Plongés dans la mémoire de la première guerre mondiale, nous avons retrouvé des documents qui nous font soupçonner que la mort au combat d’un tirailleur sénégalais est en réalité un assassinat maquillé en fait de guerre. Votre mission, si vous l’acceptez : rétablir la vérité au travers d’une enquête collective. Mêlant fiction et documents authentiques, cette enquête sera l’objet de l’écriture collaborative d’une nouvelle policière s’appuyant sur les champs de compétence de chacun et des l’utilisation d’indices issus des différentes disciplines (outils numériques, histoire, sciences...). Prêts pour l’aventure ?

Rebonds 6

Pour se mettre dans l'ambiance, je vous invite à lire ce roman policier, très bon, lu il y a quelques années. Les informations ci-dessous sont tirées de Wikipédia.  

Le Boucher des HurlusAuteur Jean Amila, Éditeur Gallimard, Collection Série noir, 1982

Résumé"Juste après la Première Guerre mondiale, Michou, huit ans, est le fils d’un soldat mutin, fusillé pour l’exemple. Sa mère est victime de moqueries et de vexations de la part des autres femmes de son quartier et est bientôt internée, Michou étant placé à l'orphelinat.

Michou et trois autres gamins, orphelins comme lui, décident de se venger. Alors que sévit la grippe espagnole, ils partent sur les champs de bataille pour tuer le général Des Gringues, responsable de la mort de leurs pères…"

Le roman est rédigé du point de vue de Michou.

 Il est réédité dans la collection Folio policier avec le numéro 190 en 20012.

Le roman est adapté au cinéma en 1996 avec le titre Sortez des rangs par Jean-Denis Robert3.

Je renvoie aussi à notre hors série sur la commémoration 'numérique ) contenant des travaux de classe français et histoire et une biblio littérature jeunesse 'site du crap)

Jm zakhartchouk

 

Jean-Michel Zakhartchouk enseignant dans l'Oise et rédacteur cahiers pédagogiques, le 20 Août 2014 à 22:31

Je renvoie aussi à notre hors série sur la commémoration 'numérique ) contenant des travaux de classe français et histoire et une biblio littérature jeunesse 'site du crap)

Jm zakhartchouk

 

Jean-Michel Zakhartchouk enseignant dans l'Oise et rédacteur cahiers pédagogiques, le 20 Août 2014 à 22:31

Je renvoie aussi à notre hors série sur la commémoration 'numérique ) contenant des travaux de classe français et histoire et une biblio littérature jeunesse 'site du crap)

Jm zakhartchouk

 

Jean-Michel Zakhartchouk enseignant dans l'Oise et rédacteur cahiers pédagogiques, le 20 Août 2014 à 22:31

A nous les simulations globales!

Un clairon, une clé ancienne, une poêle de l'ancien temps, un chapeau melon, une canne ajourée... Au tableau, une carte IGN d un genre un peu particulier... Le décor est planté, mais toute cela reste bien énigmatique ! 8 personnages vont se rencontrer bientôt, ils ne le savent pas encore. Ils sont plongés au cœur de la première guerre mondiale : hiver 1917, la guerre n en finit plus. Nous sommes le 22 décembre.Quoi? Que se passe t il? Il fait froid certes, en ce 21 août, mais nous sommes en 2014! Pas si sûre!  Nous entrons sans le savoir ( ou presque) dans les " simulations globales ", atelier animé page Marina Ferreruela, secondée par Roseline N'Diaye. Il s'agit de "décrire le monde, raconter la vie et vivre la comédie des relations humaines", F. DEBYSER : ce que l on a tous fait dans notre tendre enfance en débutant par la formule "on dirait que... ". Les élèves sont transposés dans une autre époque, un autre lieu, change d identité..." Cette approche offre plusieurs intérêts : la mise en projet, développer l autonomie, le travail en groupe...et de prime abord, un regain d intérêt pour les élèves.Mais je dois arrêter ici mes réflexions, je rejoins Delphin LAURENT, Georges ROYER, Alphonse CAILLEAU, André POULLIQUEN, Eugénie MOREAU et Sergent FOURRIER. Mais qui est qui?

