En invitant l'administration (et les inspections ) à changer de regard sur l'innovation et l'expérimentation, c'est, en fait, aux acteurs que l'inspection générale s'adresse dans son rapport de juillet 2013 (à consulter en cliquant ici). Je cite : "Les cadres ont été définis par la loi : ce sont les grandes finalités qui orientent l’ensemble de l’effort du système éducatif. Les modalités sont encore, pour une large part, à inventer par les équipes."

Comment se saisir de ces incitations?

Rebond 1

Comment se saisir? Mais à bras le corps, Guillaume, à bras le corps.

Jusqu'à un certain âge, j'ai été rebelle à toute autorité et le texte officiel était pour moi un repoussoir que je regardais avec une ironie dégoûtée. Ces gens-là qui faisaient les textes ne pensaient qu'à nous mettre des carcans pour nous empêcher d'avancer et de créer, pensai-je avec une naïveté inculte. L'âge aidant, j'ai fait quelques pas de côté et j'ai regardé autrement les textes....Comment s'en servir , précisément pour avancer et créer?

Quand un personnel de direction - je l'ai été fort longtemps- à envie d'innover, les difficultés sont grandes :

Premier cas: il innove parce qu'une équipe de son établissement innove et qu'il souhaite soutenir cette action et cette équipe, utile pour les élèves. Tant que l'innovation reste au niveau de l'équipe, en fait ne dérange personne , tout va bien. L'effet tâche d'huile des innovations, dont on parlait dans les années 80 est à peu près nul et on ne peut guère en attendre une extension de l'innovation. Si le personnel de direction souhaite généraliser cette action à plusieurs équipes, les boucliers se lèvent, l'hydre de la liberté pédagogique sort ses têtes et tout se bloque assez vite ." Qu'est-ce que cette dérégulation? Pas de nouveauté, on connait: le ministère s'en empare ensuite très vite et on nous imposera ce dont nous ne voulons pas". Je me suis heurtée plusieurs fois à ce schéma, avec des oppositions plus ou moins virulentes selon les établissements.

Deuxième cas: j'ai commencer à éplucher  les textes officiels, des mines d'or (pas tous quand même). Les espaces de liberté ouverts par ces textes sont tels, qu'il y aurait de quoi aérer grandement les établissements si les professionnels s'en saisissaient vraiment :ainsi  les différents réformes du lycée ont représenté pour moi une aubaine pour secouer un peu le cocotier et redonner du tonus aux personnels .

Cela justifiait que nous organisions des temps de concertation avec les équipes (soit disciplinaires, soit interdisciplinaires, soit par projets). L'aide personnalisée par exemple : ce n'est pas du soutien, ce n'est plus de l'aide individualisée... Tout est à inventer par les équipes? Nous avons cherché une formation négociée: 6 demi-journées par an pour se former et inventer notre projet d'aide aux élèves; une demi-journée de bilan en fin d'année. Une demi-journée à la pré-rentrée pour lancer le travail.

Les textes officiels ont servi de support à la communication en direction des partenaires. Les parents d'élèves : si on leur explique que c'est dans les textes officiels et que leurs enfants y gagneront...

La hiérarchie? - C'est les textes officiels...Personne n'a jamais rien trouvé à redire

Les enseignants : - c'est dans les textes officiels et cela nous donnera de la force et des outils pour mieux travailler. Les enseignants sont des fonctionnaires plutôt légalistes et en général ne rejettent la prescription officielle.

Le texte officiel n'est qu'un texte mais il offre de magnifique espaces de liberté, il donne des autorisations d'agir.

On demande aux équipes d'inventer : que n'ai-je une deuxième vie de personnels de direction, cette phrase me donnerait envie de repartir!

Michèle Amiel

 

 

 

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