Mon rapport à l'autre est constitutif de mon identité personnelle: il y a de l'autre en moi (Freud, Ricoeur). Mon identité professionnelle (prof etc) s'articule sur cette identité personnelle, sans s'y réduire, comme une de ses dimensions. Celle-ci nourrit mon identité personnelle, pour le meilleur, quand il y a épanouissement dans son métier, pour le moins bon quand il y a problème et souffrance.

Mon identité professionnelle (Qui suis-je professionnellement?), tourne autour de mon métier (type d'activité, de relation, fonction, statut), qui donne un genre et un niveau de vie. Elle se construit (Enseignant d'où viens-je?) évolue (Enseignant, ou vais-je?) et m'affecte d'autant plus que je suis dans un "métier de l'humain" (c'est le cas de l'éducation), qui demande beaucoup d'implication personnelle.

Autrui y prend le visage diversifié de l'élève, du collègue, du chef d'établissement ou de l'inspecteur. J'y suis selon les cas en position haute ou basse. J'y réagis parfois en enfant, parent ou adulte (Cf analyse transactionnelle).

Comment je construis ou subis cette pluralité du visage d'autrui? Quels sont les affects qui m'habitent à ce contact? Le statut me protège-t-il ou expose-t-il ma personne? Qu'est-ce qui structure ma relation de travail aux autres? Comment la décrire fonctionnellement, existentiellement? Où je puise mon énergie? Comment catégoriser mes difficultés et mes problèmes?

Vous trouverez en pièce jointe un document à lire à l'avance, ou, durant l'atelier. 

Nos lieux de balades:

Rebonds 10

Ca fait envie, tant les lieux que les textes.

Première activité : Mercredi 19/8

Nous avons discuté à trois en marchant dans le parc. Avons-nous philosopher sans le savoir ??? J'espère bien pouvoir le dire avant la fin.

Les animateurs ont aussi répondus à la consigne ! Ils inscrivent de fait une valeur démocratique dans le fonctionnement : Même avec des statuts différents, il y a certaines règles qui s'appliquent à tous.

De belles questions des groupes, des retours signifiants de notre "Maitre à penser", des échanges.Je me suis senti intelligent à utiliser mon cerveau de la sorte en interaction avec les autres

jeudi 20 août 2015

Chemin de vie

Marcher sur un sentier ombragé, avec des trouées de lumière ensoleillées, des haltes réflexives parfois fragiles,des détours le long des herbus...

Et la percée sur la loire brillante comme un miroir.

Le bout du chemin? Le renoncement à d'autres possibles?

Là-bas, un drapeau à hisser et un bâteau qui nous attend pour nous emmener ailleurs.

Michèle Amiel

Jeudi 20 août.

Nous avons marché entre ombre et soleil, suivant les reflets argentés de la Loire. Assis au bout du monde - devant nous il n'y a plus que les courants et les sables traitres -, nous partageons les pensées nées de la marche. Je vois un héron qui atterrit, j'entends deux ou trois animaux assez lourds se glisser dans  l'eau. Des ragondins ? Attention ouverte, qui ne distrait pas de l'écoute et du questionnement.

Nous avons interrogé notre rapport à nous-mêmes. J'en garde deux idées parmi d'autres.

Celle de l'altérité, d'abord. Il y a de l'autre en moi, comme c'est étrange. Je la sens bien sûr, cette partie d'ombre un peu effrayante, qui parfois s'impose à moi sans que je la comprenne. Elle m'embarrasse parfois, elle m'effraie même, mais de temps en temps aussi elle me surprend : j'apprécie cet étonnement qui me prend devant des impulsions qui doivent bien être nées quelque part...

L'autre idée qui s'arrête en moi est celle de l'amitié avec soi. J'apprends que pour Aristote, l'amitié est une vertu, une recherche de l'excellence. L'excellence... Quel sens mettre sur ce mot ? Je me sens osciller entre indulgence envers moi-même (accepter ce qui en moi est loin de la personne que je voudrais être, avec le risque de la complaisance), et exigence (me donner les moyens d'avancer, de me dépasser peut-être, mais sans me lancer des défis impossibles, me vouant à l'échec).

Je note enfin un titre, une lecture future : "Soi-même comme un autre", de Paul Ricoeur. Et je ressens de la joie en me disant que demain le chemin continue.

