Voici plusieurs années que je me dis qu’il faudrait que je fasse quelque chose pour éviter que les élèves ne craignent leurs erreurs, voire les refusent.

Juste après le brevet, en salle des profs une discussion nous a amenés à échanger nos points de vue sur ces erreurs et la façon dont elle est perçue. L’erreur, voire la version, aussitôt effacée, repassée en blanc, sans s’autoriser une balade de l’esprit vers une nouvelle proposition.

La solution est sans doute le cahier de brouillon. Mais là s’arrête mon expérience. Je me rends compte que je n’ai jamais demandé de cahier de brouillon à mes élèves et je me dis qu’il y a plein de choses à faire. Pourquoi ne pas penser à un usage interdisciplinaire du cahier de brouillon ? Mais surtout, penser ou repenser l’usage de ce cahier qui n’est pas anodin dans le sac.

C’est pourquoi je fais appel à votre expérience.

Rebonds 2

Dans les listes de fournitures demandées aux élèves dans notre établissement figure "un cahier de brouillon qui peut servir pour toutes les matières". Je le re précise sur le document de présentation du cours de français distribué en début d'année, à signer. Lorsque nous avons besoin d'un brouillon, je m'aperçois que je fais rarement appel à ce cahier. En effet, je considère que le brouillon fait partie intégrante du travail en cours, il est donc intégré à la séance dans le classeur (ex : brainstorming, synthèse...) et même à la copie de rédaction.

Pour les rédactions, donc, je demande une présentation spéciale de leur copie double pour bien marquer les étapes du travail :

1ère page : Nom, prénom, classe, date, "Rédaction n°..." et, à la fin de leur travail, les réponses aux questions de réflexion imposées (métacognition). J'y inscris enfin, dans 3 colonnes, les points positifs, à améliorer, conseils.

2ème page : Brouillon

3ème et 4ème pages : Rédaction au propre

Je leur demande également, après leur avoir rendu leur rédaction "corrigée", de la reprendre en tenant compte des conseils donnés en 1ère page.

Mais je pense que je vais ajouter une étape supplémentaire, car le travail du brouillon est long et nécessite par définition plusieurs réécritures. Il y aura je pense une étape "idées", une autre "1er jet" et une dernière version pour l'évaluation. Le souci, c'est que cela demande beaucoup de temps, en classe (je tiens à ce qu'ils travaillent en classe, pas à la maison) comme en correction...

Ci-joint mon document actuel, qui va donc subir des transformations d'ici la rentrée prochaine, à suivre...

 

Copié de la liste CRAP , le 1er juillet, de Jean Le Bras, personnel de direction à la retraite

Parmi mes nombreuses procrastinations en réaction à la liste j'en ressors une qui date d'un échange sur le thème des "cahiers de classe" et se perdit dans les sables comme tant d'autres.

C'est pourtant un sujet d'importance,

Principe de base :

Tout ce qui se dit s'écrit, tout ce qui s'écrit se lit

Ce que l’on attend d'un support dépend du statut que l’on accorde à tel moment, notion, méthode…. de l’action pédagogique.

 

Réfléchir aux fonctions attendues d'un outil

Réfléchir aux fonctions remplies y compris celles ne figurant pas dans les attentes

La tablette de cire (comme l'ardoise), répondait à la nécessité de l'activité de production écrite de l'élève.

Le cahier permit d'en conserver une trace pérenne. — Effets induits possibles : solennisation, valorisation, progression, …lien avec la famille, souvenir.

Le cahier de brouillon (préférer "de recherche", "d'entrainement", "outil", "d'activité"…) permet les repentirs, les errances, les fantaisies… — Effets induits : évaluations partielles, éléments pour l'observation de la métacognition

Loin de jeter les productions éparses il est du plus haut intérêt pédagogique d'en conserver les traces dans un support permanent.

 

On doit aussi se poser la question des pré-requis pour utiliser un outil

Ceux qui relèvent de compétences

Ceux qui relèvent de performances

Un ou plusieurs cahiers ?

S'il s'agit de "préparer" l'enfant au secondaire c'est lui compliquer la vie bien inutilement et, surtout, le garder en dépendance par les hésitations légitimes qu'il a pour choisir tel ou tel support. La dépendance au prof en est accrue. Il est préférable de lui simplifier la vie en réduisant le nombre de ces supports.

Un cahier "de jour" ne peut- il être suffisant ?, servant en même temps de carnet de liaison.

Poésies et chants ne font-ils pas partie du quotidien pour qu'ils nécessitent un cahier à part ? La boite à fiche poésies/chants n'est-elle pas une option à considérer ?

 

Une dérive est souvent observée : des cahiers où les feuilles documentaires collées tiennent lieu d'activité. Si, de plus, l'activité consiste à y remplir quelques blancs on est loin d'une production personnelle développée. Les cahiers de fiches sont le degré zéro de l'adaptation pédagogique à une classe.

 

Que des documents soient conservés répond à la compétence de l'enfant de collectionner. Qu'ils soient classés lui permet d'exercer son activité naturelle de créer un ordre.

De la simple collection en vrac dans une pochette au classeur avec plusieurs compartiments sa performance peut être développée au cours de la scolarité. On est alors sur une variante des cahiers multiples sans leur encombrement. Il ne faut cependant pas oublier qu'apprendre le recours au livre reste un des fondements de la formation.

L'enseignement des langues (français y compris) peut inviter à ouvrir un carnet de vocabulaire mais d'autres voies sont possibles : un vrai dictionnaire mini-format, vendu dans le commerce, où on surligne les mots rencontrés en est une. Mais aussi, si on y réfléchit, la simple boite contenant les mots inscrits sur des étiquettes peut largement dépasser un stade d'infantilisme, si on les emploie bien en syntagmes et paradigmes on rejoint par la pratique les données de la linguistique.

Jean Le Bras

 

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