Le temps d'accompagnement périscolaire constitue un nouveau moment d'apprentissage qui reste totalement à découvrir et à mettre en place.

De nombreuses discussions ont eu lieu au sein de l'association. il nous a semblé intéressant d'en soumettre quelques unes. 

Yann Forestier: Je n'avais pas suivi la préparation de cette affaire dans ma communeDans le débat (passablement surfait pour raisons politiques, on le sait)

sur les rythmes scolaires, on ne parle guère de ce que font les enfants
en fin de journée, sinon pour déplorer la difficulté des mairies à
recruter des animateurs.

l'année dernière, mais, ayant pris la responsabilité d'une association
locale pour dépanner, il est grand temps que je me documente.

Les enfants, trois heures par semaine, pratiquent donc des "temps
d'activités périscolaires", ou TAP, différentes chaque jour et changeant
après chaque période de vacances. On y trouve de tout : éveil musical,
multisport, découverte du milieu... J'ai l'impression que cela
fonctionne un peu comme cela dans la majorité des communes.

Je me pose toutefois la question : ne sommes-nous pas en train de passer
à côté de quelque chose qui était en fait peut-être l'enjeu principal de
la réforme ? Ne sachant pas quoi faire de cette nouvelle heure, on a
inventé un dispositif qui, soit dit en passant, va décharger les
enseignants de choses que beaucoup pratiquaient déjà dans leur classe et
leur permettre de se recentrer sur le bon vieux lire-écrire-compter.

Or nos communes ont déjà quantité d'activités qui pourraient remplir ces
créneaux : il y a des clubs de foot, des troupes de théâtre, des
fanfares, du scoutisme... Ne fallait-il pas parier sur le développement
des ces activités qui existent déjà au lieu d'inventer une usine à gaz ?
On en est au point où, dans ma commune, l'atelier théâtre, qui a
maintenu ses activités sans rien y changer, s'inquiète de la concurrence
que les TAP lui font.

Qu'on mette en place des activités d'initiation, de découverte, qui
varient souvent, pour amener progressivement les enfants à s'intéresser
à des activités variées, pourquoi pas, mais pourquoi serait-il
impossible de placer l'entraînement de foot, pour ceux qui veulent en
faire plus, tous les jours de 15h30 à 16h, et les répétitions de théâtre
au même rythme, histoire que les activités extra-scolaires soient enfin
reconnues comme des occasions d'exceller et non comme des occasions
ponctuelles de défoulement qui polluent les week-ends des familles en
imposant qui un match le samedi matin, qui une répétition le samedi
après-midi ?

Au lieu de payer des animateurs à inventer des activités nouvelles, qui
peuvent certes avoir leur intérêt, ne pourrait-on accroître les moyens
des associations et clubs locaux pour qu'ils embauchent des animateurs
pour faire plus fréquemment ce qu'ils casent péniblement, aujourd'hui,
dans les interstices des mercredis après-midi et des soirées...?

Vous en pensez quoi ?

Christine Vallin: J'en pense deux choses : d'abord que tu as raison pour le travail avec les associations, que travailler avec elles, certains le font, comme certains ont proposé à des parents, des locaux, ce qui a en effet des retombées sur le tissu social, culturel, associatif et coute peu cher. Je ne sais pas si certains ici en connaissent. Ca se fait particulièrement en milieu rural où l'on a déjà peut-être plus ce genre d'habitude de travailler ensemble. Nous en avions parlé dans le dossier actus rythmes scolaires (en téléchargement libre). Par contre, si on ne met pas d'obligation de participation aux activités d'après l'école (faire de la musique, de la danse, du basket en club, écoles de musique), là on connait très bien le phénomène, auquel les activités périscolaires comptaient remédier : seules les CSP favorisées y vont. On peut regarder l'origine des élèves qui vont en élèves de musique, même pas chères, municipales, subventionnées, c'est éloquent. (Et c'est pour cela que je tenais tant à l'heure de musique au collège.)

Evelyne Clavier: Un petit point à mon tour, sur les TAP.

Dans la commune de Champigneulles (54) où je réside et je travaille,  une récréation de 15h45 à 16h30  est organisée avant la mise en place des activités périscolaires payantes.Résultat: seule la moitié des élèves y participe.L'organisation  s'avère donc discriminante et ne respecte pas l'esprit du décret initial.

A Nancy , dans certaines écoles , les TAP seront mis en place seulement après les vacances de la Toussaint. L'école y finit à 16H.

Dans une commune voisine , Frouard , les TAP ont été mis en place dès la rentrée 2013 et ça fonctionne malgré la lourdeur financière et organisationnelle.  Le principe de la gratuité y est respecté.

Ces trois exemples lorrains tendent à prouver que chaque commune interprète à sa manière le décret ..

Patricia Gérot: Dans ma commune les associations ne risquent aucune concurrence puisque les TAP se réduisent à être dans la cour, par tous les temps sans même un ballon pour jouer !

Je me permets toutefois quelques remarques :

- finalement,les enfants qui ont des activités en association ne sont pas si nombreux. Dans ma classe, issue d'un quartier sans particularité très marquée, seule une moitié fait quelque chose en dehors

- notre programme scolaire n'a pas changé et nos horaires non plus : nous avons toujours le sport, la chorale, les arts visuels ... au programme. Les objectifs d'un enseignant et ceux d'un club de sport ne sont pas forcément les mêmes. Il me semble important que nous continuions à pratiquer toutes ces activités, ne serait-ce que pour ne par réduire l'école à des matières" très exigentes" (je ne sais pas comment formuler ma pensée) et nous laisser la joie de l'interdisciplinarité.

