Bonjour chers auteurs du dossier « ce qui fait changer un établissement » !

Je reviens vers vous avec une attention toute particulière pour ceux qui sont auteurs de textes sur le développement de l’enseignement par compétences, parce qu' un projet de cette nature est en train de voir le jour dans le collège que je copilote avec Marie Cardelli, chef d'établissement.

Vous qui avez franchi le pas de l’expérimentation, vous avez donné à voir  que la vieille et vénérable institution pouvait se sortir d’une torpeur classique pour s’aventurer sur des chemins encore inexplorés pour la plupart de ses membres.

Vous avez témoigné  que l’enseignement par compétences a apporté changement dans votre établissement parce qu'il était le fait d'un travail collectif.  Que vous soyez chefs d'établissements, enseignants, ou parents vous avez témoigné du regard nouveau porté sur le métier, sur les élèves, sur la nature même de l'acte d'enseigner.  Au-delà de la polémique sur la note  (on la garde ? on ne la garde pas ? ) ce qui compte c’est bien le rapport de confiance établi entre l'élève et le professeur.  Dans l’évaluation du  contrat passé : tu m’enseignes / j’apprends,  chacun sait mieux ce qui est évalué car chacun apprend à dire où il en est : l’apprenant comme l’enseignant. Tout est plus clair. La confiance peut s’installer. L'approche par compétences contribue ainsi à donner dignité et sens à l’acte d’enseigner comme à celui d’appendre.

Le dossier  509 a publié des articles provenant d’au moins  6 établissements scolaires expérimentant  ou ayant expérimenté l’enseignement par compétences. Il s'agit des collèges Jacques Prévert à Bourg sur Gironde, Cassin à Loos-en-Gohelle (Nord), Gabriel Séailles à Vic-Fezensac ( Gers),   André-Bauchant à Chateau-Renault ( Indre-et-Loire),  Lou Redounet à Uzès (Gard)  et enfin  Jules Vallès à Fontaine ( Isère).

Il y aurait quelques 400 établissements en France expérimentant l'enseignement par compétences. Sur quelques 7100 collèges, cela fait un pourcentage de 5,5 % qui se sont lancés dans l'aventure et à l'heure où j'écris quelques dizaines de plus s'y ajoutent dont le notre.

Le dossier est sorti début décembre 2013. Cela fait déjà plus de 2 mois et à l'ère informatique, cela pourrait faire 2 siècles, mais je souhaite faire perdurer les échanges que nous avons eu et mon intention, comme vous l'avez d'ores et déjà deviné, est bien sur intéressée.

Je souhaite profiter de la création des Cercles des Cahiers Pédagogiques pour vous proposer  d' échanger entre établissements pratiquant l'enseignement par compétences sur ce thème. Il s'agirait d'échanger  autour  des dispositifs, des outils et des points de vue.  Cela pourrait être du débat, des témoignages comme du pratico pratique.

Je disais que ma proposition est intéressée puisque les enseignants de mon établissement en sont aux balbutiement et  que vous avez de larges coudées d'avance. Mais de la même façon que nous mutualisons entre équipes,  pourquoi ne pas mutualiser entre établissements dans un maillage plus large que celui de nos bassins?

En quelque sorte je vous propose de nous parrainer et je m'engage à ce qu'en échange, nous puissions rapidement vous faire part de nos avancées et de nos créations. Afin de partager et nous enrichir mutuellement.

Selon vos réponses, un nouveau cercle verrait le jour pour nos échanges.

Parce que « des enseignants qui apprennent, ce sont des élèves qui réussissent » comme dirait un certain François Muller. C’est la force du projet commun. Il met en branle toute une communauté de femmes et d'hommes.  Élargissons notre communauté.

Merci à vous.

Cathy Marret
Principale adjointe
Collège Lou Vignares
Vedène 84270

 

 

Rebonds 4

Bonjour Cathy

Je suis prête à donner un coup de main à ton équipe pour mutualiser certaines pratiques que l'on a décrites avec Francis dans l'ouvrage publié l'année dernière chez ESF "Réussir l'école du socle, en faisant coopérer et dialoguer les disciplines"

Je pense que c'est sur le travail en équipe qu'il faut miser et pour que le changement soit bien pédagogique, l'interdisciplinarité nous semble la meilleure entrée.

