Textes libres, création mathématiques, travaux d'histoire-géographie... 

Quelles sont les pratiques possibles de travaux libres au collège et au lycée ? 

Comment et quand les mener ? Comment et quand les exploiter collectivement ? 

Comment faire du lien (ou non) avec les programmes ? 

Quelle plus-value sur l'apprentissage des élèves ? Quelle qualité de production ? Quelle valorisation des travaux ?

Rebonds 5

J'ai proposé à mes élèves de 4eme, un premier travail "libre". 

La consigne : en utilisant un chapitre, un thème déjà travaillé, réalisé un document au format de votre choix. Vous avez deux heures et vous devez être fier de votre travail.

Les critères de réussites : l'autonomie, l'engagement dans le travail, la qualité et le soin du travail. 

Les élèves disposaient de leur classeur,  d'une seule feuille A3, de brouillons, d'un accès à internet s'ils voulaient illustrer leur travail et d'une imprimante.  

Nous avons fait la liste des formats possibles : affiche, carte mentale, texte, dessin... 

Ils ont commencé par choisir leur thème. Puis ils ont travaillé de façon autonome. J'étais disponible pour les aider et imprimer leur document. 

Vous trouverez quelques travaux d'élèves très réussis. Sur les 56 travaux seul 3 n'ont pas rempli les objectifs de qualité et de travail. 

Votre avis m'intéresse. 

 

Merci Olivier pour ce partage. 

Quelques questions me viennent à l'esprit : 

- As-tu eu des élèves qui ont eu du mal à commencer ? Et dans ce cas comment as-tu gérer ?

- As-tu eu des élèves qui ont démarré en partant sur plusieurs thèmes en même temps en voulant mettre un peu dans tous les sens ce dont ils se souvenaient ?

- As-tu exploité les productions des élèves ? Par des exposés ? Pour évaluer des compétences ?

- Peux-tu nous préciser la façon dont tu mènes ce genre de séance ? Tu restes disponible à ton bureau et ce sont les élèves qui te sollicitent ? Ou tu passes dans la classe en posant des questions etc ... 

Guillaume Caron Professeur de Mathématiques et formateur , le 12 Janvier 2015 à 13:31

Merci Olivier pour ton partage.

Je trouve ces travaux d'élèves vraiment très réussis....

karine sahler Prof d'histoire géo dans le Cher, le 12 Janvier 2015 à 20:43

J'avais écrit ça sur mon blog, je le remets ici :

Il m’arrive régulièrement de pratiquer la recherche libre mathématique, ce que les habitués de la pédagogie Freinet appellent la “création mathématique”. Je l’ai découvert au congrès de l’ICEM il y a quelques années et une collègue de maths de mon académie en utilise aussi en collège et m’a convaincu de l’intérêt que ce type de travail pouvait avoir.

Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit de partir de l’expression des élèves pour faire des mathématiques. Chaque élève a une feuille blanche face à lui avec pour seule consigne d’écrire ou de créer quelque chose de mathématique.

Pourquoi faire ? Les élèves créent, écrivent, tracent… en partant de leurs envies mais aussi de leurs représentations mathématiques. Au bout de 10 minutes, ils peuvent commencer à venir me montrer leur “création”. Je leur demande dans un premier temps de m’expliquer ce qu’ils ont fait. Cette phase est déjà très riche puisqu’elle demande un travail de verbalisation pas toujours simple. A ce moment précis, il s’agit pour moi de proposer une question à l’élève. Si possible un “défi” ou un questionnement qui demande de la recherche à partir de sa création. L’élève peut alors reprendre son travail sur des bases de recherche et de réflexion. L’élève peut alors revenir vers moi lorsqu’il aboutit, qu’il est bloqué, qu’il s’interroge… A la fin du travail, chacun remet au propre son travail.

Quelle exploitation ? Certains recherches sont particulièrement intéressantes et feront l’objet d’un exposé à la classe. C’est le cas de celles qui traitent du programme de la classe en question. Il est fréquent que les élèves découvrent des notions non encore abordées. L’élève peut alors expliquer son travail à la classe pour créer le “cours collectif”. Sur le niveau 4e, je sais déjà que sur les puissances, les équations, les agrandissements et réductions, le théorème de Thalès…. j’ai des élèves qui ont assez largement débroussailler le terrain et pourront présenter leur travail à la classe.

Evaluation ? A la lecture d’une recherche, j’effectue un relevé de compétences. Dès que certaines sont en évidence, je les signale en expliquant en quoi elles sont mises en lumière.

Les productions finissent dans le portfolio de l’élève.  Quel intérêt ? Ces travaux sont ponctuels. Ils ne constituent pas un mode de fonctionnement permanent. Trois ou quatre recherches de ce type dans l’année me suffisent largement. Elles permettent un suivi des élèves au plus près à partir de leurs représentations. Ils s’aperçoivent vite que tous ont une “culture mathématique” même s’ils se considèrent comme “pas bon en maths”. Il s’agit alors de LEUR recherche, de LEUR travail. La qualité de soin qu’ils fournissent sur ces travaux est particulièrement frappante et démontre une sorte “d’attachement” à ce qu’ils viennent de faire. Au delà de ça, ils construisent LEURS mathématiques en CHERCHANT. Si mon questionnement les oriente, il ne s’agit pas pour moi de donner des savoirs descendants à ce moment là. Des élèves en grande difficulté s’investissent pleinement dans ces travaux et finissent par faire de la recherche maths… qu’ils font moins facilement avec un énoncé “classique”.