- les deux problèmes auxquels sont confrontées les villes, en dehors de recruter des animateurs compétents sont : les locaux (à la campagne, il n'y a pas de gymnase, de piscine, de salle de collectivité ... partout) et les trajets et déplacements. Comment emmener les enfants au stade de foot quand il se trouve à 20 min de marche et qu'on a 45 min de TAP ?

Certaines communes ont à faire face à des contraintes logistiques qui rendent la mise en oeuvre de TAP intéressants compliquée. D'autres, comme la mienne, font clairement preuve d'obstruction. Ce qui fait que d'un projet généreux, on aboutit à une mise en place parfois complétement opposée aux objectifs de la loi. Car, en effet, au forum des associations cette année, on a constaté une très grande dimunition des enfants inscrits. Par forcément que pour des raisons économiques ou à cause du fait qu'on compte sur les TAP pour faire à la place, mais aussi parce que le choix du mercredi matin travaillé prive bon nombre d'associations de leur temps de "travail", tout le monde se rabat sur le même créneau, donc on ne peut plus faire autant d'activités qu'avant.

Gwenael Le Guevel nous illustre tout ça par un petit dessin humoristique:

Le cahier à consulter: 

 

Rebond 1

Dominique Seghetchian

Deux anecdotes.

Une maman ex-sans papier suivie par le réseau RESF me téléphone régulièrement pour me transmettre les bonnes nouvelles concernant sa famille. Là, c'est que son mari vient enfin de trouver du travail après presque 2 ans de recherche. Dans le bâtiment, en déplacement du lundi au jeudi. La bonne nouvelle d'avant, c'était qu'elle avait obtenu un financement pour passer son permis de conduire.

Je la "cuisine" gentiment et j'apprends qu'elle ne peut plus aller à la formation au code pour cause d'horaires de récupération de enfants. Question : il n'y a pas des activités après l'école qui te laisseraient le temps ? Réponse : il faut payer... Cela c'est sur Tours (37).

Sur le Loir-et-Cher (41) maintenant. Le collègue qui m'a écrit cela est un ancien aide-éducateur de mon collège qui m'a trouvée en cherchant sur le site des Cahiers pour travailler dans sa classe, ce qui peut sembler plutôt signe qu'il se bouge, que ce n'est pas un enseignant gnangnan et réac (cest moi qui modifie les noms de lieux, n'ayant pas sollicité son autorisation de partager ces confidences, par contre les changements de police se sont produits indépendamment de ma volonté lors du copier-coller) :

[...]C'est vrai que notre "vénérable institution" ne nous a pas épargnés ces 10 dernières années...

  L'an dernier, année de la fameuse réforme ou "refondation de l'école" comme ils disent (pronom de la victimisation argh, moi aussi!), ils ont osé fermer des classes dans les écoles...Dans mon école, à M. près C., nous avions une moyenne "indécente" de 23 élèves par classe (juste un creux avec une année de faible arrivée de  CP et un grand nombre  de CM2 allant au collège) eh bien ils ont fermé ma classe avec toutes les conséquences qui en découlent: des classes de 30, surchargées sans aucune marge de manœuvre pour l'adaptation pédagogique et je ne te parle pas de la mise en place des nouveau rythmes...je suis en colère car, pendant les audiences devant notre DASEN   pour tenter d'éviter cette fermeture imbécile, ils nous ont avoué  une 20 aine de classes sans enseignants dans le département... Une moyenne, plus un pic.

Autrement dit, ils nous bourrent le mou avec une réforme à la noix qui met un bazar pas imaginable dans les écoles et dans les familles pour aménager ce qui se passe en dehors des murs de la classe et en dehors des temps d'enseignement que nous assurons face aux élèves...

Aux grands MAUX, les grands mots! (une refondation, normalement, c'est un sacré processus, qui doit changer / améliorer bon nombre de choses...)

Tout cela passe donc AVANT la nécessité d'avoir suffisamment de personnel enseignant / remplaçant / RASED dans les écoles...

Tout va bien donc. (c'est un genre de "syndrome de Midas" dont notre hiérarchie est frappée: toute idée, si bonne fut-elle à son départ, là où elle a été mise en place, tout idée donc, passant par l'alambique de nos institutions se retrouve non pas changée en or (à part peut- être celui dépensé par les communes...) mais en une grosse bouse, que tout le monde "renifle"...(je pense au "PET", Projet Éducatif Territorial...)

Je n'ai donc officiellement plus aucun espoir vis à vis de tout ce qui peut venir "d'en haut"... Je m'en protège en leur montrant de jolis tableaux bien cochés, des séances et des formulaires bien remplis (c'est important ça, le "rempli", puis j'ai une famille, une maison à payer...)

Mon carburant,  ma motivation, c'est toujours d'être au contact des élèves, de les connaître,  d'essayer de comprendre leurs fonctionnements pour mieux les aider...

Pour ma part j'ai échappé à des postes terribles (du genre faire les temps partiels des collègues aux 4 coins du 41) et je me retrouve en cette rentrée 2014 à H., commune voisine de mon ancienne affectation, avec le même niveau CE2 CM1,  des élèves tout aussi mignons, aussi peu nombreux (22, houlà, je vais encore sauter moi) avec des moyens confortables (TBI, salle info à côté de ma classe, etc...)"

Domie

 

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