Rebonds 3

Bonjour à toutes et tous,

Je reviens sur cet extraordinaire expérience de l'atelier d'écritures, animé par Elisabeth et Sandra.

Un grand merci tout d'abord (et à nouveau) à nos animatrices pour leur sensibilité, leur professionnalisme et la liberté qu'elles ont laissée à l'écriture créative au travers de contraintes cadrantes mais toujours souples et bienveillantes.

Merci également au groupe, dont la richesse a contribué en ce qui me concerne, à passer le cap des freins liés à un certain "autojugement"...

En ce qui concerne notre échange sur des pratiques éventuelles de relaxations préalables à l'écriture, je voulais transmettre (à Sandra notamment, puisque nous en avions discuté) mes références d'un petit livret de relaxation-minute. Ce livret : Relaxation minute, Se détendre à tout moment, est un concentré de petits exercices de relaxation écrit par Chantal De Mey-Guillard et publié chez Chronique Sociale.

Des petits exercices de relaxation à faire dans l'endroit où on se trouve, dans un temps restreint, sans nécessité d'un espace spécifique.

Ces petites relaxations durent une à deux minutes au plus ! Leur objectif est d'être plus présent dans le quotidien de votre journée, à votre travail ou à la maison. Vivre l'instant présent, en étant là pour recevoir et accepter « tout » ce qui vous arrive.Elles sont simples à exécuter, elles ont le mérite de vous faire adopter un autre point de vue sur l'habituel de vos attitudes. Elles permettent une mise à distance du quotidien sur le plan personnel ou professionnel.
 

Bonne lecture !

Textes courts : nous avons fait des haïkus (je ne développe pas) et expérimenté le poème-liste (bien pratique à l'école, même si le but premier de cet atelier n'était pas la transposition didactique).Le texte de départ est de Michel Cosem, extrait de "Au pays des braises bleues", Pluies d'étoiles éditions : 

Mon pays de terre et de fougèreMon matin qui danseMa nuit que file comme une hirondelleMon voyage bleu aux lèvres de selMon amandier en fleursMon volcan d’écumesMa colombe au goût de safranMon peuple de cristalMa ville aux herbes rudesMa montagne aux battues sanglantesMa feuille sauvageMon coquelicot patient et tenace

J’ai le grand désir de vous mettre dans un poème

La "chute" étant fournie aux écrivants, la consigne était de faire une liste de groupes nominaux avec une expansion (adjectif, subordonnée relative, GN complément de nom) désignant ce qu'ils avaient envie de mettre dans un poème.Ce texte peut être, en début d'atelier (ou en classe, d'année scolaire) une façon de faire connaissance : même si on invente, même si on ment, ce qu'on choisit dit toujours quelque chose de nous. Bien sûr, l'animateur ou l'enseignant ne se transforme pas pour autant en analyste sauvage !

Au-delà de cet exemple, il existe bien des façons de faire des poèmes-listes...

Zut, la publication n'a pas respecté la présentation du texte avec les retours à la ligne à chaque nouveau groupe nominal ! Je n'avais pas prévu cela...

Elisabeth Bussienne Enseignante, ESPE des Pays de la Loire , le 25 Août 2018 à 16:44

Le 17 août, nous avons également écrit nos textes sur le thème des fenêtres. Elisabeth et Sandra ont choisi cet exercice d'après le livre de François Bon "Tous les mots sont adultes", Fayard (cf. pièce jointe pour les références).

La consigne était pour cet exercice : "Les Fenêtres. Evoquez les fenêtres différentes qui ont compté dans votre vie, qui ont généré chez vous une grande émotion intérieure. Essayez d'évoquer au moins trois fenêtres différentes : Une fenêtre revenue de l'enfance, une fenêtre d'école, une fenêtre mobile (vitre du train, de la voiture ou du bus). Vous pouvez ensuite évoquer librement une fenêtre de votre choix."

Ce thème a été d'ailleurs choisi pour la restitution du 21 août au soir, nous y avons choisi quelques morceaux de nos écrits pour les mixer et en faire un texte collaboratif et poétique*.

