Une réaction sur la phrase de Stéphane Gort, à la page 51 du dossier : « Hier, il m’était impossible d’envisager de faire apprendre sans être expert, sans maitriser un niveau bien supérieur que ce que j’enseignais. Je pense aujourd’hui que l’on enseigne souvent mieux ce que l’on ignore... »
Une phrase qui pose la question de la dualité expert-novice dans l’apprentissage, où le novice est l’élève qui apprend de l’expert qui enseigne.
Mais ici l’expert et le « novice » sont une seule et même personne, ce qui conduit à un paradoxe : comment le novice peut-il souvent mieux enseigner que l’expert qui lui n’ignore rien ?
Est-ce le renversement d’une croyance en la nécessité d’être un expert pour enseigner et qui ne serait en fait qu’un préjugé ? Ou bien encore la révélation que l’expertise ôterait à la connaissance ce quelque chose qui la rend si savoureuse : l’ignorance qui profite à des questionnements à venir ?
Je me suis souvent fait cette remarque en repensant à mes débuts dans le métier : ce que je n’avais pas encore acquis au niveau didactique, pédagogique... a sans doute été compensé pour partie par un rapport « candide » au métier et aux élèves, une disponibilité à ce qui venait (et aussi une confiance absolue dans le fait que j’étais à ma place dans ce métier).
Il s’agit moins — me semble-t-il — des bienfaits de l’ignorance que la façon de se positionner par rapport au savoir : en surplomb ? en maitrise ? en recherche ? en appétit ?