Je pense que les programmes doivent être conçus pour que les croisements disciplinaires soient possibles et visibles. Actuellement, c’est parfois très mal fait. L’idée pourrait être que chaque notion disciplinaire au programme soit pensée en lien avec d’autres notions dans d’autres disciplines. Laisser le montage interdisciplinaire aux équipes est très formateur, mais sans injonction précise, sans temps laissé à la programmation et à la création des séances, cela risque de ne pas être fait. 

Les programmes pourraient signaler les sujets de discussion interdisciplinaire, les « lieux de rencontre » entre les disciplines. Au moins par pôles, ce qui serait déjà ça. C’est peut-être cela, l’astuce : un préambule dans les programmes qui signale les croisements attendus (par pôle, c’est bien, mais en interdisciplinarité élargie, c’est encore mieux). Signaler dans les programmes de français, dans la liste des œuvres littéraires préconisées, celles qui peuvent s’inscrire dans le programme d’histoire, et dans les programmes d’histoire la liste des œuvres préconisées en français. Les liens sont nombreux, mais pas explicites. Il y a un vrai intérêt, pour ancrer les acquis des élèves, et travailler la mobilisation des ressources,  à aligner les séquences d’enseignement de ces deux disciplines.

Par exemple : signaler dans les programmes de français, dans la liste des œuvres littéraires préconisées, celles qui peuvent s’inscrire dans le programme d’histoire, et dans les programmes d’histoire la liste des œuvres préconisées en français. Les liens sont nombreux, mais pas explicites. Il y a un vrai intérêt, pour ancrer les acquis des élèves, et travailler la mobilisation des ressources,  à aligner les séquences d’enseignement de ces deux disciplines.

Rebonds 4

En technologie, lors de la réécriture des programmes en 2005, un préambule aux  programmes mettait en évidence six « thèmes de convergence » :  énergie, environnement et développement durable, santé, sécurité, météorologie et climatologie et mode de pensée statistique.

Ils étaient  déclinés au moins dans les trois « champs scientifiques » du collège : SVT, sciences physiques et techno — les maths étaient invitées plus facultativement. Cela nous a incités à l’interdisciplinarité. Il y a eu des formations interdisciplinaires à ces thèmes de convergence en présence d’IPR... :  à un moment, on y a cru !

Extrait du BO ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/bo/2005/hs5/annexe5.pdf

 

 

Un autre exemple : dans le préambule des programmes de français, il y a un paragraphe consacré à l’étude de l’image. Voilà ce qui est dit actuellement : « L’image, fixe ou mobile, constitue, pour l’enseignement en général  et celui du français en particulier, une ressource  précieuse à plus d’un titre : en fournissant à l’élève des représentations du monde présent et passé, elle contribue efficacement à la constitution de sa culture et de son imaginaire ; elle favorise l’expression des émotions  et du jugement personnel ; elle peut en outre consolider  l’apprentissage de méthodes d’analyse. Selon les préconisations du  socle commun de connaissances et de compétences (pilier 5), “une connaissance d’œuvres cinématographiques majeures du patrimoine français, européen et mondial” est encouragée. Dans une démarche comparable à la lecture des textes, l’image est analysée en tant que langage. Il importe de faire percevoir aux élèves, confrontés chaque jour  à une abondance d’images variées, que celles-ci sont des représentations porteuses de sens et que souvent leur visée peut être explicitée. »

Il pourrait être intéressant d’ouvrir cette analyse à l’éducation musicale, puisque l’analyse d’une œuvre cinématographique repose sur l’analyse de l’image et du son. On pourrait encourager les enseignants de français et d’éducation musicale à croiser leur expertise sur un même objet d’étude (on est bien alors dans une perspective d’Histoire des arts, qui est une entrée interdisciplinaire dans les enseignements), avec une problématique d’étude commune, du genre « Comment la musique d’un film en soutient la narration ? »

Voilà un autre exemple, tel qu'il pourrait être rédigé dans les programmes de français.

Ce qui existe actuellement dans les programmes de français, pour le paragraphe consacré aux lectures du patrimoine : « 2. Le récit au XIX° siècle - Le professeur fait lire au moins deux œuvres choisies dans les deux entrées suivantes : une nouvelle réaliste et/ou une nouvelle fantastique, intégralement ; un roman, intégralement ou par extraits. Les œuvres sont choisies parmi celles d’auteurs français ou étrangers : Honoré de Balzac, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Prosper Mérimée, George Sand, Théophile Gautier, GustaveFlaubert, Guy de Maupassant, Emile Zola ; E. T. A. Hoffmann, Alexandre Pouchkine, Edgar Allan Poe, Nicolas Gogol, Charlotte ou Emily Brontë, Ivan Tourgueniev. »

Voilà ce qu'on pourrait rajouter : « A noter que le XIXème est inscrit également au programme d’histoire et que d’autres disciplines peuvent ponctuellement intervenir pour développer une culture avec les élèves autour des enjeux de ce siècle pour notre époque actuelle. »

Un exemple de thème interdisciplinaire possible à traiter - Industrialisation et misère au XIXème : Autour du roman « Misérables » de Victor Hugo,  possibilité de croisements disciplinaires avec l’histoire, la technologie (l’évolution des technologies), la SVT (les maladies liées à l’industrialisation), et l’anglais (Le Londres de Charles Dickens) - L’éducation musicale peut intervenir si on étudie la comédie musicale éponyme.

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