Aujourd'hui, 24 décembre 1917, nous avons fêté la nativité par une trêve en compagnie d'Eugènie la marraine de guerre de Moussa. Malheureusement, le médecin André Pouliquen, nous a annoncé une terrible nouvelle : Moussa a été retrouvé mort près de son lit. D'après ses premières constations, cette mort ne serait pas due à nos ennemis allemands : deux coups à la tête et une blessure sous les côtes !

  Nous sommes tous sous le choc, surtout son compatriote Moro. Il n'y a guère que l'instituteur vendéen, Alphonse, qui semble peu ému ...

Eugenie s'est alors remémoré les lettres que Moussa lui écrivait, les phrases incomprises, les détails étranges : le Chemin des Dames, l'échec d'une attaque ... C'est une drôle de bonne femme cette Eugènie ! Veuve, catholique et syndicaliste, munitionnette ... Il en avait de la chance Moussa, enfin façon de parler, évidemment puisqu'il est mort !

Moussa aurait-il été assassiné ? Et par qui ? Je crois que nous allons devoir essayer d'éclaircir cette affaire ! Mais qui pourrait bien avoir fait une chose pareille ? Et pourquoi ? Peut-être qu'Ernest, le photographe, a vu quelque chose. Il est toujours en train de fouiner partout celui-là, pour saisir la réalité de notre quotidien comme il dit ...

On verra bien demain. Ce soir, moi, je vais bichonner mon vélo. Si je ne m'en occupe pas tous les soirs, il finira par me lâcher ! Et un chasseur cycliste sans vélo, ça ne veut plus rien dire ! 

Il est évident que Moussa est décédé de mort violente: il ne peut s'être suicidé, on ne s'inflige pas deux coups violents de chaque côté du crâne avant de se perforer la poitrine! C'est un crime et sa mort ne peut rester impunie! Hélas, en cette période, qui se soucie de faire justice à un "Indigène"? Tous ceux qui étaient présents lorsque le médecin a annoncé la mort de Moussa sont donc réunis pour trouver le coupable. Sont présents autour d'André Pouliquen, le chirurgien, Delphin Laurent, le cycliste du régiment, le plus proche compagnon de Moussa, Alphonse Cailleau, fourrier, instituteur vendéen dans le civil, Eugénie Moreau, munitionnette dans une usine de la région et marraine de guerre de Moussa, Sidibé Moro, tirailleur sénégalais ayant le grade de sergent malgré son peu d'instruction, Ernest Luthiot, le photographe et Georges Royer, l'aumônier, prêtre brancardier par ailleurs. Extraits des échanges :

- Si l'on observe la similitude entre la pipe que fumait Moussa sur la photo prise en 1915 et celle de l'instituteur, on est en droit de s'interroger, celle qu'arbore l'instituteur lui appartient-elle réellement? s'interroge le cycliste.

- Je suis moi aussi extrêmement troublée de cette ressemblance, souligne Eugénie.

Alphonse se défend, arguant qu'une pipe est un objet courant, mais tous font observer la forme particulière de celle-ci.

- C'est une Edwardson, la plus courante, ose-t-il dire.

- Une anglaise? ironise Eugénie.

En plus vous n'aviez pas manifesté beaucoup d'émotion à l'annonce de la mort de Moussa, ajoute Delphin.

Le photographe suggère que la marraine a reçu des lettre de la victime et se demande si elle est au-dessus de tout soupçon. Après tout elle est veuve...

Eugénie brandit les courriers et met sous les yeux de tous l'adresse à laquelle elle les reçoit: le Comité de Réconfort Aux Poilus de la Capelle. Ce n'est point elle qui a "jeter son grappin" sur le jeune homme comme semblent le suggérer quelques langues de vipère. Elle participe à l'effort de guerre en travaillant, dans des conditions dangereuses dans l'usine d'armement, et en apportant un peu d'humanité, par une relation humaine et chaleureuse. "Cette guerre est immonde, j'aurais dû être sensible beaucoup plus tôt aux discours pacifistes de Jaurès, j'aurais dû m'engager des années plus tôt. J'appartiens à l'Internationale socialiste..."

Ernest Luthiot saisit l'occasion: "Vous n'êtes pas à une contradiction près. Vous êtes pacifiste et vous fabriquez des armes...

