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Des liaisons qui laisse un goût amer, on a l'habitude d'en vivre. Incompréhension, perplexité, tensions autour des acquis des élèves, méfiance quant aux méthodes des uns et des autres. Réussirons-nous un jour ce passage de relai si délicat dans la construction des acquis des élèves? Parviendrons-nous à nous faire confiance, à travailler ensemble, à construire une réflexion qui permettre une véritable liaison des apprentissages dans le temps et l'espace?

Une journée de formation, oganisée ce jour, pour des professeurs des écoles et des professeurs du secondaire. Sont présents des enseignants de cycle3, de français, de sciences, de musique du collège, ainsi que l'inspecteur de circonscription, des conseillers pédagogiques, la principale du collège et une inspecteur pédagogique régionale de français.

Rapidement, les enseignants du secondaire apparaissent demandeurs d'informations précises sur le travail des enseignants du primaire. Une professeur de français interroge : "C'est bien les projets, mais cela prend du temps. Est-ce que vous faites des leçons de base en élémentaire? Quand? Comment?".

Difficile, pour ceux qui travaillent par projet, de ne pas se sentir jugés! Les professeurs des écoles expliquent donc que si les pratiques peuvent être très différentes d'un enseignant à l'autre, il y a néanmoins aussi des obligations liées au programme et que les notions de base sont abordées plusieurs fois au cours du primaire.

Est abordée également la question de l'hétérogénéité des niveaux. "Ne trouve-t-on pas que le niveau baisse de plus en plus, et qu'il est vraiment très difficile de gérer l'hétérogénéité dans les classes?". Un certain nombre de professeurs des écoles présents ayant charge de double, voire triple niveau, répondent que cette variabilité est totalement inhérente à leur enseignement. Quant à la baisse de niveau ... c'est un constat subjectif mais sur quelle réalité repose-t-il? Est-ce une baisse générale de la moyenne? Est-elle induite par une plus grande hétérogénéité? Est-ce en termes de compétence et niveau de connaissances ou de degré d'implication des élèves ?

Une discussion fermée autour des programmes et des acquis des élèves

Puis l'IPR de français présente les programmes du secondaire, ses déclinaisons par niveau et redéfinit la démarche de la "leçon de langue" dans le secondaire: une phase d'observation, puis de construction de la notion. La leçon est ensuite élaborée avec les élèves, la trace écrite faite collectivement. Suivent des séances d'exercices pratiques et de réinvestissements dans des productions d'écrits. Les rédactions font l'objet de séances de correction et de réécriture.

Les enseignants de l'élémentaire réagissent alors à cette présentation et tiennent à préciser que la démarche mise en œuvre pour les leçons à l'école n'est pas vraiment différente de celle qui vient d'être exposée.

Des exemples de productions d'écrits de collégiens sont ensuite analysés. L'un de ces "ateliers d'écriture" proposés à des élèves de 6ème en début d'année interpelle plus particulièrement les professeurs des écoles. L'élève dispose de deux illustrations, un texte et de quelques définitions. La consigne est multiple: il doit rétablir la ponctuation et l'accentuation du texte, le recopier sans erreur puis poursuivre l'histoire en imaginant ce qui s'est passé entre les deux images. Les notes concernant la copie corrigée du texte ne sont pas très élevées. Pour les enseignants de CM, l'explication pourrait résider dans la complexité de la consigne: rétablir une ponctuation n'est pas du même ressort que celui nécessaire à la correction des accents. Les représentant du secondaire ne sont pas convaincus et objectent même qu’à son arrivée en 6ème, l'élève se doit d'être doté d'un bagage qu'il doit savoir réinvestir.

Il apparaît alors que si pour toutes pour les personnes présentes l'importance de l'orthographe et en particulier de la conjugaison, est indéniable, il y a divergence sur ce qui est attendu à la fin du primaire.

Et la question d'être explicitement posée par le primaire: ne pourrait-on pas alléger certaines parties du programme, a priori moins fondamentales, et les laisser pour le collège. Ceci permettrait alors de mieux stabiliser des notions "de base". Est-il, par exemple, indispensable d'aborder futur et passé antérieurs en primaire alors même que le futur et passé simples sont loin d'être maîtrisés? Cette proposition est rejetée quasiment d'emblée par l'IPR de français au nom du découpage des apprentissages par niveau. Les représentants de l'élémentaire argumentent en vain, prenant pour exemple des items présents dans les compétences à avoir en fin de cycle 3, telle que l'étude de phrases complexes, qu'on ne voit réapparaître que pour la 5ème. La discussion est close.

Alors quelle conclusion tirer de cette réunion ?

Si l'idée de collaboration n'était pas encore d'actualité lors de cette réunion, est néanmoins apparu le désir de comprendre les fonctionnements réciproques. Des choses ont été dites, et même si, en tant que représentante de l'institution, une IPR ne peut pas remettre en cause les programmes, des constats ont été entendus. Mais que de chemins restent à parcourir ; nous avons bien besoin de temps pour échanger, pour nous concerter, pour construire ensemble…

Sylvie Baud-Stef

Professeure des écoles