Prendre des initiatives, engager un processus de décision, animer une équipe, mettre en place une innovation, etc. Est-ce le domaine réservé du directeur d’école, de l’IEN, du chef d’établissement ? Au bout du compte, l’augmentation du pouvoir dans un établissement autonome, c’est celle du chef ou celle des personnels ?

Rebonds 7

Un ancien recteur nous dit ce qu'il en pense. 

http://www.xn--questionstabouessurnotresystmeducatif-zid5b.com/2017/11/f...

Première réflexion : décidément, les recteurs ont beaucoup de propositions à faire, une fois qu'ils ne sont plus en fonction. Ce qui en dit long sur le système hiérarchique actuel.

Un nouvel article sur l'auto-évaluation de l'établissement scolaire en Ecosse : 

https://www.innoedulab.com/single-post/2018/01/09/Lauto-%C3%A9valuation-...

" Le pouvoir au terrain" écrit cet ancien recteur : mais qui est le terrain ? Les parents? Les enseignants? Les élèves? Les chefs d'établissement ? Un collectif ?

Le pouvoir du chef de recruter les enseignants et de les évaluer , comme l'évoque le ministre de l'Education nationale? Les enseignants en veulent-ils de ce pouvoir ? Et les chefs savent-il recruter et évaluer un personnel ?

Quel rôle auraient les instances de l'établissement dans la définition des besoins de personnels à recruter ? L'évaluation du personnel : évaluation strictement individuelle ou dans le cadre d'une mission pour une d'équipe ?

Le terrain est dangereux et les questions donnent le vertige.

Michèle Amiel

 

 

Et le ministère, qu'est-ce qu'il en dit de l'autonomie de l'établissement ? Pas grand chose, si ce n'est 8 lignes sur l'évaluation de l'établissement: et qu'est-ce qui apparait d'abord, bien valorisé en tête de phrase ? Non pas l'établissement et son auto-évaluation  mais  une équipe rectorale : allez, le jacobinime n'est pas mort et l'autonomie de l'établissement peut encore attendre .

"Pour l’école de la confianceRelancer et développer l’évaluation des établissementsL’objectif est de privilégier une approche collective avec des évaluations triennales.Une équipe rectorale, composée notamment de chefs d’établissement et d’inspecteurs,établira un diagnostic de l’établissement (organisation pédagogique, vie scolaire, résultatsdes élèves, qualité des infrastructures, etc.) en cohérence avec son projet et en s’appuyanten premier lieu sur l’auto évaluation réalisée par les équipes pédagogiques.Un contrat et un accompagnement entre l’établissement et l’académie seront établis sur labase de ce diagnostic." MEN , dossier de presse rentrée 2017-2018

Comparons avec la démarche des établissements écossais présenté dans l'article de Gwenael Le Guével .

 

 

Quelques réflexions de "terrain" à la lecture du dossier des Cahiers (dossier du N° et en ligne)....

Réflexions de terrain...

Merci d'avoir pris ce temps. Je viens de finir le livre de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle sur l'entraide dans lequel on lit: "Il faut le reconnaître: les petits collectifs qui se créent sont souvent maladroits; ils expérimentent, bricolent, tâtonnent. Comme l'analyse David Vercauteren dans son livre Micropolitique des groupes,  lorsqu'il s'agit de mettre en place un collectif on a paradoxalement l'habitude de faire confiance à notre intuition, au "naturel", alors que tout cela demande au contraire une connaissance fine des mécanismes qui sont en jeu. Il est donc nécessaire de mieux apprivoiser les conditions (et les ingrédients) qui permettent à l'entraide d'apparaître, et plus précisément d'arriver à dompter ces moments de basculement ou de "grâce" qui donne vie au collectif." 

Les trois ingrédients de la cohésion d'un groupe d'êtres vivants : "le sentiment de sécurité, le sentiment d'égalité et le sentiment de confiance". S'il en manque un, les membres de ce groupe vont arrêter de coopérer petit à petit et la contagion peut aller très vite. Un peu plus loin, on trouve une définition du collectif pensé comme un super-organisme : "Au fond, nous pourrions dire que les trois ingrédients à l'origine de l'esprit de groupe (sécurité, égalité et confiance) oeuvrent à réduire les ego de chacun, à les faire lâcher, à en guérir. Faire émerger un superorganisme revient à provoquer un "lâcher -prise" radical et généralisé de tous les ego d'un groupe et à les rassurer quant au fait qu'ils ont tout à gagner à s'ouvrir, c'est à dire à se laisser transformer par les autres. Alors, et alors seulement, la réunion des individus présents peut donner plus que la somme de leurs ego, si remarquables soient-ils. C'est la force du superorganisme. Cela dit, cette "fusion" n'est pas forcément le destin ni l'objectif de chaque groupe. Elle est juste un outil dont le groupe peut se servir. Pour être plus précis, nous pensons que, chez les humains, quelle que soit la cohésion d'un groupe, l'individu devrait toujours rester autonome et responsable".

Gwenael LE GUEVEL Prof. des écoles en SEGPA, le 28 Février 2018 à 15:39

Je ne connaissais pas cet ouvrage: je vais m'y plonger. Je trouve l'analyse juste...

Je constate aussi que de l'idée d'"autonomie" des établissements, ou des équipes, on en vient toujours à l'idée du collectif.  J'ai l'impression que la tendance est tout de même un peu à réinventer l'eau chaude... A la question de départ: autonomie du chef ou des équipes, évidemment, je réponds : autonomie du collectif.  Un chef tout seul peut être autonome: un genre de dictateur !?... Un groupe autonome l'est en fonction des marges qu'il a, et alors il aura besoin d'un accompagnement structurel, systémique, donc du chef...pour pérenniser, [s']évaluer, progresser...

Il y a une quelques années, je réfléchissais sur mon travail de Personnel de Direction et j'avais écrit le sommaire d'un recueil de textes qui se serait appelé: " Formalisation, mutualisation, régulation entre pairs." Aujourd'hui, on semble découvrir que, selon le proverbe africain: "seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin". C'est un peu agaçant, "dans la vraie vie" , "sur le terrain" de voir qu'on réclame du collectif et qu'en fait, on ne le met pas en place, ou peu, ou lentement. J'ai assisté cette année dans mon académie à beaucoup de "moments" institutionnels où on cherchait à créer de la réflexion collective. C'était plus ou moins réussi... et je crois que le point d'achoppement est le TEMPS. On court après des idées, des initiatives, toutes intéressantes, mais qu'on ne prend pas le TEMPS d'évaluer, de voir vivre, de chouchouter. On passe d'une formation à une autre, d'une réunion à l'autre, et les bonnes idées restent en l'état... Dans le dossier des Cahiers, dans toutes les expériences, on peut lire l'importance de ce temps passé à col-laborer.

 

 

 

Fabienne Requier Principale, le 1 Mars 2018 à 15:07

Enregistrements audios de la rencontre : 

"L’autonomie de l’établissement : mirage ou miracle ? L’autonomie des établissements et le pouvoir d’agir des acteurs"Le mercredi 28 mars de 14h à 17h au lycée d’Alembert, 22 sente des Dorées, Paris XIXe - Métro porte de Pantin.

(enlever le ".pdf" du nom du fichier pour obtenir les fichiers sons "zippés").

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