Au collège de Loos-en-Gohelle, nous avons depuis 4 ans une heure de cours interdisciplinaire inscrite à l’emploi du temps de certaines classes, et disponible si besoin pour toutes les autres classes. Concrètement, il s’agit d’une heure blanche pendant laquelle aucun enseignant ni aucun élève n’a cours, ce qui permet à tous les enseignants de prendre en charge en binôme ou en trinôme si nécessaire n’importe quelle classe. En amont, nous croisons les différents programmes disciplinaires, avec plusieurs objectifs :

  • Aider les élèves à faire des liens entre les disciplines,
  • Construire la complexité des situations (par la mobilisation de ressources interdisciplinaires),
  • Construire des cultures (notamment par les croisements disciplinaires liés à l’HDA).
Rebonds 6

Je voudrais l’inclusion dans les horaires élèves, à tous les niveaux du secondaire, de 3 heures (en une seule séance hebdomadaire) de travail inter (et trans-) disciplinaire, assurées par deux profs en présence simultanée par classe (c’est-à-dire 3h  élèves= 6 h profs).

Cet « enseignement » prendrait la forme de productions diverses  (théâtre, productions scientifiques, artistiques, littéraires, journaux, sorties et prolongements, et mix de tout ça), type TPE ou IDD si on veut, en amélioré car complètement encadré (pas de travail « à la maison »).

Cet enseignement aurait un programme (un pour le collège, un pour le lycée, toutes années confondues) énoncé uniquement sous forme de compétences : méthodologiques  (recherche documentaire, analyse de documents), production écrite longue, compétences comportementales, sur le travail en groupe et l’autonomie, sur l’utilisation des TICE, physiques (oral, voix, articulation, etc.), et j’en oublie. Aucun cadrage des thèmes de travail, laissés au choix des enseignants (et pas des élèves). Organisation en deux semestres (ou trois trimestres, mais c’est moins bien), les élèves changeant d’équipe de profs à chaque fois ; mixage des classes dans des groupes, sans tenir compte des séries.

En terminale, validation par deux épreuves type TPE actuel (une pour chaque semestre), comptant pour le bac (20 % des coeff), ou alors validation type port folio, chaque élève « soutenant » une seule fois, sur celui des travaux produits en 1re ou Terminale qu’il juge le plus réussi.  Tous les enseignants auraient vocation à assurer ces enseignements et à les évaluer.

Il faut se donner 10 ans pour la mise en œuvre, avec expérimentation dans 1 établissement sur 10,  1 an, bilan, puis 2 établissements sur 10, etc.

Dans le domaine de  l'interdisciplinarité, il est frappant de constater la richesse des pratiques  développées par les enseignants de tous niveaux depuis quelques décennies. Certaines sont devenues des grands classiques (français et sciences à l'école primaire, français et histoire au collège par exemple, ou SVT et EPS) , d'autres sont plus originales. Dans leur grand majorité elles sont marquées par un grand enthousiasme et une grande créativité de la part des enseignants, qui devraient être communicatifs car ils dépassent de loin le niveau de quelques pionniers. Mais le passage à l'institutionnalisation, donc à l'obligation, est toujours délicat, et fait surgir deux craintes : celle de la perte de certains contenus, et dans le secondaire celle de la perte d'heures, donc de postes, selon les situations locales. Plus une moins avouée : la crainte de ne pas savoir faire, d'être perdu, si on passe du projet volontaire (si je veux, quand je veux, avec qui je veux) à la pratique d'équipe obligatoire.

Pour contrer cela, trois actions , dans une visée sur le moyen terme : des cadrages horaires clairs, des ressources abondantes mises à disposition, en particulier par la mutualisation des expériences menées par tant de collègues, et de la formation-réassurance menée par les inspecteurs et les formateurs. Il faut que les premiers s'engagent pour les enseignants se sentent autorisés et même encouragés.

— La bivalence serait une première réponse : en LP à deux enseignants on peut couvrir pratiquement 6 disciplines, soit le prof de français, histoire, géographie, instruction civique, éducation artistique + le prof de math sciences physiques et chimie. Soit un prof d’enseignement général et un prof d’enseignement professionnel. Il y a là de belles opportunités. J’en ai vécu de formidables par exemple : approche de la méthode expérimentale en 3e techno (prépro aujourd’hui) : sciences, SVT, géographie avec une sortie à Ebulliscience, ou encore mise en lumière et sonorisation du défilé de mode d’un autre lycée par des SEN (système électronique numérique) sur le thème de tableaux du Musée St Pierre, ou encore Projet Pass qui met en lien plusieurs classes de seconde générale et technologique, l’école normale supérieure et une compagnie de danse. Je continue d’y travailler et c’est absolument passionnant. Les profs de lettres, sciences, math, histoire-géo, documentation, danse et technologie travaillent ensemble sur un thème commun.

— Beaucoup de pistes existent et il suffit que les enseignants mettent côte à côte leurs programmes pour repérer les points communs qui permettent d’imaginer des projets interdisciplinaires ou de programmer l’année en fonction des liaisons possibles. On a appelé cela des tables de spécification...

— Il n’est pas fou non plus d’imaginer qu’un créneau horaire hebdomadaire puisse favoriser l’interdisciplinarité puisque cela existe déjà : les travaux personnels encadrés, les parcours de découverte, les PPCP, l’AP, la vie de classe…

Nicole Bouin Co-organisatrice des rencontres , le 14 Juin 2014 à 16:51

— La bivalence serait une première réponse : en LP à deux enseignants on peut couvrir pratiquement 6 disciplines, soit le prof de français, histoire, géographie, instruction civique, éducation artistique + le prof de math sciences physiques et chimie. Soit un prof d’enseignement général et un prof d’enseignement professionnel. Il y a là de belles opportunités. J’en ai vécu de formidables par exemple : approche de la méthode expérimentale en 3e techno (prépro aujourd’hui) : sciences, SVT, géographie avec une sortie à Ebulliscience, ou encore mise en lumière et sonorisation du défilé de mode d’un autre lycée par des SEN (système électronique numérique) sur le thème de tableaux du Musée St Pierre, ou encore Projet Pass qui met en lien plusieurs classes de seconde générale et technologique, l’école normale supérieure et une compagnie de danse. Je continue d’y travailler et c’est absolument passionnant. Les profs de lettres, sciences, math, histoire-géo, documentation, danse et technologie travaillent ensemble sur un thème commun.

— Beaucoup de pistes existent et il suffit que les enseignants mettent côte à côte leurs programmes pour repérer les points communs qui permettent d’imaginer des projets interdisciplinaires ou de programmer l’année en fonction des liaisons possibles. On a appelé cela des tables de spécification...

— Il n’est pas fou non plus d’imaginer qu’un créneau horaire hebdomadaire puisse favoriser l’interdisciplinarité puisque cela existe déjà : les travaux personnels encadrés, les parcours de découverte, les PPCP, l’AP, la vie de classe…

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