Vous sentez-vous vous-mêmes éloigné(e) ou proche de ce qu’on appelle les « cultures populaires » ? Comment ses manifestations vous apparaissent-elles et qu’en faites-vous ? En classe, et dans vos relations avec les parents de vos élèves ? Est-ce qu’il en été question dans votre formation ?
Témoignage personnel d'Agnès
Peut-être que la prise en compte des élèves de classes populaires commence par le regard qu'on porte sur eux (ni perturbateurs ni passifs ni transparents ni n'importe quoi qui résiste à notre enseignement) et sur leurs parents, même si on ne les comprend pas ; ou la place qu'on leur permet de prendre dans la classe, à travers des petites responsabilités par exemple, ou ce qu'on appelle en Pédagogie Institutionnelle, des moyens de s'inscrire dans le groupe ; ou encore le souci qu'on a d'eux quand on prépare ses cours. Evidemment, c'est bien plus difficile à montrer... plus subtil en tout cas que les belles intentions du projet d'établissement ou des dispositifs de lutte contre le décrochage ou même de gestion de l'hétérogénéité.
Ce qui me choque, c'est moins l'inadaptation des programmes à la diversité sociale des élèves que les réactions de ceux qui considèrent comme normal et inévitable un "pourcentage de pertes" dans une activité difficile, comme faire lire un livre en entier par exemple. Personnellement, ces situations sont pour moi un échec cuisant puisque je considère que mon rôle est beaucoup plus important pour ces élèves-là, que je n'ai pas réussi à entraîner dans une lecture longue, peut-être pour la première fois, que pour tous ceux qui y arrivent d'eux-mêmes ou aidés par leurs parents.
C'est un sujet qui me touche particulièrement en LP :
grosse difficulté pour moi à faire passer des apprentissages (en l' occurrence de nature info doc) autres que strictement "utiles" à l'ensemble des élèves de seconde, donc baisse du niveau des attentes au fur et à mesure des années.
grosse difficulté à faire des passerelles entre les disciplines car encore perçu comme "inutile".
je ne parle pas de la lecture, de la "non culture" du livre (objet jetable comme un autre)
donc repenser toutes les manières d'apporter les connaissances : plus de numérique ? plus de ludique ?
se souvenir d'une scène savoureuse entre élèves : la question de "l'intello"
et se dire que finalement tout est mêlé : faible motivation, éloignement des attentes de l'école, questionnement du caractère indispensable du travail scolaire, absence de projection vers le futur (celle-ci n'étant pas apportée par la famille non plus à mon avis), qui font question