 

Des histoires lues et aimées viennent se glisser dans les réflexions échangées. Deux d'entre elles, lors de la rando philo sur cette si belle île de Béhuart, sont venues se poser sur mon épaules et affleurer mes lèvres. Toutes deux racontent, aux enfants déjà un peu grands et aux autres, des histoires de singularité, de rapport à soi et aux autres, de chemin tortueux. Toutes deux, très différentes, du même auteur disparu il y a quelques mois, Daniel Keyes : 

Des fleurs pour Algernon

...décrit le voyage cognitif d'un retardé mental léger dont le quotient intellectuel est triplé par un procédé chirurgical. Son changement de point de vue sur le monde tel que manifesté dans la nouvelle (qui est rédigée sous forme de journal) forme l'intérêt essentiel de l'oeuvre. Un nouveau ressort dramatique se manifeste quand le héros, qui a largement dépassé ses maîtres, découvre que la modification qu'il a subie va connaître rapidement un déclin irréversible, déclin qui est décrit minutieusement lui aussi dans le journal.

Considéré comme un classique, ce livre a été traduit à ce jour dans près de trente pays, vendu à cinq millions d’exemplaires et adapté pour le grand écran, ce qui vaudra à son auteur une réputation internationale

https://fr.wikipedia.org/wiki/Des_fleurs_pour_Algernon

 

Les 1001 vies de Billy Milligan

Passionné par l'affaire de personnalité multiple de Billy Milligan qui fit la une de tous les journaux américains de la fin des années 1970, Daniel Keyes s'en est emparé pour construire un roman non fictionnel en forme de thriller psychologique, résultat de mois de rencontres et d'entretiens avec tous les protagonistes de l'histoire, y compris les vingt-quatre personnalités du protagoniste ! 

http://www.bouquineuse.com/post/2007/11/15/Les-Mille-et-Une-vies-de-Bill...

Vendredi 21 aout 2015

Un petit chemin écrasé du soleil de midi; une halte à l'ombre, dans les menthes sauvages et  les herbes sèches. Une marche lente qui ne bride pas la réflexion.Tout en cheminant lentement toutes les trois , nous avons roulé dans nos têtes les questions que nous avons choisies:

" Où je puise mon énergie, et comment je la perds ou je l'alimente?"

L'énergie nous vient de nos réussites: une classe qui travaille bien, un emploi du temps bien fait, une rentrée réussie.." . Nous avons l'impression d'un réservoir qui se remplit d'un liquide qui nous alimente, nous permet de tenir quand nous prenons des risques ou essuyons des échecs.

Elle nait de la reconnaissance ; celle que nous éprouvons envers nous -mêmes quand nous sommes fiers d'avoir mené à bien une tâche complexe; la reconnaissance que nous apporte le regard des autres.

Elle monte en nous quand nous nous retirons pour des temps de réflexion où nous préparons les projets, où nous anticipons sur l'avenir de notre établissement, où nous prenons du recul sur ce que nous avons fait. Nous sortons de ces moments pleins d'ardeur , prêts à nous lancer dans l'action avec uine vigueur renouvelée.

Les défis que nous nous lançons , ces challenges qui nous font sortir du canapé confortable: est-ce que je vais y arriver? N'est-ce pas trop dur pour moi? Ai-je les capacités ? Et la force qui nous emplit quand nous remportons ces défis parfois insensés qui nous font demander ce qui nous fait courir.

Cela alimente nos souvenirs , et nous y puisons pour  nous faire du bien quand nous fléchissons quelque peu. Nous qui avons la charge de prendre soin des autres , qui prendra soin de nous? N'oublions pas de laisser en nous une petite place à l'adulte raisonnable qui se protège, qui nous protège. Et surtout, laissons se manifester l'enfant qui montre son plaisir et son émotion.