Il faudrait voir ensuite comment cette mutualisation peut se faire régulièrement

Céline

 

Bonsoir Céline

"Réussir l'école du socle " est actuellement mon livre de chevet et de canapé, crayon en main. Je fais aussi un résumé des idées que je considère essentielle dans chaque chapitre et que je partage actuellement avec Marie Cardelli, chef d'établissement.

Cette semaine ont eu lieu les deux CA pour la DGH ainsi qu'une demi-journée banalisée pour travailler ensemble sur le futur projet d'établissement. Un groupe a travaillé sur le projet de ces "classes sans notes" et celui-ci a donc été officiellement annoncé pendant l'heure de restitution des ateliers. Ce projet a déjà été l'objet d'une réunion publique et d'une réunion avec les représentants des parents d'élèves.

Des enseignants sont volontaires pour se lancer dans l'aventure. Deux classes de sixième sur sept seront concernées, au minimum. Ce projet est également l'objet d'un échange avec les professeurs des écoles primaires dont certaines classes fonctionnent déjà par compétences.

Nous avons aussi lancé une réflexion sur l'Emploi du Temps, pour trouver la meilleure manière de dégager du temps de concertation. Une fiche action est en cours de construction pour le Cardie de l'Académie et sans doute une demande d'expérimentation article 34.

Des réunions préparatoires avec les enseignants volontaires vont très rapidement voir le jour et je m'appuierai sur des éléments importants de "Réussir l'école du socle"

Nous avons un problème avec le choix de l'outil d'évaluation que nous choisirons. Cela fait partie des questions que je souhaite poser aux établissements qui évaluent par /des compétences.

Cathy

 

 

Cathy Marret Personnel de direction, le 23 Février 2014 à 18:49

Nous avons pas mal tâtonné au départ sur la question de cet outil. On avait travaillé avec nexev, qui avait été conçu spécialement pour l'évaluation des compétences, mais qui avait une interface un peu compliquée. Cet outil était intéressant car il permettait de décliner le référentiel par niveau et de créer des évaluations auxquelles on pouvait associer des compétences. Ce mouvement d'association nous semblait intéressant pour aider les collègues à dépasser l'idée de "Faire des croix"

Finalement, nous sommes revenus tout simplement à Pronotes, qui est basé sur le même fonctionnement d'association. Et on a un outil unique pour les notes et les compétences. La bascule sur le LPC est possible.

Ceci dit, une fois que la question de l'outil sera réglée, rien d'autre ne le sera, si on n'a pas enclenché une réflexion avec les équipes sur la construction des compétences dans les pratiques de classe.

Céline

Céline Walkowiak Enseignante de lettres au collège, dans le Pas-de-Calais, le 23 Février 2014 à 19:06

Le Cardie de Lyon travail avec un "groupe de développement" autour du travail par compétences et de l'évaluation des compétences. Nous avons eu une demie-journée de travail sur l'étude des outils numériques qui aident à la gestion du travail par compétences - sans parler de l'évaluation, puis de la validation... Pour nous, 2 logiciels semblent avoir chacun des points forts : SACoche et Pronotes.

C'est ce qui ressort aussi des recherches que nous avons faites. Nous n'avons jamais entendu parler de nexev.

Même si ce n'est qu'un "détail" au vu du travail qu'il s'agit de mener afin de faire évoluer les pratiques enseignantes autour d'une véritable réflexion collective, c'est tout de même un détail qui a son importance. Nous avions pensé à construire notre propre outil interne à partir d'un document Excell, car dans notre établissement nous fonctionnons avec Sconet uniquement.

Nous avons commencé à partager les pratiques d'évaluation positive, et même à partager tout court ce que chacun met derrière le mot "évaluer". Cet échange a pris place spontanément lors de notre travail sur le projet d'établissement. La nécessité d'échanger et de faire connaissance a vite vaincu les pudeurs, mais sans doute parce que les personnes autour de la table sont motivées. D'ici cet été plusieurs réunions de travail auront lieu sur la construction des compétences et de leur évaluation. Un programme sans doute chargé et à construire au fur et à mesure... 

