Un atelier d'écriture, c'est le temps qui s'offre à soi-même et qu'on partage avec les autres pour dire son regard sur le monde et, à travers cela, se dire un peu.

Rebonds 6

Écrire avec une contrainte qu'on peut suivre ou transgresser...

Des petits riens qui nous font du bien : écriture collective

je suis heureux-se ....

quand je vois des enseignant-e-s déstabilisé-e-s par mes propos.

quand je vais au marché le dimanche même si je n'ai besoin de rien

quand je m'endors dans un hamac balancée par le chant des cigales

quand au bord de la mer, une odeur de goémons emplit mes narines. C'est encore mieux quand je m'apprête à savourer une douzaine d'huîtres bien fraîches.

quand je vois mes élèves sourire

quand j'entends le silence paisible et les bruits lointains du jour qui s'éveille 

quand je  vois un enfant sourire à sa mère dans le métro

quand je peux rester sous la couette le matin et dormir encore un peu.

Ce qui me rend heureuse.....

c'est  le soleil dans les branches du tilleul, le bzzz bzzz des abeilles et le café du matin sur une pierre du jardin.

c'est  d'avoir découvert une nouvelle langue, construite, universelle, de l'apprivoiser, la transmettre, l'utiliser en vrai, pour découvrir littératures de langues rares, par exemple, ou parler directement à des gens de tous pays.

c'est de laisser la musique prendre possession de mon corps.

Après une première séance pour se présenter, on aborde en douceur la fiction.

Consigne du 20 août : créer une ville (imaginaire, idéale...). Pour cela, on prépare d'abord un stock de mots, puis on décrit une ville sans personnage (référence littéraire : Calvino et ses "villes invisibles", toutes les villes de fantasy qu'on trouve dans les livres et au cinéma).Après lecture des textes, nouvelle consigne : prendre le texte d'un autre participant de l'atelier et, soit en le "farcissant", soit en faisant une suite, raconter un événement qui se passe dans cette ville, cohérent avec le cadre.

  

Guy Lavrilleux ex Professeur de français, le 22 Août 2015 à 00:17

- Il faudra bien se décider à sortir. De toutes façons on n’a pas trop le choix, si ? dit-elle en ajustant les vêtements qu’elle avait portés toute la nuit, dans un sommeil entrecoupé de colère et de dégoût.Elle avait raison, il était trop tard et on ne pouvait plus reculer. L’impensable avait eu lieu. Elle avait raison, il fallait juste s’y résoudre et…continuer.

Au début on y avait pourtant cru. On se disait que tout ça c’était encore des histoires, de la soupe pour les moutons à bien mener en troupeau, dociles et liais. C’était comme avant, à chaque fois, au dernier moment ils allaient la trouver, la solution, celle qui allait sauver la surface du globe et tout l’univers. On l’attendait, on en riait même parce que cette fois encore, c’était sûr, on avait compris et on ne referait pas les erreurs faites par tous ceux qui avaient été en place avant, des incompétents, juste des intermittents du pouvoir.

Et puis, là, finalement, non. Les rires avaient été vains. L’impossible s’était produit, là, devant nos yeux télévisés et nos mains pleines de chips. Et puis, plus rien, les écrans étaient devenus noirs dans la nuit, et ce silence assourdissant à écouter son cœur battre.

- Bon, tu fais quoi ? Tu viens, ou pas ?

Elle ne se retourne même pas ; les mains nerveuses ouvrent la fenêtre et les volets clos.C’est l’aube. Sous les pieds, crisse le sable, envahisseur patient. Voici des semaines que dure cette tempête sans eau. Un tramway passe en hauteur et, sous le pont, une danseuse, robe blanche presque transparente. Des gamins cherchent un passage secret dans les ruines d’un vieil immeuble en briques rouges. Les racines des arbres semblent vouloir y reprendre possession de la terre. Dans l’air flotte cette poussière blanche qui prend à la gorge et oblige les piétons à se couvrir le visage : des hommes ont repris le chapeau de leur père et marchent la tête légèrement inclinée vers l’avant, les femmes s’enveloppent de tissus flamboyants. La poussière, cependant, s’amoncelle en tas récurrents au coin des rues, au bord des fenêtres, blanchit les façades des immeubles. Du haut de la cathédrale, les gargouilles contemplent, impassibles, le désastre.