- A l'usine, nous sommes nombreuses à souhaiter la paix mais à ne pouvoir tolérer que nos fils, nos maris, nos voisins, servent de chair à canon. Quant à tous vos propos injurieux sur ma moralité, j'aurais souhaité un peu plus de soutien quand j'étais livrée sans défense entre les mains de ma brute avinée d'époux! Mais là tous les bons catholiques fermaient les yeux! A part le prêtre qui faisait tout son possible pour me réconforter et raisonner mon mari.

Elle se voit enjoindre de porter à la connaissance de tous les lettres reçues de Moussa. Alphonse Cailleau s'empare de la première. S'adressant au groupe : "Je ne suis pas sûre de remettre mes lettres entre de bonnes mains!" Devant les insinuations d'Alphonse et les ricanements qui accueillent des passages plus personnels, elle se contente de hausser les épaules et dit calmement : "Il essaie de détourner l'attention." Lorsqu'on lui demande de lire elle-même la dernière missive, l'émotion l'étreint et, lorsqu'elle arrive à la signature, "Votre fils de coeur", elles se tourne vers les autres, les yeux embués, "J'espère que vous avez compris que vos ragots sont particulièrement déplacés". Tous se taisent. 

La lecture oriente la discussion sur de nouvelles pistes : pourquoi assassiner un garçon comme Moussa?

-  Il parle du Chemin des Dames, il dit qu'il s'en est fallu de peu pour lui, est-ce en rapport?

 - Ouais... Dans une lettre du 2 mai. Il a été assassiné en décembre... Assassiner quelqu'un sept mois après... Cela n'a pas de sens!

- Peut-être a-t-il diffusé de la propagande pacifiste. Il parle de l'Internationale.

- Ou peut-être que c'est un crime raciste après tout.

Delphin interroge l'instituteur sur ce qu'il pense des indigènes et celui-ci se lance immédiatement dans une diatribe violemment raciste d'où il ressort qu'il les voit comme une "engeance" tout juste bonne à verser son sang pour la France.

Choqué, le père Georges demande:

- Vous êtes-vous déjà demandé s'ils avaient une âme?

- Une arme?

Décidément il apparait de plus en plus suspect aux yeux de tous et sa piètre défense fondée sur les croyances animistes des Africains n'arrange rien.

Sidibé se tourne vers le cycliste pour lui demander son opinion.

- Je ne sais pas. Cela ne fait pas longtemps que je suis avec vous. Est-ce qu'il y a eu des mutins dans votre compagnie?

La discussion prend un tour nouveau en s'orientant vers l'arme du crime qui pourrait dénoncer le coupable. Tout y passe : le "coupe-chou" avec lequel le médecin opère et même le clairon de Sidibé Moro ou le porte-bagage du cycliste!

Alphonse s'esquive en prétextant un besoin urgent. "Il ne boite plus!" s'écrie la marraine Pendant qu'il a le dos tourné, les hommes de son régiment s'emparent de sa canne et remarquent immédiatement que le pommeau tourne et dégage une dague effroyablement piquante avec laquelle le sergent Moro manque se blesser. Pour confondre celui qu'ils pensent être le criminel il remette l'arme en état.  Quand l'instituteur raciste revient quelqu'un lance : "Elle est belle cette canne!" et s'empare de l'objet. Alphonse Cailleau fait comme s'il n'avait pas entendu ces réflexions. La canne passe de main en main et quelqu'un dévoile l'arme.

"Qu'est-ce que c'est que cette horreur?" s'écrie Cailleau dont la piètre défense consiste à soutenir qu'ignorait le secret de la canne de son grand-père. Très piètre défense qui ne peut rien contre une réalité: l'arme correspond parfaitement à la ortelle blessure au thorax infligée à la victime.

 

 

 

-

En conclusion : 

des recherches ciblées, approfondies sur la 1ère guerre mondiale + des écrits divers (lettre, journal, dialogue,..) + des débats + des rebondissements + des visites sur les lieux + .une co-construction en groupe = un chouette petit roman épistolaire et beaucoup de fierté !

ce serait pas mal pour nos élèves, n'est-il pas ? 

PS: si je suis l'assassin de Moussa,  je plaide la démence. Cette guerre m'aura rendu fou...

                                                                                                                  Le médecin, André Pouliquen 

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