseille, même s’il n’est pas très gai !