Pour être au courant des ateliers, restitutions, temps libre...

La chanson mythique de Lysandre

 

Certains cherchent les paroles du petit quinquin

L'Canchon-Dormoire
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main.
Ainsi l'aut' jour, eun pauv' dintelière,
In amiclotant sin p'tit garchon
Qui d'puis trois quarts d'heure, n'faijot qu'braire,
Tâchot d'lindormir par eun' canchon.
Ell' li dijot: Min Narcisse,
D'main t'aras du pain d'épice
Du chuc à gogo
Si t'es sache et qu'te fais dodo.
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main.
Et si te m'laich eun'bonn' semaine,
J'irai dégager tin biau sarau,
Tin patalon d'drap, tin gilet d'laine
Comme un p'tit milord te s'ras farau
J't'acaterai, l'jour de l'ducasse
Un porichinel cocasse,
Un turlutu,
Pour jouer l'air du capiau-pointu.
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main
Nous irons dins l'cour Jeannette-à-Vaques,

Vir les marionnett's. Comme te riras,
Quand t'intindras dire: un coups pou Jacques
Pà d'porichinel qui parl' magas.
Te li mettra din s'menotte,
au lieu d'doupe, un rond d'carotte
it'dira merci
Pins' comme nous arons du plaisi
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main
Et si par hasard sin maite s'fâche,
Ch'est alors Narcisse; que nous rirons!
sans n'avoir invi', j'prindrai m'nair mache
J'li dirai sin nom et ses sournoms,
J'li dirai des faribolles
I m'in répondra des drôles;
Infin un chacun
Vera deux pesta'c au lieu d'un
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main
Allons serr' tes yeux, dors min bonhomme
J'vas dire eun' prière à P'tit-Jésus
Pou'qui vienne ichi, pindant tin somme,
T'fair' rêver qu'j'ai les mains plein d'écus,
Pour qu'i t'apporte eun'coquille,
Avec du chirop qui guile
Tout l'long d'tin minton
Te pourlèqu'ras tros heur's de long
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main
L'mos qui vient, d'Saint'Nicolas ch'est l'fête.
Pour sûr, au soir, i viendra t'trouver.
It f'ra un sermon, et t'laich'ra mette
In d'zous du ballot, un grand pannier.
I l'rimplira, si tes sache
d'séquois qui t'rindront bénache,
San cha, sin baudet
T'invoira un grand martinet.
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main
Ni les marionnettes, ni l'pain n'épice
N'ont produit d'effet. Mais l'martinet
A vit rappagé l'petit Narcisse,
Qui craignot d'vir arriver l'baudet
Il a dit s'canchon dormoire
S'mèr, l'a mis dins d'nochennoire
A r'pris son coussin,
Et répété vingt fos che r'frain.
Dors min p'tit Quinquin Min p'tit pouchin min gros rojin
Te m'fras du chagrin si te ne dors point ch'qu'à d'main

http://miely.pagesperso-orange.fr/musique/Ptitquinquin.html

le cercle de Céline et Francis  http://cercles.cahiers-pedagogiques.com/cercle/le-socle-commun-et-le-dia...

Rebond 1

Je dépose ici le texte de mon discours d'ouverture des Rencontres PhW

---------------------------

Rencontres 2014

« L’école : des changements, pour quoi faire ?»

du Mardi 19 aout au Lundi 25  aout à La Capelle (Aisne)

 

Discours d’ouverture 

Bienvenue à tous dans ces rencontres du CRAP. J’espère de tout cœur que vous apprécierez cette semaine faite à la fois de réflexion et de convivialité. Les rencontres du CRAP c’est un an de préparation pour à la fois trouver un lieu mais aussi un thème et des ateliers. Cette année, le thème choisi est très politique mais aussi très pédagogique : « L’école : des changements, pour quoi faire ?»

 

Même s’il ne faut pas confondre les moments et que le discours d’ouverture des Rencontres n’est pas celui de l’Assemblée Générale, je vais donc profiter de ce discours d’ouverture pour revenir sur les deux années écoulées et y porter un œil pédagogique mais aussi “politique” puisque le thème nous y invite. 