Cathy

Cathy Marret Personnel de direction, le 23 Février 2014 à 23:04

Bonjour,

Pour commencer, il est  intéressant de définir en équipe une stratégie d’évaluation et de validation  qui fera appel à des changements de pratiques professionnelles importants entrainant de fait l’élaboration d’un plan de formation commun pour l’établissement.Il faut d’abord se demander, où, quand et comment évaluer et valider.Définir des niveaux d’exigences du cycle CM1à la 6e et de la 5eà la 3eme, sans oublier la liaison avec les secondes.Comment élaborer des tâches, des situations complexes et des projets communs d’apprentissages et d’évaluations ?Comment concevoir un outil de communication à la famille, en plus des bulletins de notes ?Voilà quelques pistes de réflexions qui me semblent incontournables

Bien à vousFrancis

Francis Blanquart Enseignant de technologie, le 25 Février 2014 à 10:32

Bonjour Francis,

Vous  proposez quelques pistes de réflexion qui sont effectivement incontournables. Voici les divers chantiers qui ont été amorcés dans notre établissement.A l’automne 2011, nous avons travaillé sur une répartition de l’évaluation et de la validation des compétences du palier trois entre les années de quatrième et de troisième. Cependant ce travail a été disciplinaire et non transdisciplinaire, sauf pour les compétences 6 et 7. Plus tard, deux conseils de quatrième ont eu lieu, avec l’accord des PP, pour tenter une validation des compétences pour une dizaine d’élèves de chaque classe. Les professeurs autour de la table ont vite fait la preuve de leur capacité à évaluer les compétences des élèves, je dirais même si celles-ci n’avaient pas forcément été observées pendant les cours.Depuis la rentrée 2012, des expériences pédagogiques impliquant l’utilisation des compétences ont continué à se développer au sein du collège impliquant les ateliers de l’Accompagnement Personnalisé de sixième . Depuis la rentrée 2013, des professeurs de mathématiques travaillent de concert sur une progression commune et une observation des compétences  dans leur enseignement pour 4 classes de quatrième. Et dans quelques semaines, les conseils de classe du deuxième trimestre des classes de troisième sont organisés de façon à prendre le temps d’une validation collégiale des compétences. La même organisation aura lieu au troisième trimestre pour les classes de quatrième pour les compétences pouvant être déjà validées.Toutes ces  démarches ont eu pour but d’informer, de communiquer, d’acculturer aux compétences. Mais nous sommes peu encore sur un changement des pratiques professionnelles collégiales hormis pour les professeurs impliqués dans les expérimentations.

Comment allons-nous organiser le changement des pratiques professionnelles ?

Nous pensons commencer ce printemps par la lecture et la mise en commun des grilles de références en groupe disciplinaire et interdisciplinaire : déterminer quand on valide, déterminer qui valide ( discipline d’apprentissage et discipline de mobilisation), comment on valide ( situation complexe ou pas). Mais d’abord, il s’agira d’expliciter ce qu’est une situation complexe et à quoi elle sert. Il s’agira d’en montrer tout l’intérêt pédagogique.  Il y a un travail important d’accompagnement, d’échanges et de débats allié à un apport de ressources diverses. Votre livre sera un outil important.

La définition des niveaux d’exigence du CM1 à la 6eme ( nouveau cycle 3), implique des rencontrer les professeurs des écoles, et que ceux-ci travaillent par compétences. Notre secteur de recrutement comprend 4 écoles primaires et tous les maîtres de CM1 – CM2 ne fonctionnent pas de la même manière. Il y a un gros travail d’information et de communication dans un premier temps et puis d’harmonisation et de projet commun dans un deuxième temps. Certains enseignants y sont favorables. L’ IEN de circonscription avec lequel nous travaillons accompagne notre démarche.

Nous nous appuyons également sur notre commission de bassin « Innovation Pédagogique » dont la prochaine réunion aura pour thème les liaisons inter cycles du primaire au lycée. Nous y invitons des enseignants et leurs chefs d’établissement qui viennent témoigner de leurs projets, apporter réflexions et outils. Cette fois-ci un projet CM2-6eme de notre établissement y sera présenté. Il va d’ailleurs être développé l’an prochain.