Michèle Amiel

 

 

Autrui : plutôt ami ou ennemi ? D'abord mettre du sens sur les mots. Qu'est-ce qu'autrui ? qu'est-ce qu'un ami ? qu'est-ce qu'un ennemi ? Cerner l'enjeu de la question, puis argumenter. Chacun prenant un rôle, animateur, reformulateur, synthétiseur, rapporteur, nous voilà reparti à déambuler sur des chemins verdoyants et ombragés du parc du château de Pignerolle avec ces quelques nouvelles consignes en tête. Nous nous laissons porter par nos pas, et la réflexion se met en marche, doucement, quelques idées lancées à la volée rebondissent dans la discussion et prennent forme. Quelques interrogations émergent sans toujours trouver de réponse. On parle de confiance, d'écoute, de l'autre qui est en moi, d'intention de nuir, d'affect, de lien fusionnel, d'authenticité, de faux-amis, de respect. Quelques certitudes tout de même. Ne peut être ami ou ennemi qu'un être humain. Une institution ne peut pas être amie ni ennemie. Et nos amis les bêtes ne sont pas non plus des amis. Le temps imparti à la discussion prend fin avec une légère sensation d'inachevé, et nous quittons le château.

Y-a-t-il une dimension politique dans notre relations a autrui?Sinon pourquoi? Si Oui en quoi?
(à chaque changement de paragraphe, c'est un nouveau discutant qui s'exprime, si d'autres du groupe ont ajouté à ce fil de discussion, le paragraphe retranscrit la parole de plusieurs discutants et il devient alors une délimitation de thèmes)

Un premier discutant définit ce qu'est pour lui le  politique qui a une dimension citoyenne.Quand on a une relation citoyenne, elle est politique. Dans une relation il y a une dimension sociale et une dimension citoyenne qui est fortement  politique.

Une relation a toujours une dimension politique. Une relation a toujours une dimension de groupe. L'opposé serait être totalement soi. Est-ce possible ?

Prenons l'exemple de la décision de ne pas avoir d'enfant. Elle semble  intime mais elle peut être aussi politique car elle peut prendre en compte l'état de la société.

Dans le politique il y a une dimension de pouvoir. Quand on vit à plusieurs, on doit décider de règles communes. A partir de ce moment entrent en jeu le pouvoir et aussi le rapport de force. Y-a-t-il dans le pouvoir un rapport de domination et donc un rapport de force ?Mais le pouvoir peut s'exercer au service des autres ou d'une visée collective. Le rapport de force se transforme alors.Quels sont les valeurs qui pourraient justifier l'exercice du pouvoir?L'exercice du pouvoir est nécessaire pour garantir un fonctionnement du groupe. Ces règles , ces valeurs peuvent limiter l'exercice du pouvoir et le rapport de domination.Quelles pourraient être ces valeurs ? Faire prédominer l'intérêt générale sur l'intérêt collective, la promotion de la paix, la tolérance, un fonctionnement démocratique garantit non confiscation de l'intérêt générale par quelques-uns.

Le politique c'est ce qui fait tenir une société (Marcel Gauchet) Apport du "maitre"

Quand l'émotionnel prend le dessus, y-a-t-il une dimension politique? Si on arrive à détricoter la dimension politique en nous-mêmes ou si l'ego et l'émotionnel  prend le dessus alors la dimension politique peut être absente.Dans notre intime, l'autre est présent et donc la dimension politique est là. Derrière les courants psychologiques, on peut voir aussi des conceptions sociétales et politiques qui ont une forte influence sur la posture thérapeutique.Hebert  Marcuse "l'homme unidimensionnel". https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Homme_unidimensionnel

L'ego et l'intérêt individuel sape la dimension politique des relations à  autrui.Même si il y a un rejet du politique dans la société individualiste moderne, la dimension politique est toujours présente. Cette influence  est alors sous-jacente. L'apolitisme est un leurre, une illusion.Cependant cela pourrait être un choix politique de revendiquer l'apolitisme parce que finalement la recherche de notre intérêt personnel concours a l'intérêt général. (en lien avec la pensée libérale)

Derrière le libéralisme,  il y a la responsabilité individuelle de tout ce qui nous arrive. Ce qui crée une tension existentielle et écrasante chez l'homme moderne.

Et dans la classe? Il y a des rapports de pouvoir et de force. La classe est une autocratie. C'est un lieu éminemment politique. On peut en être plus ou moins conscient.Dans la relation a autrui, on apprend beaucoup de la famille et de l'école et que les adultes réclament un pouvoir fort car c'est ce qu'ils ont vécus dans ces deux groupes de base.Il y donc une tension entre l'éducation a l'adaptation a la société et l'expérience d'une autre société.

La communauté des philosophes du bord de Loire -  aout 2015.

"C'est une TOGE !" "Une TOGE ! BLANCHE !"

Voici le compte rendu de l'atelier

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