Je voulais juste y ajouter une petite histoire, tirée d'un livre de Marie Faucher "Contes des sages qui s'ignorent", Seuil, 2003

Pourquoi cette petite histoire ?... Parce que je voulais faire un lien entre cette symbolique inspiratrice que sont les fenêtres et aussi un incident qui s'est produit. Les incidents (ou erreurs) ont toujours un contexte et doivent, même si parfois il faut une sanction qui marque l'importance de la responsabilisation, être ouverts (comme des fenêtres) sur la bienveillance et le positif. Exigence et bienveillance, Leitmotiv crapiste honorable, auquel je me permettrai humblement d'ajouter "recherche et contextualisation", qui passe par l'ouverture des rideaux.

Les rideaux

Un enfant bien sage assis dans la pénombre d'un salon parmi les grandes personnes bien sages, se demande, alors il demande : - "Pourquoi, en plein jour, les rideaux sont-ils tirés ainsi devant la fenêtre ?" Le maître paisible de cette maison sage lui demande ce qui l'intrigue à ce point. - "C'est que, si on veut que les gens puissent voir à l'intérieur, pourquoi des rideaux, et si on veut pas qu'ils voient, alors pourquoi des fenêtres ?"  - "Que veux-tu dire par là ?"  - "Mais que si, comme vous me l'apprenez, il faut aimer son prochain, alors il faut qu'il puisse regarder à l'intérieur, et alors il faut ouvrir les rideaux."

* Je vous dépose ici également notre composition collective sur ce thème des fenêtre, texte présenté et lu par notre groupe lors de la restitution du 21/08 :

"Quand j'étouffe vraiment, alors je ferme les yeux, je prends une grande inspiration et j'ouvre mes fenêtres..." "Elles dessinent un quadrillage sur le paysage, découpent le ciel en morceaux de puzzle, scandent la pelouse usée par les vents, dévoilent un bout du petit chemin, du lotus de béton qui a fleuri un jour dans ce désert. Elles construisent notre monde bien plus que les murs gris qui les soutiennent." "De temps en temps, un éclat de voix parvient jusqu'à nos fenêtres. Anti-suicide donc inouvrables." "J'aime regarder les fils des poteaux électriques qui défilent à ma fenêtre, comme si je touchais du doigt l'infini." Cette lune qui nous suivait me rassurait. Les arbres et les pylônes avaient beau vouloir la capturer, ils passaient beaucoup trop vite , et mon astre gagnait toujours à ce jeu de quilles." "Dans une classe d'école normale, deux élèves sont présents avec un professeur." "Dans cet exercice de voltige imaginaire, j'aime à croire que ce sont les cancres qui y excellent le plus, du moins je l'espère." "Il me répondit qu'étant donné qu'il n'avait pas de solutions toutes faites pour répondre à nos questions, il avait compris qu'il devait nous apprendre à être des praticiens réflexifs." "Je m'assieds à l'arrière avec le petit. Je suis muette, le front contre le froid de la vitre, je préfère regarder le flou du bord de la route." "Alors qu'un sifflement retentit, le noir survint : un tunnel !" "Tout à coup, le reflet d'un autre monde : celui d'un visage." "J'y ai vécu des attaques extraterrestres, des fuites vers un monde plus calme, des chants d'oiseaux, du vide." "De la fenêtre de ma petite chambre, vision d'ensemble sur ma grand-mère qui tue très habilement le lapin choyé." "Fenêtre sur mon coeur. J'ai appris bien plus tard qu'on ne devrait jamais rester longtemps seul avec ses larmes." "Une ombre s'approche d'une fenêtre et regarde la ville dans une sorte de mise en abîme infinie et libératoire." "Un jour c'est moi qui habiterai l'une de ces fenêtres et j'y écrirai ma propre histoire, me promettais-je." J'attends. Je crois que j'ai toujours attendu , du plus loin que je me souvienne, le front contre le froid de la vitre." "Pourtant, ces fenêtres se referment, souvent closes par des volets de paupières."

Valérie Desaint Carnec Ecrivain public D.E. et formatrice à Lorient, le 27 Août 2018 à 19:43 atelier_decriture_participant-es.jpg
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