Une première communication a été faite auprès des représentants des parents d’élèves qui sont favorables à notre projet de « classe sans notes ». Il s’agira de développer cette communication auprès des parents des classes qui seront concernées. Au collège de Vic-Fezensac, il me semble me souvenir que les parents ont été conviés à formuler leurs attentes concernant le bulletin. Comment avez vous procédé à Loos-en-Gohelle ?

Notre collège est un laboratoire de simples expérimentations, d’entrées par les petites portes vers une certaine forme d’innovation. Ce qui importe à présent, c’est de passer d’un fonctionnement  marginal à un fonctionnement collégial et  intégré aux heures d’enseignement. C’est une aventure qui commence avec plusieurs pistes de réflexions et d’actions. Nous n’en sommes qu’au début.

 

Je me demande si ce qui fait "changer l'établissement", c'est le fait d'enseigner (ou de faire apprendre) par compétences, ou si c'est tout simplement , le fait de faire un projet ensemble, qu'il soit celui-là ou un autre. Je crois que cette idée a été explorée déjà  : les raisons des effets positifs de certaines "innovations" tiennent plus à la mobilisation des équipes qu'aux qualités intrinsèques même des innovations en question, non ?

J’ai plusieurs fois expérimenté que le fait de mener un projet à plusieurs,  de se rencontrer et d'échanger sur des objectifs communs rend le système moins « fou » et les élèves plus heureux, mieux désirant.Or, en tant qu’éternelle apprenante, c’est bien parce que l’objectif à atteindre est désirable et accessible que j’ai accepté et accepte encore de faire ce fameux effort appelé travail. Je suis encore et toujours l’élève de quelque entreprise.Enseignante j’ai trouvé profondément triste voire déprimant de travailler, seule adulte, face aux ado, mais aussi pendant les temps de préparation et de correction. Mes meilleurs souvenirs ce sont les IDD ou les projets en lien avec des voyages, des échanges épistolaires.

Et pourtant j’avais ce qu’on pourrait appeler de bonnes relations avec les élèves. Mais ce sont les adultes mes pairs, et c’est donc aussi avec eux que je désire imaginer, construire des outils d’apprentissage.Être enseignante, seule, en frontal, face aux élèves en prestation, certes, cela peut être grisant, surtout si cela se passe bien. Mais ai-je été enseignante pour être en prestation ? Ou bien pour accompagner les apprentissages ? Un peu des deux ?Je crois que le morcellement du collège où chaque enseignant est maître sans conteste dans son royaume (enfin pas toujours !),  puisque nul autre adulte ne vient faire tiers, peut être délétère et sclérose le désir car celui-ci n’est ni contraint, ni porté par la présence d’un tiers.Cela me semble une des raisons essentielles du succès des projets portés à plusieurs adultes. Les élèves aiment cela. Quand papa et maman communiquent et s’entendent sur quelques règles, les enfants, sécurisés, vont mieux.C’est une caractéristique propre au « magister » d’aimer être entouré de « discipuli ». Pourquoi pas ? Mais il faut qu’il le sache et qu’il l’assume sans en abuser. Et ce rapport maître / disciple est forcément remis en question lors de projets communs où les maîtres s’affrontent…ou baissent leurs armes… 

Dans notre cas, nous allons vivre une aventure commune mais aussi échanger, remettre en question, faire évoluer, innover dans nos pratiques. S’il y a des changements, ils viendront de ce mouvement d’ensemble indissociable, tendant vers du systémique. Ils viendront car nous nous serons autorisés le pas de côté, le tâtonnement et sans doute aussi  de belles engueulades !  Qui sait ?

Il y a une autre caractéristique à ce projet : c'est la notion de formation qu'il referme. Formation en établissement pour son personnel, formation sur l'évaluation, formation sur l'accompagnement dans la construction des compétences, accompagnement des enseignants. Une de ses ambitions, c'est bien d'optimiser les compétences professionnelles et scolaires, en incitant les adultes comme les élèves à se saisir du pouvoir d'agir, à l'échelle d'un établissement. Y en -a-t-il une autre d'ailleurs?

Cathy Marret Personnel de direction, le 12 Mars 2014 à 22:08
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