 

Texte signé I.F

Fabienne Rousseau Professeur d'anglais et Ingéniérie de Formation, le 22 Août 2015 à 13:55

Écrire à plusieurs mains

Dix mètres au dessous de moi, à la surface de l'eau, se reflétaient de simples carrés, étranges constructions dont la simplicité et la singularité des angles étaient bien éloignées des anciennes créations humaines. Les surfaces liquides et limpides se mouvaient au rythme de fines mélodies transparentes, loin des klaxons  terrestres stridents et agressifs d'avant que j'avais laissés la veille. Cette ville n'en était pas une et pourtant. Ses hauteurs, ses espaces réguliers et droits n'étaient pas sans rappeler les cités humaines dont le béton pouvait donner le vertige, au milieu des ponts, des monuments et de l'exaltation des foules.Ici la limpidité semblait vitale, indispensable et désaltérante. La simplicité des formes se répétait au rythme des écoulements silencieux et mélodieux, tout en fluidité. Aucune ombre, aucun arbre, juste une présence à peine perceptible et aqueuse. Je frissonnai, inquiète, comme prise d'une sensation étrange, l'impression diffuse d'être observée. Un regard invisible me brûlait et pourtant, sur ma peau, je sentais la fraîcheur du contact liquide. J'ouvris les yeux et fus stupéfaite du spectacle qui s'offrait à moi.Aucun cerveau humain n'aurait pu inventer, imaginer cette construction sans structure, sans masse, sans réelle présence. Ici l'air se mêlait à l'eau et à mon étonnement, ilm'était facile de me mouvoir, comme si mon corps avait toujours appartenu à ce lieu étrange. Difficile de déceler ses vieux repères : les habitations, les rues, les parcs. Et les temples? Du regard, je cherchais aussi les habitants. Je tentai de me dresser, à chacun de mes gestes semblait faire écho une sonorité particulière, une vibration mélodieuse, comme si quelqu'un cherchait à dialoguer avec moi.

Texte signé FIF

Isabel Pannier professeure de collège, le 23 Août 2015 à 12:28

De loin, on sent déjà des effluves légers et on entend le rythme puissant, régulier, du ressac. Puis les chants d’oiseaux se rapprochent et on aperçoit les mouettes, en vol plané. Il avance sur le chemin rocailleux, parti dès l’aube après un mystérieux appel téléphonique, lui demandant de se rendre au port. Un enfant l’attendrait, il pourrait embarquer, partir…

La ville, enfin, apparait : elle est blanche, aérée, fleurie. Les arômes s’intensifient ; dans la brise flottent des souffles d’épices iodées, chaleureuses, subtiles. Le bruissement des abeilles autour des massifs de roses et de lavandes, le crissement des cigales emplissent l’espace.

Partout des maisons basses, au toit plat, aux amples baies vitrées. Les terrasses donnent sur la mer.

Tous les sens en éveil, le marcheur s’arrête un instant pour contempler. Moment de doute : faut-il partir ? Quitter cette île, ce pays, s’exiler ? Que peut-on lui proposer de mieux ? Mirages de la société de consommation, leurres d’un travail mieux rémunéré que la vente des fromages de ses brebis ? Appel mensonger de la civilisation high-tech, promettant le confort et la communication tous azimut.

Et pourtant, tant de trésors à ses pieds, qu’il n’a jamais fini d’explorer. Là, derrière cette colline, on pressent des passages secrets entre les maisons, des grottes légendaires et poussiéreuses. On devine des rires qui fusent, des éclats de voix, des sourires variés. Au loin, de tous côtés, la mer…Replaçant son sac sur l’épaule, il rebrousse chemin vers sa cabane de berger.

Lise et Hélène

Isabel Pannier professeure de collège, le 23 Août 2015 à 12:32

Au détour d’une vallée, à l’extrémité d’un chemin tortueux, se dessinent, majestueuses, les silhouettes de grands bâtiments. Ils semblent culminer près des pics, et s’imposer aux montagnes.

En ce lieu, nul choc toutefois… en y regardant de plus près, ces constructions semblent se fondre harmonieusement dans la nature. Comme si un fol architecte avait ici un jour décidé de tailler à même les arbres et les roches pour y faire son chez soi. La chaleur de leur bois dégage une aura qui se mêle à la fraîcheur humide du lieu.Au pied des premières bâtisses, on peut entendre le bruit subtil et omniprésent de l’eau. Une mélodie envoûtante qui se matérialise sous mes yeux lorsque nous arrivons sur la grande place, accueillis par de pétillants torrents, qui sillonnent entre roche et herbe dans les ruelles.La vie dans cette ville était harmonieuse, l’homme et la nature s’y entendaient à merveille.Jusqu’au jour où un mouton transgénique, ayant réussi à s’échapper du laboratoire qui l’avait fabriqué, et après avoir erré pendant des mois, trouva refuge dans cette ville. Il s’abreuva à l’un des pétillants torrents, et se nourrit de l’herbe des pâturages tous proches. Il reprit alors du poil de la bête, grandit et grossit très vite, mais succomba quelques semaines plus tard à un arrêt cardiaque, certainement lié à sa fragilité génétique.Le maire le fit alors tondre, et griller sur la grande place. Chacun des habitants put manger de sa viande, et sa laine abondante permit de faire fabriquer à chacun un gilet du plus bel effet. Ces gilets semblaient dotés de pouvoirs magiques, car ils devenaient phosphorescents à la nuit tombée. Hélas l’absorption  de la viande de mouton transgénique entraîna petit à petit des modifications chez les habitants de la ville. Eux-mêmes devinrent phosphorescents au crépuscule, mais là n’était pas le plus grave. Ils sombrèrent tous dans la folie, la folie des grandeurs et des hauteurs. Ils se mirent à ajouter des étages à leurs bâtiments, mais cela ne suffisant pas à satisfaire leur appétit de domination, ils décidèrent de dynamiter les pics des montagnes, afin d’avoir une vue plus dégagée.Tristement, la puissante  charge explosive provoqua un éboulement qui ensevelit à jamais la ville et ses habitants transgéniques.

