Enseignant à l’université aussi : un métier en mutation.

Les enseignants ont de tout temps eu des apprenants avec des profils d’apprentissage hétéroclites mais les différences concernaient surtout le temps nécessaire à l’apprenant pour intégrer une leçon. Le métier d’enseignant est en cours de mutation. En effet celui-ci doit faire face à de nouveaux profils d’apprenants en situation spécifique : étudiants en situation de handicap et étudiants détenus.
Ce phénomène s’explique par un contexte juridique marqué par le vote de lois. En effet, depuis la loi 2005 sur l’égalité des droits, des chances,  la participation et la citoyenneté des personnes handicapées le paysage des universités s’est modifié. En effet, de plus en plus d’étudiants en situation spécifique s’inscrivent dans l’enseignement supérieur : étudiants pourvus de troubles d’apprentissage, étudiants avec handicap de perception, handicap physique. Ce chiffre a doublé en dix ans (de 4517 étudiants inscrits recensés en 1999 à 9291 en 2009..» L’accès à l’enseignement supérieur est aussi favorisé auprès d’autres publics en situation spécifique, i.e. les personnes incarcérées. Les conditions de détention rendent spécifique la conduite d’un tel enseignement en milieu carcéral. Les contraintes sécuritaires accroissent le phénomène d’adaptation car d’après le sociologue Gilles Chantraine, « nous avons cessé d’être une "société disciplinaire" pour entrer dans une société où les dispositifs de contrôle sont fragmentés et intégrés aux activités de la vie quotidienne. » Le bureau de l’enseignement évalue, dans son dernier rapport sur l’enseignement en prison, au nombre de 2000, les personnes qui suivent un parcours universitaire. Plus récemment, le dernier rapport de l’UNESCO qui promeut d’une part l’investigation de la recherche scientifique sur ces terrains, d’autre part le développement de l’enseignement supérieur auprès des personnes incarcérées, est corrélé à l’investissement financier opéré par la région Île-de-France en novembre 2011. En effet, la Section des Etudiants Empêchés (ou SEE) de l’Université Paris VII ainsi que d’autres universités parisiennes se sont vues allouer la somme de 40000 euros. Cet investissement concerne essentiellement l’achat de matériel didactique et la participation aux frais d’inscription dans les cursus choisis.  Dans ce cadre tributaire d’engagements politiques forts, les enseignants universitaires doivent mettre en place des pédagogies individualisées. Pour cela, certains créent de nouveaux supports de cours. Destinés aux étudiants en situation spécifique, ces supports sont éprouvés et approuvés par un plus grand nombre d’étudiants. Ainsi, une enseignante de psychologie a réalisé, à l’aide de pâte en relief une maquette du cerveau humain pour faciliter la représentation mentale d’une étudiante déficiente visuelle. L’objectif pédagogique consiste à permettre à l’étudiante d’obtenir une perception du cerveau par le toucher. Ainsi, la manipulation de l’objet a donné le sentiment à l’ensemble de la promotion de « mieux apprendre en touchant qu’en regardant des schémas ». Des enseignants de sciences du langage ont créé des Cédérom destinés à des étudiants détenus. Ainsi, les cours sont réunis sur un même support, les étudiants ont pu consulter différentes sources d’informations (vidéos, images, textes numérisés).

Le développement de nouvelles pratiques d’enseignement passe par un processus d’adaptation qui peut être effectif dans plusieurs cas mais au prix d’une charge de travail croissante et épisodiquement reconnue par l’institution.