Juste pour le plaisir : une de mes élèves a commencé une recherche libre avec des opérations à trou avec des lunes et des étoiles… ça a fini en équations avec approximation du résultat. Un autre a inventé une opération, nous avons pu vérifier la commutativité, l’élément neutre… Un autre a reconstruit toute sa vision sur les pourcentages à partir de ses exemples de soldes en faisant des erreurs et en écrivant des choses du type “Ce que j’écris n’est pas possible, ça ne correspond pas à la réduction, mon calcul doit être faux…”... Une autre a pratiquement reconstruit l'intégrale de Riemann en approximant des aires. 

 

Quelques photos d'extraits de travaux ci-joint

Merci Olivier pour ce partage.

Quelques questions me viennent à l'esprit :

- As-tu eu des élèves qui ont eu du mal à commencer ? Et dans ce cas comment as-tu gérer ?

Très peu. Dans chaque classe seuls deux élèves ont eu du mal, et j'ai du les aider. Mais ce sont des élèves en grandes difficultés par ailleurs (scolaire et psychologique). Je les ai aidé à choisir le chapitre et ensuite le thème. Sur l'ensemble des 56 élèves, j'ai eu deux travaux déplorables ( peu de travail, sale, vide...) 

- As-tu eu des élèves qui ont démarré en partant sur plusieurs thèmes en même temps en voulant mettre un peu dans tous les sens ce dont ils se souvenaient ? Non, ils ont suivi le cadre : un chapitre ou un thème, mais ils auraient pu. 

- As-tu exploité les productions des élèves ? Par des exposés ? Pour évaluer des compétences ? Je n'ai évalué que deux choses : l'autonomie et le travail et la qualité. Mais cela m'a ouvert des portes que je compte bien utiliser. Si j'avais le temps, je leur demanderais bien de le faire à la fin de chaque chapitre ; ce fut un résumé de qualité de notre travail. Quel beau moyen d'apprendre, quel beau doc à garder... mais 2h par chapitre en plus cela risque de  coincer. Je suis en mode réflexion. 

- Peux-tu nous préciser la façon dont tu mènes ce genre de séance ? Tu restes disponible à ton bureau et ce sont les élèves qui te sollicitent ? Ou tu passes dans la classe en posant des questions etc . Pendant 1O minutes, je n'ai rien fait. Je suis ensuite passé pour regarder leur choix. J'ai aidé les quelques élèves perdus. Puis je les ai laissé travaillé. Assez rapidement, j'ai été accaparé par l'impression des images. Ils ont été autonome et l'immense majorité a fait le job. Ils ne m'ont posé que très peu de questions. Des inquiétudes sur les formes parfois.... 

 

Les 2 heures ont filés. 

Je donne 10 min. à mes élèves en début d'heure pour soit écrire un texte libre (semaines A) soit lire un texte de leur choix, "lecture libre" (semaines B). Ce travail peut être validé dans le système d'évaluation que j'utilise ("ceinture" de compétences).

Tous les élèves écrivent - il y a une obligation d'un nombre de mots minimum en fonction de leur niveau - et si au début de l'année, ils ont pour certains du mal à s'y mettre, ils prennent confiance au fur et à mesure. Ils peuvent présenter leur texte à la classe , le mettre sur le blog (s'il est accepté) ou choisi pour faire l'objet (avec leur accord) d'un travail de réécriture collective.

Je n'enseigne plus, ne suis plus en relation directe avec les 850 élèves de mon lycée professionnel mais continue à affirmer mon rôle de pédagogue au travers de mes fonctions de proviseur adjoint.

En évitant de bousculer les pratiques des enseignants, de mettre en avant mes compétences de formateur - une de mes précédentes fonctions -, je tente de poser le cadre pour des activités libres en réponse à des préoccupations rapportées par les enseignants.

Lors des conseils de classe de l'année dernière, sont revenues comme des leitmotivs des remarques sur le manque de travail personnel des élèves de notre quartier situé en zone défavorisée sur la côte est de La Réunion. Lors de la remise des emplois du temps, à l'occasion de la prérentrée 2015, j'ai expliqué aux enseignants qu'ils allaient trouver pour chaque division une heure bloquée en milieu de matinée ou d'après-midi (M2, M3, S2 ou S3 dans notre jargon), indéplaçable, une heure pour la classe, sans professeur et intitulée HPPC pour Heure de Projet Personnel ou Collectif.

Un trou dans ce qu'on peut espérer de plus compact, un temps de respiration alors que les élèves souhaiteraient plutôt respirer extra muros, quelle drôle d'idée! Chaque division avait son HPPC et très rarement superposée avec une HPPC d'une autre classe.  Après 7 mois d'expérimentation, des projets sont nés, des prolongements à ceux conduits en accompagnement personnalisé, de nouveaux projets sur le développement durable, sur l'éducation au respect mutuel, sur le journal du lycée ...

Des personnels (assistante sociale, infirmière, CPE, assistants pédagogiques ...), des enseignants dont un trou dans l'emploi du temps correspondait à celui des élèves, la documentaliste ... bref des adultes sont venus encadrer des élèves qui ne demandaient que cela ; parfois il ne s'agissait que de préparer un devoir à venir.

La meilleure surprise pour ce projet qui au début a suscité davantage d'interrogations que d'approbations est venue d'un professeur principal de première qui en conseil pédagogique a regretté qu'il n'ait pas dans son emploi du temps un trou qui se superposerait à la classe dont il a la charge. Je travaille en ce moment à l'élaboration des emplois du temps 2016-17 et je ne vais pas manquer l'occasion, même si cela crée des contraintes supplémentaires, de profiler certaines heureuses superpositions.

En conclusion : dans l'établissement comme ailleurs, la nature a horreur du vide : créons un vide dans les emplois du temps, il sera vite comblé!

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