Par Fadi Makki puis par Monica Levy-Kéloufi

Christelle Nayrolles Professeure des écoles, le 28 Août 2015 à 17:56

Le Berlin d'aujourd'hui est une ville à la fois reposante et pleine de vie, de bruit et de clameurs. Un après-midi de mai dernier, je me suis rendue avec une amie chère dont le mari était expatrié dans cette ville depuis deux ans, en haut du Reichstag admirer la splendide coupole de verre qui le surplombe. Puis, profitant de cet après-midi de liberté, nousz nous sommes offert une glace savoureuse en haut de la tour de la télévision qui tourne sur 360 ° offrant un panorama incomparable sur cette ville. Enfin, nous nous sommes rendues au Cecilienhof dont je tire mon prénom, palais construit non loin de Berlin par le Kronprinz pour y demeurer avec bonheur avec femme et enfants.

BERLIN

Le Berlin d’aujourd’hui est une ville à la fois reposante et pleine de vie, de bruits et de clameurs. A la périphérie, les immeubles se font moins denses et la nature y reprend ses droits. Il est agréable de se laisser aller à profiter de la brise et du calme à Wansee. L’étendue des espaces verts et du Wansee contraste singulièrement avec le centre de Berlin, perpétuellement éventré par les travaux de toute sorte, sans qu’il y perde de son intérêt aux yeux des habitants et des touristes. Toute l’avenue Unter den Linden est ainsi. Le bruit des ouvriers au travail parvient parfois jusqu’aux oreilles des passants, mais bien souvent étouffés par les klaxons et autres brouhahas dûs à la circulation dense des voitures et bus.L’architecture est elle aussi pleine de contrastes et de plus en plus moderne : la silhouette de l’imposant Reichstag est ainsi surplombée par une fine coupole de verre qui permet d’entrelacer Histoire et Modernité.Berlin, c’est aussi une histoire de démolitions. Toute la ville est encore marquée par des constructions ou quartiers qui n’existent plus, comme le fameux Mur ou le siège de la Gestapo. Le calme de la périphérie et le dynamisme du centre, le compromis entre passé et modernité, tout est fait pour qu’on n’ait pas à regretter d’y vivre et que chacun y trouve son compte.

A. G.

Arrivée depuis quelques jours seulement, elle arpentait les rues. Elle partait tôt le matin et marchait sans répit toute la journée. Le plan de la ville restait au fond de sa poche. Quand de rares fois elle le sortait, c’était pour vérifier où se situait l’entrée du métro. Elle oubliait de prendre l’appareil photo qui traînait sur la table de la chambre d’hôtel. Depuis quelques nuits, elle ne dormait pas. Les souvenirs lui revenaient. Le jour elle ressentait le besoin de partir à leur rencontre. Elle avait quitté Berlin en 1945.

C. N.

Christelle Nayrolles Professeure des écoles, le 28 Août 2015 à 11:21

21 août. - Aujourd'hui, vous n'aurez pas de textes : nous n'avons rien rédigé, juste préparé des synopsis pour nous entraîner au contage (puis raconté /conté). Séance essentiellement orale, donc.

Le support était le Tarot des 1001 contes (Debyser), un outil "images" pour créer des histoires. Nous avons utilisé l'outil du commerce et la version la plus simple du jeu. Il y a d'autres façons de l'utiliser et en classe, on peut aussi faire fabriquer les cartes par les élèves dans le cadre d'un travail interdisciplinaire lettres / arts plastiques. On fait d'ailleurs souvent ainsi à l'école primaire, la présence du maître unique facilitant les croisements de disciplines.

A explorer, sur la suggestion d'une participante du groupe, une utilisation en langue vivante étrangère.

 

23 Août- En fin d'atelier et pour la préparation de la restitution, nous avons répondu à la question suivante: Qu'est ce qu'un atelier d'écriture?

Extraits choisis collectivement.

Un atelier d’écriture, c’est s’investir comme on peut jusqu’où on veut.Un atelier d’écriture, c’est l’occasion d’être obligé d’écrire sans obligation.

Un atelier d’écriture, c’est lutter contre ses craintes, essayer de dompter ses mots.Un atelier d’écriture, c’est offrir sa confiance et recevoir celle des autres.Un atelier d’écriture, c’est des mots qui pleuvent, des têtes qui inventent, des consignes qui tourmentent, des crapistes qui déjantent.

Le compte rendu de l'atelier.

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