Comment nous avons décidé d'organiser nous-mêmes
la consultation sur le nouveau projet de socle commun

Une consultation nationale sur le nouveau projet du socle? Super, ça nous intéresse. Et si on demandait à notre principale de nous déléguer l’organisation des débats?
Après tout, on connaît bien les collègues et les problématiques de l’établissement. Le socle, ça fait une paire d’année qu’on en parle à Loos-en-Gohelle, et il serait bien que les collègues perçoivent l’enjeu de cette consultation, que la demi-journée banalisée qui nous est proposée soit propice aux échanges entre nous et que les débat engagés permettent d’alimenter la réflexion et donnent du grain à moudre pour répondre au questionnaire en ligne du ministère.
Ah oui, et on pourrait aussi proposer aux professeurs des écoles de se joindre à nous. Maintenant qu’on travaille ensemble dans les conseils de cycle, profitons-en.

Bon, rien que cela!
Ceci dit, les ateliers de discussion au collège, on en a l’habitude parce que nous nous formons depuis des années ensemble à l’interne, et parce que nous avons pris l’habitude de nous mettre en ateliers de discussion sur des sujets aussi épineux que l’évaluation ou la différenciation pédagogique.
Ce qu’il faut, c’est être efficace; or le questionnaire en ligne fait des pages et des pages. (On le sait, on a tout téléchargé et imprimé pour analyse préalable)
On dispose de 3 heures, dont une première demi-heure de présentation des enjeux de ce nouveau socle par le chef d’établissement, et une dernière demi-heure de réponse au questionnaire.
Il reste donc deux heures en tout et pour tout pour parler du texte. Que nous décidons de mettre en téléchargement sur l’ENT du collège pour demander aux collègues d’en faire une lecture préalable. Bon, c’est comme les élèves, y’en a qui l’auront pas lu, c’est sûr. Mais le texte est long et dense, et nous pensons que chacun sera mieux chez soi pour en prendre connaissance et que ça permet de se garder plus de temps d’échanges entre nous. Alors, nous allons insister sur l’importance de l’avoir lu avant de venir.

5 domaines de formation, ça peut nous faire 5 ateliers de parole.
Nous faisons le choix que chaque atelier s’interroge sur quelques questions générales posées dans le questionnaire (Sur les enjeux globaux du texte, sur la forme et la lisibilité du projet, sur les pratiques d’évaluation ou sur la validation), puis se penche sur un domaine de formation précis.
Nous avons essayé de poser des questions qui lancent la discussion. Les ateliers ne réfléchissent pas aux mêmes questions pour que la mise en commun soit intéressante à écouter.
Nous avons réparti les collègues dans les ateliers de telle sorte que les disciplines les plus directement concernées par les champs d’activités soient présentes dans les domaines de formation correspondants.
Et nous avons cherché des animateurs pour les ateliers (Parmi les collègues qui aiment bien ce genre de choses. On a réussi à en trouver 3 autres, en plus de nous deux), que nous avons brieffé sur les techniques d’animation de débat (en grande partie apprises aux Rencontres et réunions des Cahiers Pédagogiques, afin d’éviter la monopolisation de la parole, l’effet ping pong entre deux collègues aux positions opposées, la gestion du temps et la restitution au grand groupe)

Voilà, dans le document joint, nous vous livrons notre répartition des disciplines dans les ateliers (répartition faite en fonction du nombre d’enseignants de notre établissement), ainsi que les questionnements que nous allons soumettre à chaque atelier.
En espérant que cela vous inspire...

Petite bibliographie:

Philippe Perrenoud « le socle et la statue »

Nous avons ensuite publié deux hors série toujours disponibles :
Le socle commun, mais comment faire ?
Socle commun et travail par compétences , balises et boussole
et très récemment le dossier du numéro 515 : Vers l’école du socle
Mais il faut sans doute aussi se reporter au dossier du numéro 507 Questions aux programmes, qui apporte aussi une réflexion plurielle sur les rapports entre socle et programme. En complément, on peut trouver un guide téléchargeable
voir aussi notre tribune :
http://www.cahiers-pedagogiques.com/Programmes-scolaires-pour-une-vraie-...
Nous avons également pris position sur le nouveau socle commun et fait part de nos critiques. Voir
les textes écrits collectivement au sein du collectif « Socle commun , promesse démocratique
Récemment la critique sévère de Denis Meuret

Rebonds 11

Je travaille dans un établissement où tous les clichés existent sur le socle commun "trop libéral" "pas assez de travail sur les fondamentaux" "idée de droite" "idée de gauche" etc etc etc suivant la sensibilité des collègues.

