Quelles pratiques pédagogiques en classe pour accompagner les élèves, notamment en difficultés ?

 - Comment accompagner sur le plan méthodologique (dispositifs et contenus)?

- De la méthodologie à la prise en charge globale de la personne : quelles facettes de l’accompagnement explorer ?

Rebonds 2

En fait, l'accompagnement est dans les missions fondamentales de tout enseignant. Mais dire que ce doit être fait en classe, exclusivement, que ça fait partie du quotidien du prof, peut aussi vider de toute réalité cet accompagnement. Ces enseignants en formation qui clament "mais ça on le fait depuis toujours". L'accompagnement extérieur à la classe, dans des dispositifs spécifiques, est intéressant en ce que d'une part cela permet de s'occuper de manière plus individualisé de certains élèves, et que d'autre part cela permet ou peut permettre de prendre conscience de la complexité de l'acte d'apprendre, des difficultés d'assimilation des élèves, quand bien même il y aurait eu un "bon cours" avant et de s'exercer à d'autres pratiques. Oui, l'accompagnement peut être un alibi, une stigmatisation des élèves faibles ou un supplément d'âme qui permette de continuer les cours comme avant. Mais ça peut être aussi un levier, une première étape et une occasion de passer de la logique d'enseignement à la logique d'apprentissage

jm zakhartchouk, auteur de Pour un accompagnement éducatif efficace

Lors des journées d'automne du CRAP d'octobre 2013, pendant la table ronde sur la Refondation de l'école, Philippe Meirieu est intervenu sévèrement contre les pratiques d'accompagnement externalisées : les enseignants n'auraient de cesse de repousser le traitement des difficultés des élèves  à l'extérieur de la classe. ..Sa position me rend perplexe. Je comprends que se débarrasser de l'aide aux élèves en difficulté sur des cours privés pose un problème moral. Cependant, comment faire avec 36 élèves par classe pour donner une attention particulière à chacun?

Proviseure en lycée polyvalent, j'ai organisé avec des enseignants la mise en place de professeurs référents en classe de seconde; ils accompagnaient de manière régulière 2 ou 3 élèves lors d'entretiens réguliers.Les pratiques étaient assurément perfectibles mais les élèves ont gagné en confiance et j'ai perçu chez les enseignants la constitution d'un début de culture professionnelle commune.Certes, nous avions tous conscience des progrès à faire mais je trouvais ce projet plein de promesses.

Alors, l'externalisation de l'accompagnement des élèves en difficulté est-il définitivement et totalement à jeter?

je pense vraiment qu'on est dans la théologie quand on oppose de façon binaire le bien et le mal (donner des devoirs/ne pas en donner; individualiser/ne pas individualiser; externalisation/école: son propre recours; notes/évaluation par compétences...). Les choses sont bien plus complexes. Il y a des conditions à remplir pour une "bonne externalisation" . Je n'ai vraiment pas l'impression que ce qui est décrit dans le très bon ouvrage de Yves Lecoq "accompagner au lycée" http://www.cahiers-pedagogiques.com/Accompagner-au-lycee-construire-des-...

soit un renoncement de l'école, souvent c'est un levier pour transformer les pratiques de classe. Pas forcément, pas inéluctablement, mais on a vu des enseignants comprendre, en travaillant avec un petit groupe, ce qu'était une logique d'apprentissage et non une logique d'enseignement.

A cet égard, le dispositif Darcos pour le primaire sur l'accompagnement personnalisé a été si mal conçu que du coup, on a jeté le bébé avec l'eau du bain. tout ne peut se faire exclusivement dans la classe et je renvoie à notre dossier numérique

http://www.cahiers-pedagogiques.com/Aider-et-accompagner-les-eleves-dans...

qui pose ces questions, notamment à travers le texte iconoclaste de SYlvie Cèbe et les conditions posées par Ouzoulias pour que ce soit fructeux

jm zakhartchouk

 

Jean-Michel Zakhartchouk enseignant dans l'Oise et rédacteur cahiers pédagogiques, le 18 Novembre 2013 à 16:24

Tout dépend de ce qu'on appelle "externalisation". Si c'est concevoir, dans l'établissement, avec des enseignants (ou Assistants d'éducation, par exemple), des points d'appuis qui permettent d'aider les élèves (professeurs tuteurs, au sens de la réforme du lycée, par exemple, Rased  en primaire), en pensant une cohérence avec l'équipe ou l'enseignant(en primaire) de la classe, et avec ce qui est appris et travaillé en classe, bien entendu, c'est à faire. Si externaliser  c'est se débarasser à peu de frais de ses responsabilités, c'est effectivement à éviter. ...

 

Françoise Colsaet enseignante, le 27 Décembre 2013 à 09:08
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