 

Retour sur cette année

L’année scolaire 2013-2014 qui s’achève a été marquée par le remaniement ministériel et le remplacement de Vincent Peillon par Benoît Hamon. Et, au delà du changement de personnes, c’est aussi la dynamique de ce qu’on n’ose plus appeler la “refondation” qui semble marquer le pas.La question des rythmes scolaires comme nous le craignions a été l’objet de crispations de toutes sortes. Les résistances sont venues d’une partie des enseignants du primaire dans un contexte de “malaise” lié à un sentiment de déclassement et attisé par les surenchères politiques et syndicales. Elles sont aussi le produit de la politisation du débat par le télescopage du calendrier avec les élections municipales.

La loi sur la refondation de l’École, votée en juin 2013, après un temps très (trop) long de discussion est rentrée dans une phase d’application concrète. On a vu ainsi se mettre en place avec plus ou moins de  difficultés les ESPÉ, le conseil supérieur des programmes, la réforme de l’éducation prioritaire. Les négociations sur le métier pourtant bien modestes ont été présentées comme une étape “historique”. Mais pouvait-on faire plus alors que les élections professionnelles approchent et bloquent aujourd’hui toute avancée ?

Il faut aussi évoquer le contexte budgétaire. La nécessité de trouver 50 milliards d’économie pèse évidemment sur la priorité accordée à l’éducation et la promesse de l’embauche de 60 000 postes et limite considérablement les marges de manoeuvre. Et bien sûr à notre niveau plus modeste, cela nous fait craindre aussi que l’aide de l’État par la subvention, toujours pas reçue à ce jour, ne soit pas à la hauteur des années précédentes.

Pour finir ce tour d’horizon, il faut dire que la morosité touche plus globalement l’ensemble des français avec la stagnation du pouvoir d’achat et la montée du chômage et une politique économique floue et mal perçue. Et cela n’est pas favorable à l’esprit de réforme. Dans le domaine de l’éducation comme dans les autres...

La claque des municipales, on l’a vu, a conduit au remaniement et Vincent Peillon a été sacrifié pour sa mauvaise gestion des rythmes scolaires. Il a donc été remplacé par Benoît Hamon, peu au fait des questions d’éducation,  qui s’est présenté comme le “ministre de l’apaisement” (celui qui vient “pisser sur les braises”...). Mais cela fait craindre que la suite des réformes soit édulcorée et qu’on en perde le sens initial. Mais au fait, quel est-il ?

Une refondation en manque de slogan...

Dernièrement (fin juillet), j’ai été interviewé par une jeune chercheuse qui travaille sur la refondation et plus particulièrement sur la concertation de l’été 2012. Ses questions m’ont amené à me replonger dans ce moment qui semble à la fois si proche (deux ans seulement...) et si lointain tant le contexte est aujourd’hui différent. Rappelons nous toute la période qui a précédé l’élection. En octobre 2011, nous tenions des “Assises de la pédagogie” qui avaient pour titre “Pour une école plus juste et plus efficace”, dès le mois de janvier nous rencontrions Vincent Peillon qui consultait déjà tous les partenaires.

Rappelons nous aussi que le premier discours de François Hollande (sous la pluie !) fût devant la statue de Jules Ferry aux Tuileries. Et la concertation durant l’été 2012, fut elle aussi un moment  de mobilisation et d’optimisme même si nous discernions déjà des signes de blocages derrière le “constat partagé”. Et nous avons pris toute notre part dans ces travaux en faisant des propositions et en participant activement à la quasi totalité des ateliers. Même si le colloque du n°500 en octobre 2012 avec la participation de Vincent Peillon fut un épisode remotivant, nous avons déploré l’attentisme et les atermoiements qui ont freiné la logique de changement durant ces deux années qui ont suivi.

Il appartiendra à l’histoire et aux commentateurs de faire le bilan et la liste des raisons qui ont conduit à la situation actuelle. Je m’y suis risqué pour ma part dans un texte de janvier 2013 (Refondation : erreurs et blocages). Je ne vais pas le reprendre ici, je vous rassure ! Mais je voudrais m’attarder sur un point qui a à voir avec le thème de nos rencontres :  Il me semble qu’il a manqué un slogan à cette refondation.

La loi d’orientation de 89 a été souvent résumée par la formule “l’élève au centre”. La loi d’orientation de 2005 a été marquée par le “socle commun”. Mais celle de 2013 ? Refonder, d’accord mais pour quoi faire ?

Vincent Peillon a été un ministre lyrique, on se souvient de ses discours comme de moments exaltants. Le terme même de refondation a été un choix habile puisqu’il tentait une synthèse entre les valeurs “républicaines” (qui ne doivent pas être accaparées par un camp) et la pédagogie. Mais malgré cela, on a du mal à trouver un slogan qui résume la direction dans laquelle doit/devait aller cette loi d’orientation (qui porte mal son nom...).

