Quatre mois de fonctionnement pour nos classes sans notes, des vacances bien méritées pour tous ses acteurs, un arrêt sur images sur les premières estimations du dispositif effectuées par les professeurs, les élèves et les parents. Enfin, une proposition d’évaluation par le biais de la recherche.

Le logiciel sacoche
Pour prendre le logiciel en main, nous nous sommes réunis pendant deux heures pendant lesquelles nous nous sommes entraidés pour découvrir le fonctionnement de l’application, choisir en ligne et adapter des référentiels déjà existants  ou bien renseigner les siens propres. Cette entraide s’est continuée sur les temps libres de la journée. En tant que principale adjointe, je suis devenue administratrice et directrice du logiciel, je suis donc aussi en position de découverte et d’apprentissage d’utilisation de cette application.
Conformément aux choix que nous avions établis lors de nos journées de définition de notre projet, nous supprimons de Sacoche tout chiffre : pas de notes/moyennes, pas de pourcentage. Nous avions également choisi d’utiliser trois niveaux d’évaluation : Non Acquis, Acquis, Très Bien. Nous réalisons que Sacoche fonctionne avec 4 niveaux : par défaut il propose deux boules rouges, une boule rouge, une boule verte, deux boules vertes. Que faire ? Nous décidons de ne pas utiliser le niveau de deux boules rouges.  Nous verrons plus tard les changements que nous opérerons sur notre propre base. Nous savons que nous pouvons compter sur l’aide de l’équipe de Sacoche particulièrement active et engagée. Leur liste de diffusion en est la preuve vivante !
Les professeurs se familiarisent vite avec le logiciel, même si plusieurs d’entre eux trouvent fastidieux de renseigner toutes les évaluations déjà faites. Il faut dire que nous avons commencé à l’utiliser tardivement, un peu avant les vacances de Toussaint. Certains utilisent rapidement les évaluations « à la volée », notamment dans les périodes de remédiation. D’autres se rendent compte que  les boules rouges font pleurer un élève autant que les « mauvaises notes » et en sont contrariés. La dimension « remédiation », « deuxième chance », « évaluation formative au service des apprentissages » prend tout son sens. Les séances de remédiation du jeudi après-midi se développent.

Le conseil de classe
Quelle forme donner au conseil de classe de ces deux classes ? Exit, les constats appuyés sur le groupe, avec l’habituelle démonstration de la présence de la courbe de Gauss  à partir des moyennes générales puisqu’il n’y en a pas. « Enter », les appréciations basées  sur des éléments concrets d’apprentissage (les items des référentiels) et les conseils proposés. Nous proposons de faire un conseil à deux vitesses : une réunion de l’équipe, immédiatement suivie d’une rencontre avec les familles.
Lors de la réunion du conseil, un tour de table des professeurs leur permet de présenter leur point de vue de l’expérimentation aux délégués des parents d’élèves présents. Certains présentent leur démarche. Tous donnent un avis circonstancié sur la classe.
A partir du bulletin sacoche projeté au tableau, les résultats de chacun des élèves sont commentés, des conseils sont donnés dans l’appréciation. Nous trouvons les échanges plus factuels, plus riches car nous pouvons mieux définir les points faibles et les points forts.

La rencontre avec les parents
Nous recevons les parents par groupe de deux enseignants ou autres personnels dans une même salle équipée de tables rondes. Les deux membres de la direction sont présents ainsi qu’un membre de la vie scolaire. Il y a même des boissons chaudes et des biscuits. Pour appuyer nos entretiens,  nous avons en main le bulletin sacoche et le référentiel des items, que nous donnons ensuite aux familles. Nous proposons aux familles de remplir un petit questionnaire anonyme pour connaitre leur avis sur le dispositif.  L’ambiance est cordiale, chaleureuse.
Nous avons commencé le conseil à 15h et fini les rendez-vous avec les familles vers 18h. Trois heures pour une seule classe, c’est long. Mais nous voulions nous assurer que pour une première fois, nous accordons à tous les membres du projet le temps nécessaire pour échanger les points de vue, évaluer notre action et évaluer les résultats des élèves.  Vous trouverez en pièce jointe le résultat des sondages effectués auprès des familles et des élèves.
Je crois que je peux dire sans me tromper qu’enseignants, élèves et parents sont ressortis satisfaits, voire enthousiastes de ce moment si particulier d’échanges.

L’évaluation par la comparaison
Qu’apportent nos « classes sans note » de plus à nos élèves ? Il y a tout ce qui apparait dans les sondages que vous lirez. Et déjà, l’effet sur la confiance, l’estime de soi, le plaisir de pouvoir identifier  les points à améliorer et donc le surcroit de motivation, sont flagrants dans les témoignages.
Cependant, les chercheurs que sont Jean-Jacques et Vincent Bonniol  (tous deux professeurs en Sciences de l’Education à Aix-en-Provence) et qui nous accompagnent sur notre expérimentation sont plus exigeants. Pour une véritable évaluation il nous faut des faits.  Voilà donc leur proposition :   organiser pour la fin de l’année un test entre nos deux sixièmes « sans notes » et deux autres sixièmes  « avec notes » à hétérogénéité équivalente et comparer les résultats. L’évaluation que nous mettons en place dans nos classes sans notes permet-elle à nos élèves d’obtenir de meilleurs résultats ? Dans quels domaines ? En avant pour une évaluation de nos évaluations « au service des apprentissages des élèves » ?  L’avenir nous le dira.