Autant dire que j'arrivais le jour de la consultation sans trop d'espoir et d'ailleurs sans trop savoir ce qui était prévu puisqu'on avait dû oublier de nous expliquer le fonctionnement...

Je fus agréablement surprise car finalement, les remarques furent certes souvent bloquées sur "savoir plus" "fondamentaux" et autres "les compétences ça sert à rien" voire "on y comprend rien, on ne m'explique jamais pareil" mais il y eut aussi beaucoup de questionnements et de propositions intéressantes, voire surprenantes de la part de certains.

Cela a commencé plutôt mal. A peine assis, certains ont démarré la litanie habituelle des complaintes entendues voire rebattues "on nous consulte mais ça servira à rien", "le socle c'est pas pour nous, enfin nos élèves l'ont tous". Ayant supporté 5 minutes de cette litanie, je proposais de recadrer la question autour de "mais qu'est-ce que le socle?" je ne fus pas déçue ! Pour vous épargner, je vais passer sur ce merveilleux moment qu'en d'autres temps j'appelais le bingosocle, mais par correction j'avouerai humblement ne pas avoir atteint le superbingo, mais 2-3 bons bingos d'or. Je pris donc mon bâton de pèlerin et réexpliquais les buts du socle, en le séparant bien du LPC (merci d'ailleurs à ma, habituellement, formidable principale adjointe d'avoir démonté leur séparation nette 10 minutes après) et en revenant sur les compétences et ce qu'elles sont vraiment. Incroyable, mais vrai, j'obtins un franc succès en expliquant que la plupart d'entre eux devaient déjà probablement enseigner des compétences et que cocher des cases n'est absolument pas un but en soi. Ouf ! Bien aidée de la collègue, très ouverte et qui depuis m'a demandé des lectures, qui prenait les notes et les deux professeurs-documentalistes présentes, nous avons commencé les questions. Honnêtement, je les ai trouvé mal posées et redondantes mais ce n'était surement pas l'objectif.

Que pensez-vous du texte ? non franchement, ils ont osé en première question !!! Etant la seule à l'avoir lu, je fus la seule à répondre, mais ma réponse amena des questions, nombreuses, sur comment c'était avant, "ah, mais ça je faisais" "j'ai essayé mais ça marche pas" (j'attends toujours la réponse à ma question sur les modalités de cette expérience ratée, mais passons encore)

Ensuite, ce fut beaucoup d'aller-retour sur les modalités de mise en oeuvre, l'évaluation, les programmes... Mais ce que j'en retiens surtout, c'est qu'enfin ils se sont emparés de l'objet socle commun, dont ils voient enfin les finalités et qu'enfin ils se sont posés des questions sur leurs pratiques et comment elles pourraient ou non entrer en cohérence avec un socle (s'il n'était pas celui-là, ça semble clair).

 

Petit florilège des phrases entendues ce jour-là en positif comme en négatif : 36 ans "je ne changerais plus mes pratiques à mon âge!" "bon, mais s'il faut communiquer avec les parents pfff, ils comprennent mieux les notes pourquoi faire autrement ?" 30 ans "mes parents ont appris comme ça donc je fais pareil" "Zemmour ne dit pas que des âneries" (je ne sais plus comment c'est arrivé sur le tapis) 65 ans "j'ai toujours fait comme ça, vos compétences hein, je m'en moque" "et puis en maths c'est plus facile de comprendre, il suffit d'apprendre et de s'entrainer" (OMG diraient des Américains) mais aussi 32 ans "j'ai des copains qui ont testé et ça ne se passe pas avec que des cases tu te trompes" "mais c'est super relevé ce qui est demandé dans ce texte" "tu peux m'expliquer ce qu'on peut faire pour permettre aux élèves d'apprendre autrement?" 45 ans "nous en techno on fait déjà beaucoup de travail en équipe" "je veux bien mais les compétences ça va, ça vient, parfois tu sais et parfois tu y arrives pas, comment on gère un rouge et un vert ?"...

 

En PJ, notre bilan

 

 

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