Le constat partagé lors de la concertation et qui a été rappelé avec force lors de la publication du rapport PISA nous donnait pourtant le point de départ. Notre École est une des plus inégalitaires du monde et celle où le poids de l’origine sociale est le plus déterminant dans la réussite scolaire. Comme le disait déjà Baudelot et Establet en 2007 dans “L’élitisme républicain”, la France est le pays du grand écart... Par ailleurs, outre les inégalités nous fabriquons de l’échec scolaire, ce sont près de 20% de jeunes qui sortent sans diplôme. Ce que nous apprennent les comparaisons internationales, c’est aussi que d’autres pays font mieux ou moins mal dans ce domaine sans dépenser plus.

 

Toutefois malgré ce constat, le système change peu. La critique du système est prise par de nombreux enseignants comme une critique de leur propre travail. D’autres se réfugient derrière l’attente d’une réduction des inégalités dans la société pour se dispenser d’agir au quotidien dans leur classe. Quant à l’opinion, du moins celle qui s’exprime et y compris dans l’électorat de la gauche, elle s’accommode finalement assez bien de ce noyau dur d’exclus et d’un système qui laisse sur le bord de la route les plus faibles. Malheur aux vaincus !

Au risque de l’immodestie, peut-être que le slogan qui a manqué à la refondation, on pouvait le trouver dans notre colloque de 2011 qui militait « pour une École plus juste et plus efficace ». Ou même dans des travaux plus anciens (colloque sur l’égalité des chances en 2008) lorsqu’à une école républicaine fondée sur la méritocratie et la sélection nous appelions à passer à une école réellement démocratique c’est-à-dire inclusive et qui soit un lieu de réussite pour tous et chacun. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous sommes tant engagés dans la défense d’un socle commun qui permette une réelle ambition démocratique et qui offre un enseignement qui soit réellement explicite et pas réservé aux seuls “héritiers”.

Le titre des rencontres est tout à fait justifié : “des changements pour quoi faire ? ”. Car tous les changements ne se valent pas. Et c’est à l’aune de cette lutte contre les inégalités qu’il nous faut d’abord évaluer  les innovations et les réformes. Aussi bien ce que nous faisons dans nos classes que les réformes qui nous sont présentées. Car le slogan du CRAP depuis très longtemps nous le rappelle, les militants pédagogiques tels que nous sont dans une tension permanente entre plusieurs niveaux d’action qu’il s’agit de concilier. Celui de l’action au quotidien dans nos classes et dans nos établissements et celui de l’action politique au niveau de l’ensemble du système éducatif. Sans compter les enjeux de tout le reste du slogan “changer la société” !

 

Un militant n’est jamais endeuillé”, cette phrase de Daniel Hameline (que m’a rappelée un jour Michèle Amiel) me semble un bon moyen de conclure cette réflexion sur la refondation. Certes, il peut y avoir de la déception voire de l’amertume lorsqu’on observe le petit monde de l’éducation, ses postures et ses blocages. A tel point que nous avons prévu d’intituler notre prochaine table ronde “le changement, c’est maintenu ? ”. Mais cette déception ne doit pas nous dispenser d’agir là où nous le pouvons. Au contraire. Ne soyons pas semblables à ceux que nous blâmons et « qui sont revenus de tout sans jamais y être allés » (celle-là elle est de Philippe Meirieu). A nous de “fatiguer le doute”, contourner les blocages et chercher ensemble à améliorer notre enseignement pour aller vers une école plus juste, plus efficace, inclusive, bienveillante...

 

 

Merci

Nous aurons l’occasion durant ces Rencontres de revenir sur la vie de l’association lors d’un moment qui y sera spécifiquement consacré jeudi matin. Bien sûr, je suis disponible ainsi que tous les membres du bureaupour répondre à toutes les questions au cours de cette semaine.

Je voudrais pour finir complètement ce petit discours introductif remercier les Maisons familiales rurales qui nous accueillent dans ce lieu. Je remercie aussi les organisateurs, Cathy, Jean-Yves et Jacques ainsi que  tout le  bureau (et en particulier Christine et Michèle).

Je  laisse maintenant la parole aux organisateurs et je redeviens un simple participant.

 

Philippe Watrelot   le 10 aout 2014

Remonter