Rebond 1

Amorce d'un texte que je vais essayer de rédiger pour la rubrique eLab.

Ma thématique : TIC, la schizophrénie me guette

Mon problème est que je veux (et dois, vu mon poste d'enseignant à la fac de lettres pour le C2i1) promouvoir l'utilisation des outils numériques auprès de mes étudiants. Entre autres choses, les amener à utiliser ces outils dans des situations de travail collaboratif. 

Pour cela il faut bien sûr un minimum de confiance dans les systèmes, et là ça se gâte.

En effet parmi les multiples compétences il y a celles qui tournent autour de la sécurité, de la diffusion des donnés personnelles, du droit d'auteur etc ...

Les révélations de Snowden nous montrent qu'on est bien au delà de ce que Big Brother nous faisait craindre, et Snowden n'a pas encore tout dit, le plus "gros" restant encore à publier.

Alors comment faire en tant qu'enseignant ? "Utilisez tous ces merveilleux outils numériques, mais faites attention quand même car tout est accessible", intenable comme discours !

Alors ? Je vois se développer deux catégories de réactions : les craintifs et les jmenfoutistes. Les premiers quand ils découvrent les conditions d'usage de Google Drive ou One Drive, s'enfuient en revenant au bon vieux papier (rappel : je travaille en fac de lettres), les seconds continuent d'utiliser les outils que souvent ils pratiquent déjà sur le mode "de toutes façons on n'y peut rien".

Et les outils spécifiques et internes à la fac ne font pas grosse recette : moins faciles d'utilisation et au final sans beaucoup plus de garanties.

Dans les deux cas j'ai l'impression d'avoir échoué.

Et vous comment vous en sortez vous ? 

Thème et questionnement intéressant. Non, plus que ça, essentiel.

Les discussions à ce sujet tournent rapidement à un clivage entre les deux catégories que vous citez. Cependant, une troisième voie est possible, et nous nous attachons à la suivre avec AbulÉdu.

Il s'agit d'être à la fois intimement persuadés de la pertinence pédagogique de l'utilisation des outils numériques et de l'absolu nécessité de les contrôler. L'attrait technique ne doit pas nous faire renoncer à nos valeurs éducatives et éthiques.

Récemment, nous avons conçu un réseau de micro-blogue nommé BabyTwit. La raison à cela est que nous avons observé avec intérêt les premières utilisations de Twitter dans les écoles et nous avons apprécié la dynamique que cela pouvait générer auprès des classes et la motivation qu'en ressentaient les élèves. Malgré tout, l'analyse des comportements des utilisateurs à des fins mercantiles et la présence de publicité nous ont parus difficilement compatible avec le contexte scolaire.

A l'aide du logiciel libre StatusNet, nous avons créé BabyTwit en posant clairement dès le départ les garanties de non partage des données personnelles, hébergement en France, déclaration à la CNIL et absence totale de publicité. La participation au financement du serveur est à l'appréciation de chacun.

En un peu plus d'un an, 800 utilisateurs nous ont rejoints, preuve qu'une voie intermédiaire est possible.

Malgré cela, la question de la structure et du financement de telles solutions se posent. Doit-on souhaiter une prise en charge institutionnelle, avec les rigidités associées ? Peut-on espérer qu'une société puisse proposer ce type de service ? Avec quel financement ? Sommes-nous prêts à accepter de payer un service en argent plutôt qu'en données personnelles et en temps de cerveau disponible ?

Dans mes fonctions, je cherche à utiliser autant que possible les outils libres qui apportent davantage de garanties que les autres. AbulÉdu porte ces valeurs et cherche à développer les outils numériques efficaces et éthiques. Dans ce cadre, nous sommes ouverts à toutes les bonnes volontés !

D'autres associations sont dans cette démarche, pour n'en citer qu'une, framasoft cherche à mettre à disposition des outils respectueux pour tous.

Jonathan Tessé Professeur des écoles, Animateur TICE, membre d'AbulÉdu-fr, le 13 Juin 2014 à 16:23

Bonjour Jean-Yves et Jonathan,

Voici donc listées, dirait-on, quelques attitudes pour répondre à ta question sur la protection des droits et des données Jean-Yves.-les légers qui avancent : "Utilisez tous ces merveilleux outils numériques, mais faites attention quand même car tout est accessible"-les craintifs qui s'enfuient et reviennent au bon vieux papier-les jmenfoutistes (ou peut-être résignés ?) qui continuent d'utiliser les outils sur le mode "de toutes façons on n'y peut rien"-les précautionneux qui utilisent en priorité les outils spécifiques et internes à la fac, mais qui sont moins faciles d'utilisation et au final sans beaucoup plus de garanties-les aventuriers qui se lancent dans le développement de réseaux sur mesure et plus protégés, comme BabytwittEst-ce que c'est cela ? Y a-t-il d'autres voies ?

(je rappelle que c'est toujours dans l'idée de l'article pour la chronique d'é.l@b dans les Cahiers).

Christine

Christine Vallin Rédactrice en chef des Cahiers pédagogiques, le 23 Juin 2014 à 15:08

Bonjour Christine,

ma réponse vient peut-être tardivement. La difficulté des catégorisations est qu'elles sont forcément caricaturales. Néanmoins, il me semble qu'une partie des enseignants ne sont pas forcément "aventuriers" mais utilisent les productions de ceux-ci, analysent attentivement les conditions d'utilisations et effets collatéraux des services numériques avant de les utiliser avec leurs élèves.

Cordialement.

 

Jonathan Tessé Professeur des écoles, Animateur TICE, membre d'AbulÉdu-fr, le 16 Août 2014 à 13:56
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